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Le Bon, la Brute et le Truand : Clint Eastwood dans le meilleur western spaghetti

Par Ange Beuque
1 novembre 2022
MAJ : 24 mai 2024
21 commentaires
Photo Clint Eastwood

Le monde se divise en deux catégories de films : Le Bon, la Brute et le Truand et les autres. Après le succès de Pour une poignée de dollars et de Et pour quelques dollars de plus, Sergio Leone embarque Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach à la poursuite d'une caisse de dollars et de la postérité cinématographique. Le western spaghetti est alors dans sa prime jeunesse : le déclin du western américain au début des années 1960 ouvre la voie à cette insolente relecture européenne qui en fait évoluer les codes. Indissociable du genre depuis ses origines (Pour une poignée de dollars sort en 1964), Sergio Leone n'avait pas pour projet de tourner trois films, mais les dirigeants de United Artist trouvent les arguments financiers pour le convaincre. C'est au scénariste des deux premiers opus, Luciano Vincenzoni, que l'on doit l'idée matricielle de chasse au trésor en pleine guerre de Sécession. Eastwood et Van Cleef rempilent, Wallach complète le trio, et nos compères de clore la trilogie en 1966 par un classique instantané qui fait date dans l'histoire du western... et du cinéma.   À la recherche de la phalange perdue   Western spaghetti al dente Des percussions entêtantes, des instruments hétéroclites, des sifflements proches du yodel assurés par Alessandro Alessandroni, des coups de feu et un thème inspiré du cri de la hyène : c'est peu dire que l'entrée en matière auditive de Le bon, la brute et le truand est percutante. Combien de films peuvent se targuer d'ouvrir un univers si baroque dès les premières secondes de leur générique ? Mais combien, certes, peuvent se prévaloir de l'orchestration d'Ennio Morricone... Sergio Leone clôt sa trilogie des dollars avec une œuvre-somme, qui assemble nombre d'éléments iconiques et confère sa noble singularité au genre du western spaghetti : la motivation vénale de la chasse au trésor, les règlements de compte brutaux, un humour grinçant à l'image de la bastonnade en musique.   Le minus se rebiffe encore   Tout est affaire d'équilibre entre inconséquence grand-guignolesque et pesanteur tragique. Les visages se burinent sous l'action de la soif et les coups n'ont pas toujours l'outrance des bruitages slapstick. La noirceur prend sa part d'exécutions sommaires et de sévices cruels. C'est une forme de paradoxe pour un film à la bande originale si réputée : celui-ci brille autant par ses silences. Le premier mot est prononcé au bout de dix minutes, ménageant une tension savoureuse entre suspension et brutalité. Au calme hanté de trognes en très gros plan succède le fracas d'une vitre traversée par un corps. Doté d'un budget très confortable, Leone laisse libre cours à son perfectionnisme. Pour le détail d'un éperon, il mobilise 300 figurants et de nombreux accessoires afin de soigner son arrière-plan. Le pont qui bloque la course des héros est intégralement construit et détruit à deux reprises : l'artificier avait déclenché la première charge trop tôt...   Un gens bon fumé suspendu au garde-manger   À défau...

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Kyle Reese

Ou comment un film de 1964 peut autant résister au temps, quand tellement d’autres plus récent vont sombrer dans l’oubli. Les Leones sont toujours un plaisir renouvelé à revoir. Il avait tout compris, le drame, l’humour, le suspens, la mise en scène, la musique, les gueules singulières, le tout avec un coté ludique, et un brin de folie. Du très grand divertissement mais pas que, le Hitchcock du Western quoi !

« – Dis donc toi, tu sais que tu as la tête de quelqu’un qui vaut 2000 dollars . – Oui… Mais toi tu n’as pas la tête de celui qui les encaissera. » ^^

Faurefrc

Pourquoi spaghetti ?
Tout simplement le meilleur western ?
J’avoue avoir du mal à le départager avec l’autre chef d’œuvre de Leone « il était une fois dans l’Ouest »
Et comme le dit si bien @KyleReese il est rare de voir un film qui n’a pas pris une ride (et qui n’a pas été surpassé dans son genre) depuis près de 60 ans p’us tard

zetagundam

LE chef-d’oeuvre du western avec le trio le plus iconique du cinéma sans parler du rôle le plus emblématique de la légende Eastwood avec peut-être le personnage de Dirty Harry même si celui-ci a pris un peu de plomb dans l’aile à mesure que la qualité de ses films diminuait

Klint et ses flingues

les acteurs conservateurs sont rares,
les cineastes conservateurs le sont encore plus,
la qualite moyenne de leur filmo est tres au dessus de celle des liberaux, gauchisant etc

Victeam

Pourquoi pas le meilleur western ? Les western de Leone sont souvent les westerns préférés de ceux qui n’aiment pas le western ou qui ne le connaissent pas.