Twilight 3, 4 et 5 : pourquoi c'est une conclusion désastreuse

La Rédaction | 29 décembre 2022 - MAJ : 29/12/2022 18:35
La Rédaction | 29 décembre 2022 - MAJ : 29/12/2022 18:35

Tirer sur la vache à lait est monnaie courante à Hollywood, et Twilight n'a certainement pas fait exception à la règle.

Avertissement : la rédaction d'Ecran Large se désolidarise des personnes qui ont imposé écrit cet article.

Twilight c’est nul”, “film pour midinette”, “romance pour ados débiles”, vous avez sûrement déjà entendu ces critiques qui, pour la plupart, sortent de la bouche de personnes n’ayant jamais regardé un film de la saga Twilight et c’est bien dommage. En 2008, le film de Catherine Hardwicke, Twilight, chapitre 1 : Fascination, a créé un véritable phénomène. Le film fantastique, adapté du premier roman de la série littéraire de Stephenie Meyer, n’a été que le premier jalon de ce qu’on a appelé la Twilight-mania. Après les 400 millions de dollars rapportés par le premier film, une suite était inévitable.

 

Twilight, chapitre 1 : Fascination : photo, Robert Pattinson"Alors comme ça t'as dit du mal d'Edward ?"

 

Twilight 2, certainement le meilleur volet de la saga, a réussi là où de nombreuses suites échouent en conservant l’essence du premier film (une romance adolescente au sein d’un univers fantastique) tout en gommant ses défauts premiers. Moins expérimental et fleur bleue, plus profond dans les sujets qu’il aborde, Twilight 2 a séduit son public et a récolté plus de 700 millions de dollars dans le monde à sa sortie en 2009. Après deux premiers films solides, tout est parti en vrille avec Twilight - chapitre 3 : Hésitation.

Adieu la mélancolie, le regard sur l’adolescence et la revisite de Roméo et Juliette... le troisième film se trompe sur toute la ligne. Blockbuster sans identité visuelle qui ne raconte rien, le film de David Slade (30 Jours de nuit) emporte la saga dans une direction bien différente des premiers films. Ce changement de paradigme se confirme avec les deux derniers volets Twilight, chapitre IV : Révélation, 1re partie et Twilight, Chapitre V : Révélation - 2e Partie. La saga Twilight aurait dû s’arrêter bien avant ces trois désastres consécutifs qui auraient pu être condensés en un seul film pour éviter la casse, ou même ne jamais voir le jour.

 

Twilight - chapitre 4 : Révélation (1ère partie) : photo, Taylor Lautner, Mackenzie FoyUne certaine idée de l'enfer

 

money money money

Le premier Twilight, formidable petit sommet de cringe signé Catherine Hardwicke, est parvenu à brasser plusieurs centaines de millions de dollars de recettes malgré son casting méconnu, son budget très modeste et la direction artistique singulière de sa réalisatrice. Une jolie réussite à la rentabilité mondiale avoisinant les 1500% qui a bien entendu garanti à son successeur un financement légèrement plus confortable.

Twilight 2 (Tentation pour les intimes) a donc pu profiter d'un budget environnant les 50 millions de dollars, ce qui n'a rien de mirobolant, mais permettra à l'équipe de tournage de se payer un petit voyage en Italie pour la fameuse scène finale. Phénomène naissant oblige, le film a engrangé la jolie somme de 709,8 millions de dollars en salles autour du globe (soit, 909 millions en comptant les ventes et locations de supports physiques). Malgré ces performances très respectables au box-office, Twilight 3 ne jouira pas d'un investissement faramineux non plus, et se verra ainsi allouer un budget correct de 68 millions de dollars. 

 

Twilight - chapitre 2 : Tentation : photo, Kristen StewartQuand tu apprends que ce ne sera pas une trilogie

 

À l'issue de ce troisième film toutefois – lequel a récolté pas moins de 698,4 millions de jolis billets verts – le succès commercial de la franchise est avéré pour de bon. Les producteurs décident alors de lâcher la bride et se plongent généreusement les mains dans les poches : Twilight 4 et 5 coûteront ainsi les bagatelles de 127 millions de dollars pour le premier, et 120 millions pour le second. 

Les ambitions modestes et les partis pris artistiques du premier film ont donc progressivement laissé place à une monstrueuse sangsue commerciale au rythme de production infernal. En effet, quoi de plus commode en vue d'appâter le Saint Dollar que de pondre un film dépourvu de la moindre substance par an ?

