Billy Elliot : le grand écart punk entre révolte politique et conte Disney

Geoffrey Fouillet | 8 avril 2024
Geoffrey Fouillet | 8 avril 2024

De la boxe au ballet, il n'y a parfois qu'un pas chassé, comme en témoigne Billy Elliot, le film réalisé par Stephen Daldry qui révéla Jamie Bell.

Quand la musique est bonne, le cinéma britannique ne se fait jamais prier pour nous enchanter, et à la veille des années 2000, il abat coup sur coup deux cartes maîtresses, à savoir Les Virtuoses et The Full Monty, chacun multi-récompensé. Et comme l'adage le dit si bien : "jamais deux sans trois". C'est ainsi que Billy Elliot, premier film réalisé par Stephen Daldry, leur emboîte le pas, raflant les prix dont quatre Bafta (les Oscars anglais) et propulsant le jeune Jamie Bell sous les feux des projecteurs.

Hasard du calendrier, le film est présenté au Festival de Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs, la même année que Dancer in the dark de Lars Von Trier, sélectionné en Compétition officielle. Malgré leurs similitudes sur le papier, Billy Elliot aborde son sujet sur un mode à la fois enjoué et chaleureux, donc à l'opposé des élans turbo-dépressifs du cinéaste danois. Et entre nous, si comparaison il y a, elle est plutôt à faire avec les classiques d'animation Disney.

 

Billy Elliot : photo, Jamie BellSortez les justaucorps

 

FRED ASTAIRE, ME VOILÀ !

Dès le générique d'ouverture, Billy apparaît à l'écran en train de voltiger dans sa chambre au rythme du morceau Cosmic Dancer du groupe T. Rex. Non seulement on salue d'emblée le goût sûr du réalisateur en matière de musique (et la suite du film le confirmera plus d'une fois), mais aussi le choix du titre dont les paroles renvoient évidemment à la situation de son jeune protagoniste : "Je dansais à 12 ans. Je dansais dans la rue. Je suis sorti du ventre de ma mère en dansant (...)". Difficile de faire plus explicite en l'état, et voir Billy s'élancer ainsi dans les airs traduit déjà chez lui le désir de voler de ses propres ailes.

Cette entrée en matière va alors structurer tout le long-métrage, partagé entre la chronique sociale qui ramène sans cesse le héros les pieds sur terre, et le conte qui le porte au contraire toujours plus haut. D'un côté, Billy évolue au sein d'une petite ville d'Angleterre où l'activité minière est la seule manne financière des habitants. De l'autre, il rêve de s'élever au-dessus de sa condition et choisit de suivre les cours de ballet de Mrs. Wilkinson (Julie Walters) plutôt que ceux de son club de boxe. Une attitude rebelle et même un peu punk qu'il revendique de plus en plus fièrement tout au long du film.

 

Billy Elliot : photo, Jamie BellUne bouille d'ange, mais un tempérament endiablé

 

Entre un jeté de jambe qui l'aide à défoncer une porte ou un enchaînement de claquettes qui l'amène à marteler le sol, Billy cherche ni plus ni moins à reprendre physiquement l'ascendant sur son environnement. Chaque intermède musical devient ainsi l'occasion pour le jeune garçon de s'affranchir du carcan social et familial auquel il semble voué, à l'instar de certains héros ou héroïnes phares des productions Disney (Aladdin ou Mulan en sont des exemples emblématiques, le premier agissant comme un vaurien pour survivre à la misère, et la seconde adoptant une conduite masculine et guerrière afin de tenir tête aux hommes).

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commentaires
villago
10/04/2024 à 10:07

l' Envol final, visuel et musical ......!!!

Hasgarn
08/04/2024 à 18:29

Ce film est une merveille.

Voilà… ^^'

Eomerkor
08/04/2024 à 15:45

Les méfaits de l'Angleterre de Thatcher à travers des films légers à la fin des années 90 et au début des annnées 2000. Billy Elliot a par rapport aux Virtuoses et à Full Monty l'intérêt d'aller plus loin et de rester une oeuvre hors époque. Et il reste bien plus facile d'accès que la très bonne Red Riding Trilogy.
Billy Elliot un film de 2000 qui parlait de social et qui abordait de façon très subtile et intelligente la différence. Différence du gamin qui dans son milieu devrait faire de la boxe comme les garçons de son age et non de la dance comme les filles de son age. Et aussi la différence du copain qui se "déguise" en fille et se maquille. Il fut un temps où tout ces sujets ne faisaient pas l'objet de check list artificielles et de case à cocher pour avoir une meilleur note auprès des fonds de pensions et bien se faire voir de certains militants. Quand au discours sur la lutte sociale il a disparu pour de bon. Peut-être que ce n'est plus le sujet aujourd'hui comme ce fut le cas pour les générations précédentes. Au moins les plus jeunes n'auront pas connue cette horrible femme obtue et schizophrène se dénommant Margaret Thatcher. Pas sur qu'ils y voient toutes les subtilités et les messages de ce très beau film.

andarioch1
22/06/2023 à 12:56

Jamie Bell est un acteur passionnant et un des rares qui me pousse à regarder un film quelque soit le sujet.
Pas le succès qu'il mérite