Balto : quand Spielberg voulait faire bouffer la neige à Disney

Ange Beuque | 5 janvier 2023
Ange Beuque | 5 janvier 2023

Il n'y a pas que Disney dans la vie. C'est du moins ce qu'a dû se dire Steven Spielberg en se positionnant sur le créneau des films d'animation, coiffé de sa casquette de producteur. S'il est parvenu à concurrencer durablement le maître avec Dreamworks, il avait déjà tenté sa chance avec Amblimation. Vous l'avez oublié ? C'est normal : le troisième long-métrage du studio, Balto chien-loup, héros des neiges, est également son dernier et représente parfaitement ses promesses et ses limites.

Dur de se frayer une place dans le domaine de l'animation au mitan des années 90 : Disney surfe sur son second âge d'or et dévore tout avec Le roi lion. Ghibli enchaîne les pépites (Porco Rosso, Pompoko) sans pouvoir prétendre à la même force de frappe globalisée, et ce n'est pas la coproduction franco-allemande Astérix et les Indiens qui peut rivaliser. Tandis que l'excellent Ghost in the Shell s'adresse aux adultes et que l'hybride Space Jam de Warner Bros est encore en cuisine, Steven Spielberg cherche la formule gagnante.

Ce n'est pas la première fois que le papa d'E.T et Jurassic Park tente de tailler les oreilles de la souris en pointe. Quoi de plus logique pour le maître de l'enchantement que de s'intéresser à l'animation, si propice à toucher les plus jeunes ? Dès 1986, il coproduit Fievel et le Nouveau Monde, le chef-d’œuvre de Don Bluth. Il soutient également son Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles aux côtés de George Lucas, puis décide en 1989 d’affecter une filiale de sa société de production Amblin à ce segment prometteur : Amblimation est (mort)-né.

 

Balto chien-loup, héros des neiges : photoC'est l'histoiiiiiire d'Amblimation

 

L'air du vent glacial de l'Alaska

Après quelques années d'existence, Amblimation est loin d’être en orbite. Ses séries télévisées (dont une extension de Retour vers le futur) ne suffisent pas à l'imposer, et son deuxième long-métrage Les Quatre Dinosaures et le Cirque magique rencontre un échec public et critique. Il faut frapper plus fort pour ancrer le studio dans l'imaginaire collectif. Les scénaristes s'emparent de l'histoire d’un chien qui contribua à acheminer des médicaments pour lutter contre la diphtérie en Alaska à l'hiver 1925.

Balto déroule un récit plutôt classique d'outsider qui devra se dépasser pour surmonter la défiance de ses pairs et les calomnies visant à le discréditer, afin de prouver sa valeur à force d'empathie et de courage. Son périple pour rapporter le sérum constitue le point d'orgue évident du film, dont l'incontournable moment "sorrow and despair" est parfaitement articulé. Du grizzly particulièrement terrifiant au bombardement de stalactites en passant par l'avalanche, le précipice ou l'inévitable scène sur la glace, aucun obstacle n'est épargné.

 

Balto chien-loup, héros des neiges : photoQuand ton Balto va prendre l'eau

 

La caractérisation des personnages se révèle aussi sommaire qu'efficace : les alliés sont fidèles et résilients et l'antagoniste vraiment méchant. La preuve, il arbore un pelage noir. Les side-kicks comiques sont si nombreux à introduire que l'aventure tarde un brin à déclarer ses enjeux : chaque protagoniste majeur a les siens, qu'il s'agisse de sbires moyennement futés ou d'une amie canine azimutée. L’oie Boris, dotée en version française d'un accent russe délicieux, sort du lot par son humour et son alchimie avec le chien-loup.

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commentaires
Marty
06/01/2023 à 06:09

Excellent Balto . VHS poncée aussi pour moi . A Noter la superbe BO de feu James Horner ..

alulu
05/01/2023 à 17:30

T'as pas un clope?

Marvelleux
05/01/2023 à 15:06

Découvert récemment. Très bon film ! Je recommande

Pseudo1
05/01/2023 à 14:54

Film culte !!
Poncé la VHS étant gosse, et je le revois encore régulièrement avec plaisir. Il ne vieillit pas d'un poil de chien-loup.
Les deux personnages principaux sont un peu trop lisses à mon goût, mais ça passe (la VF de Kevin Bacon aide beaucoup), mais les seconds couteaux sont un régal sans exception.
Le personnage de l'oie Boris avec l'accent russe est génial ! Et le méchant est particulièrement méchant en effet (en prime, doublé par Gérard Rinaldi, la voix de Ratigan dans Basil Detective Privé, un bonheur pour les oreilles)