 

Twilight - chapitre 3 : Hésitation : photo, Taylor LautnerIl ne se passe tellement plus rien que Jacob répare la même moto pendant quatre films

 

Brusquement relégués au rang d'argument bankable bête et méchant, les acteurs se désinvestissent peu à peu de la franchise, et ne cherchent aucunement à masquer leur mépris dès qu'une occasion leur est présentée. Aussi, et malgré les tournages précipités des films, Kristen Stewart et Robert Pattinson (lequel est si mentalement déconnecté de la saga qu'il en oublie régulièrement de travestir son accent britannique) s'investissent tous deux dans une pléthore de projets parallèles pour se changer les idées.

Et comme si cela ne représentait pas assez clairement l'irrémédiable avilissement de la saga, la scission du dernier roman en vue d'aboutir à deux films distincts (on remercie bien fort Harry Potter d'avoir impulsé cette idée lucrative) tout en essayant d'y imposer une mauvaise recette blockbuster-esque ne pouvait qu'achever d'enterrer le phénomène.

 

Twilight - chapitre 5 : Révélation (2ème partie) : photo, Kristen StewartDeux acteurs VS la franchise qui a presque eu raison de leurs carrières

 

À cela s'ajoute le manque évident de cohérence visuelle d'un film à l'autre. Celui d'Hardwicke aurait dû définir la direction artistique de toute la franchise, et pourtant tout est parti en cacahuètes. La faute, de nouveau, à l'enchaînement expéditif des tournages, puisqu'en vue de tenir la (dé)cadence, un changement de réalisateur s'impose à chaque nouvel opus (seul le cinéaste Bill Condon a eu le loisir de signer deux volets différents, mais cela est uniquement dû au tournage simultané de Twilight 4 et 5).

 

Twilight - chapitre 4 : Révélation (1ère partie) : photo, Robert Pattinson, Kristen StewartLa franchise en 2012 


CHAPITRES 3, 4 ET 5 : DÉSOLATION 

Oui, nous défendons les deux premiers volets de la saga avec ferveur, mais il faut se rendre à l’évidence. Après un premier film certes un peu ridicule sur certains points, mais qui a su raconter quelque chose sur l’adolescence et amener son sujet avec une identité visuelle marquée, puis un second volet qui a réussi à approfondir son propos sans trahir l’essence du premier, le troisième opus a été une déception immense et le revoir aujourd’hui est presque insoutenable.

Pour faire simple, Twilight 3 tombe dans tous les travers évités par les deux premiers. Après avoir introduit un deuxième personnage masculin avec Jacob, qui prend une place importante dans Twilight 2, le troisième film n’échappe pas au fameux triangle amoureux qui vient parasiter toute l’histoire. Si cette intrigue amoureuse est également au centre du troisième tome de la saga Twilight de Stephenie Meyer, des libertés auraient pu et auraient dû être prises par rapport à l'œuvre originale pour ne pas tomber dans le mélodrame de bas étage.

 

Twilight - chapitre 3 : Hésitation : photoTriangle of Sadness


En plus du triangle amoureux, on a droit à une méchante pas très effrayante, la Victoria que le deuxième volet avait habilement écartée, et un affrontement final soporifique. Une menace, une préparation à la guerre, une bataille finale, tous les ingrédients du blockbuster générique semblent être présents pour former un cocktail parfaitement anecdotique. Finalement, le troisième opus ne semble servir qu’à annoncer la véritable menace des deux derniers films, les Volturi, ces vampires ancestraux qui ont une dent contre les Cullen et Bella.

Mais ce n’est pas parce que Twilight 4 et Twilight 5 bénéficient d’une vraie menace qu’ils ont quelque chose à raconter pour autant. Après un chapitre 4 qui se concentre sur un mariage, une lune de miel et une grossesse, le dernier opus de la saga multiplie les détours scénaristiques au lieu de se focaliser sur la nouvelle vie de vampire de Bella après sa transformation qu’on attend quand même depuis le premier film.

 

Twilight - chapitre 5 : Révélation (2ème partie) : photo, Kristen StewartTout ça pour ça ?

 

Au fil des chapitres, les personnages principaux sont privés de tout intérêt narratif et s’effacent pour permettre à la franchise de briller par son manque d’originalité. Edward, le vampire vieux de 109 ans coincé dans le corps d’un ado, est d’un ennui total et Bella, l’ado maladroite à qui Twilight 2 avait accordé un peu de caractère, est d’une platitude affolante. Malgré leurs caractéristiques intéressantes, les deux personnages principaux sont passés sous le rouleau compresseur d’une franchise à succès et sont ressortis sans personnalité.

