À la merveille : oubliez Batman, voici la plus belle dépression de Ben Affleck

Marvin Montes | 15 juin 2023
Marvin Montes | 15 juin 2023

Après la palme d'or obtenue en 2011 au Festival de Cannes avec The Tree of LifeTerrence Malick renouvelle dès l'année suivante ses efforts métaphysiques abstraits dans À la merveille, prolongement immédiat du métrage précédent et marqueur majeur de la seconde partie d'une carrière aussi décriée que passionnante.

En 2011, le public du Festival de Cannes a le privilège de découvrir – dans le cadre de la compétition officielle – le nouveau long-métrage de Terrence Malick, six ans après Le Nouveau Monde. Aussi rare qu'attendu, l'énigmatique cinéaste américain agace autant qu'il émerveille, et offre à chacune de ses fugaces apparitions son lot de contradictions critiques. The Tree of Life n'échappe pas à la règle et récolte autant d'hostilité que de louanges (et en prime, une palme d'or assez contestée).

Il faut dire que la récompense accordée à une production si insaisissable est audacieuse. Après des débuts poétiques, mais relativement accrocheurs, un hiatus de vingt ans – record à battre – et un film de guerre (La Ligne Rouge) plus affairé à disséquer le voyage intérieur que celui au travers de la jungle du Pacifique, le cinéaste ouvrait avec Le Nouveau Monde l'arc fondamentalement expérimental de son parcours, dont The Tree of Life s'avère être le pinacle artistique. 

Abstrait, touchant, passionnant, intime, imposant ou même soporifique pour certains : les qualificatifs pouvant s'appliquer au cinquième film de Malick ne manquent pas, mais toujours est-il que The Tree of Life reste un voyage sans filet dont on ne se remet pas facilement, qui emporte autant qu'il rebute sans jamais laisser d'espace à la neutralité. Difficile alors de prédire le prochain mouvement du cinéaste le plus imprévisible de sa génération : retour vers le lyrisme contrôlé des Moissons du Ciel ou ascension immédiate vers de nouveaux sommets de mysticisme ? Manifestement, personne n'avait envie de redescendre.

 

À la merveille : photo, Ben Affleck, Olga KurylenkoDans la réalité, personne ne fait ça.

 

Merveille prolongée

Neil et Marina se rencontrent au cours d'un séjour en France. De Paris au Mont-Saint-Michel, tous deux filent immédiatement le parfait amour, au point où Marina – accompagnée de sa fille Tatiana – décide de repartir avec Neil dans l'Oklahoma. Sur place, leur histoire se délite, perdue entre passion dévorante, questionnements spirituels et suspicion d'infidélité. Marina ne se sent pas chez elle, Neil est absent et finit par renouer avec un amour d'adolescence qu'il finira aussi par abandonner. Comme The Tree of LifeÀ la Merveille trouve son point d'ancrage dans l'intimité, cette fois au coeur d'une romance spontanée comme il en existe des milliers.

Mais là ou l'histoire (un bien grand mot) du film précédent se déployait en de multiples strates abstraites pour finalement se placer au sein même de l'infiniment grand, celle de son successeur emprunte le cheminement inverse pour atteindre le même objectif : passer du quotidien au monumental. Le lien entre les deux métrages est évident, À la Merveille ayant achevé son tournage avant même la sortie de The Tree of Life.

 

Photo Ben Affleck, Olga KurylenkoÇa ne va malheureusement pas durer.

 

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Ray Peterson
15/06/2023 à 21:43

Je rejoins Fox. The New World est vraiment proche voir jumeau (surtout la VL) de The Thin Red Line. L'expérimentation vient de The Tree Of Life qui est un film de transition entre la période "classique" de Malick er sa trilogie expérimentale avec To The Wonder / Knight of Cups / Song To Song. Il a l'air de revenir d'ailleurs a une forme de nouveau plus classique dans sa narration avec A Hidden Life. En attendant son film sur Jesus...
Cependant il ne faut tout de même pas oublier que ses précédents films disposent de procédés narratifs extrêmement déroutants pour l'époque comme les ellipses et autre brusques sauts de temps dans Days of Heaven ou inserts poétiques de la Ligne Rouge qui se détournent de la trame principale de l'unité de Witt. Bref, un réal passionnant pour ma part.

Bilbo
15/06/2023 à 16:19

Me suis rarement autant emmerdé au ciné que devant "The tree of Life" ! Un machin sans queue ni tête...Je suis sûr que Malick ne savait même pas ce qu'il voulait raconter !

Fox
15/06/2023 à 14:49

"le cinéaste ouvrait avec Le Nouveau Monde l'arc fondamentalement expérimental de son parcours, dont The Tree of Life s'avère être le pinacle artistique."

Difficile de déterminer à partir de quel moment Malick a amorcé sa phase plus "expérimentale", mais de mon point de vue, je dirais plutôt qu'elle débute justement avec Tree of Life et se clôt avec Song to Song.
Le Nouveau Monde est plus proche selon moi de la narration de La Ligne Rouge que de Tree of Life.

la figue
15/06/2023 à 14:30

n'y a-t-il pas dans cette critique un amalgame entre les noms des films "le nouveau monde", "the tree of Life", "à la merveille"?