Le Mort-vivant : quand le Vietnam se transforme en zombie

Mathieu Victor-Pujebet | 10 décembre 2022
Mathieu Victor-Pujebet | 10 décembre 2022

La même année que Massacre à la tronçonneuse sort aux États-Unis un autre chef-d'oeuvre du cinéma d'horreur américain, Le Mort-vivant, réalisé par Bob Clark.

Dans les années 1970, l'élan de modernité portant le nom de Nouvel Hollywood fait souffler un vent de fraîcheur sur tous les genres et styles du cinéma américain, y compris l'épouvante et l'horreur. La Nuit des morts vivantsLa Dernière Maison sur la gaucheMassacre à la tronçonneuse... le cinéma de genre outre-Atlantique s'éloigne de l'héritage gothique et baroque du film de monstre de la Hammer pour mieux se concentrer sur une horreur plus quotidienne, qui vient des entrailles de l'Amérique plutôt que du fin fond de la Transylvanie.

C'est dans ce contexte que le réalisateur Bob Clark (Black Christmas, Porky's) et son scénariste Alan Ormsby (DerangedLa Féline version 1982), après le succès de leur première collaboration, Children Shouldn't Play with Dead Things, se lancent en 1972 dans l'écriture et la réalisation de leur deuxième film, Le Mort-vivant.

 

Le Mort-vivant / Soif de sang : photo, Richard BackusSi tu regardes longtemps dans l'abîme...

 

La Belle époque

Sauf que contrairement à leur premier long-métrage, Le Mort-vivant n'est pas du tout une comédie satirique, mais bien un pur film d'horreur. L'atmosphère terrifiante de son cadre nocturne, les violons stridents de sa bande originale inquiétante et le soldat ressuscité de son récit morbide font du film réalisé par Bob Clark un véritable conte macabre, aussi noir qu'évocateur.

Mais dans la nouvelle tradition de l'horreur des années 70, les décors déformés de l'expressionnisme des années 20 et les manoirs stylisés des classiques des années 30/40 ont laissé place à une nouvelle grammaire de l'épouvante. Champs contrechamps épurés, lumières naturelles, caméra épaule brutale et/ou machinerie sommaire : la mise en scène de Bob Clark impressionne par le dépouillement de son filmage de l'horreur (Le Mort-vivant ayant été tourné deux ans avant la sortie de Massacre à la tronçonneuse et cinq ans avant le Martin de George Roméro).

Par ailleurs, cette grammaire réaliste vient habiter un décor qui l'est tout autant, celui de la petite bourgade américaine classique des années 70. Avec ses maisons pavillonnaires, ses jardins bien taillés, son petit bar, sa clinique privée, son dîner familial et son drive-in, Le Mort-vivant photographie de façon presque documentaire les États-Unis de son époque.

 

Le Mort-vivant : photo, Richard Backus, Anya OrmsbyHome Sweet Home

 

Une volonté de réalisme qui touche également le casting même du film puisqu'il était un temps question que ce soit l'acteur Christopher Walken, encore au tout début de sa carrière en 1972, qui interprète le personnage d'Andy, le zombie, avant que Richard Backus s'empare du rôle. Cependant, le réalisateur Bob Clark a rapidement changé d'avis : "En y réfléchissant, j'ai pris conscience qu'il ne convenait pas ; il était trop intense, trop inhabituel pour interpréter quelqu'un d'ordinaire, qui devait pouvoir se fondre dans la foule sans être remarqué."

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