Le troisième film nous offre des flashbacks plus intéressants que l’intrigue principale avec les histoires de Jasper, major de l’Armée des États confédérés et de Rosalie, violée par son fiancé et ses amis puis laissée pour morte. En plus des flashbacks sur les personnages de la famille Cullen, on a aussi droit à l’introduction d’une ribambelle de nouveaux arrivants dans les deux derniers films avec le clan de Denali, les Amazones, le clan des Irlandais ou encore celui des Égyptiens. Ces vampires apportent une nouvelle couche à un univers intrigant que les films ne font qu'effleurer.

 

Twilight - chapitre 5 : Révélation (2ème partie) : photoOn attend toujours le spin-off


LE lion, le loup et l'agneau 

Dans un monde idéal, les libertés scénaristiques prises par rapport aux romans auraient pu être l'occasion parfaite d'affranchir les films de ses segments narratifs bancals, mais que nenni : le scénario de Melissa Rosenberg a préféré retenir le pire de l'oeuvre originale. Si Twilight premier du nom faisait déjà état de l’idéologie mormone de l'écrivaine, les trois derniers opus s'y réfèrent avec la subtilité d'une explosion dans un film de Michael Bay. 

Certes, il est facile d'arguer que Stephenie Meyer a écrit les romans selon ses propres valeurs ; il aurait néanmoins été bienvenu de la part des films de prendre le minimum syndical de recul sur la question pour éviter de flirter dangereusement avec la propagande. Cette idée judicieuse n'ayant manifestement jamais traversé l'esprit des commanditaires de ces trois derniers volets, le quatrième film souffre par exemple d'une intrigue uniquement dédiée à un pseudo dilemme marital et une escapade brésilienne fleurant bon les relents colonialistes.

 

Twilight - chapitre 5 : Révélation (2ème partie) : photo, Kristen Stewart"J'ai envie de parler du Christ avec toi"

 

Et si cela avait déjà de quoi inspirer maints soupirs au spectateur, le discours anti-avortement issu du dernier acte de Twilight 4 lui suscitera plutôt un bel AVC. Mais qu'à cela ne tienne, il reste encore tout un film prêt à empirer les choses. Si la barre était déjà basse, il faut savoir qu'il est toujours possible de creuser un trou par-dessous, et c'est exactement ce qu'il s'est produit avec Twilight 5.

Ceux qui ont lu les romans se sont rongé les ongles jusqu'aux os, mais l'ont malgré tout vu venir à des kilomètres à la ronde. Une once de bon sens aurait pu éviter la catastrophe, mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Ainsi donc, l'imprégnation de Jacob sur Renesmée, le nourrisson (on insiste bien sur le terme nourrisson) d'Edward et Bella, a bel et bien investi le scénario de Rosenberg. Outre les émanations pédophiles que cela insuffle désastreusement à la franchise, ce choix narratif de (très) mauvais goût achève définitivement de pervertir les relations entre les personnages.

 

Twilight - chapitre 3 : Hésitation : photo, Kristen Stewart, Taylor LautnerLe fameux "nice guy"

 

La présupposée ambiguïté des liens entre Bella, Jacob et Edward a longtemps fait le sel de la saga, en dépit de son caractère improbable. En effet, il ne fait aucun doute que les sentiments de la jeune femme envers le Quileute n'ont jamais rien eu de romantique (bien que le roman original ait vaguement essayé d'en convaincre le lecteur). De fait, l'insistance de ce dernier à convaincre Bella de poursuivre une relation amoureuse à ses côtés évoque davantage le comportement d'un agresseur que d'un potentiel petit copain. 

Et cela n'inclut même pas le baiser forcé que Jacob impose à Bella dans Twilight 3, ou encore la manière dont il manipule cette dernière pour mieux la contraindre à l'embrasser de nouveau. Parce que c'est bien connu à Hollywood, le consentement, c'est optionnel. En voilà une bien belle façon de présenter aux jeunes filles (qui étaient, rappelons-le, l'audience cible de ces films) une vision très progressiste des rôles et des désirs entre hommes et femmes.

 

Twilight - chapitre 5 : Révélation (2ème partie) : photoUne petite famille très saine 


Les trois derniers films Twilight sont l’exemple parfait d’une franchise qui, à trop vouloir faire du profit, s’est complètement fourvoyée. Si l’argent ne fait pas le bonheur, il ne fait pas une bonne saga non plus. Malgré les budgets conséquents des derniers opus, ceux-ci ne bénéficient d’aucune cohérence visuelle et souffrent d’un manque évident de réécriture et de remodelage par rapport à l’œuvre originale. Ce qui fonctionne dans une saga littéraire ne survit pas forcément à l’épreuve de la transposition cinématographique et Twilight en est la preuve.

Si économiquement il était impossible de s’arrêter après Twilight 2, une trilogie aurait largement suffi pour conclure l’arc narratif d’Edward et Bella tout en respectant l’identité initiale de la franchise basée sur le spleen et l’amour adolescent. Découper le dernier roman de l’autrice en deux films n’a servi qu’à allonger encore cette saga qui aurait pu devenir bien plus qu’une série d’action grand public avec de gentils vampires, des loups et d'autres vampires pas si gentils que ça. Malgré tout, il faut tout de même se réjouir du fait que la saga n'ait pas encore eu droit à un reboot ou un prequel et ça, c'est déjà un exploit.

Cet article a été rédigé par Chloé Chahnamian et Axelle Vacher, et elles étaient très contentes de le faire.

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commentaires
Bella ciao
31/12/2022 à 20:07

Pour moi c'était de la pure daube ! Même starwars 7,8,9 et solo sont mille fois mieux

Jipay
30/12/2022 à 14:46

Ce que je retiens de cette saga, c'est l'horrible nourrisson effrayant de l'épisode 4 ou 5... Et le côté nanard des deux derniers épisodes.

Axelle Vacher - Rédaction
30/12/2022 à 14:01

@gnagna // en vérité, c’est plutôt nous qui avons bizuté le rédac chef pour écrire ces articles ;)

Fumbari
30/12/2022 à 12:07

Faut pas déterré les mort comme des des fois ils sont vivants

Lolo7
30/12/2022 à 08:46

Des critiques qui ne représente absolument pas mon ressenti des films Twilight. J'ai trouvé le premier film un peu gnangnan, une introduction avant l'action. J'ai adoré tous les autres avec le trio amoureux, le mariage, la grossesse et l'histoire racontée des loups et des vampires puis les scènes avec les Volturis. J'adore cette saga que je revois souvent avec plaisir.

rom7
29/12/2022 à 15:39

Comme quoi chacun ses gouts xD Le 1 était pas terrible . Le 2e adapte le livre le plus chiant a mes yeux donc pas super intéressant. Le 3 dénotait un peu car plus sombre mais pas mauvais. Le 4 et 5 (4e livre) n'était absolument pas nécessaire a couper en 2 sauf pour faire du fric. Mais j'ai beaucoup aimé perso ! Pour les reproches au film comme quoi Jacob s'imprégne d'un enfant oui c'est malsain même si il fera rien mais c'est dans le livre ... Du coup pas compris la critique sur le scénario de Rosenberg que j'ai trouvé très fidèle !

Metuxla
29/12/2022 à 14:43

QUOI, il y des amazones dans Twilight, alors çà je le découvre çà ne me donne pas plus envie de regarder mais j'ai étoffé ma culture personnelle et rien que pour ca merci

Chloé Chahnamian - Rédaction
29/12/2022 à 14:32

@Gnagna
Ravie d'apprendre que vous avez désormais envie de regarder Twilight, bon visionnage !

Geoffrey Crété - Rédaction
29/12/2022 à 13:34

@Y Boy

Tiens je ressors l'article Bigelow qui existe (et qui n'a pas intéressé grand monde, à notre grand désespoir)
https://www.ecranlarge.com/films/dossier/1447457-point-break-demineurs-pourquoi-kathryn-bigelow-est-la-patronne-dhollywood

@Sushi

Ce commentaire est complètement à côté de la plaque. Ouvrez les yeux et/ou lisez au moins l'intro (ou plus généralement ce qu'on écrit). Axelle et Chloé ont écrit deux articles entiers pour défendre les deux premiers Twilight.
Et si ça vous intéresse pas qu'on parle de cinéma hors actu et que vous n'aimez pas Ecran Large car on n'aime rien : c'est la vie, c'est pas grave, et un médecin vous conseillerait de nous fuir pour le bien de votre pression artérielle.

Madolic
29/12/2022 à 13:32

@Aiden R
N'a-t-on pas suffisamment parlé de 50 nuances ?
En plus, a-t-on le même recul et le même impact qu'avec Twilight ?
Il faut reconnaitre à Twilight d'avoir marqué son époque et lancer une mode.
50 nuances était une mauvaise blague depuis le début.

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