Hantise : pourquoi il faut réévaluer ce nanar de luxe

Geoffrey Fouillet | 26 juillet 2022
Geoffrey Fouillet | 26 juillet 2022

Gros moyens et gros sabots vont de pair dans Hantise. Pourtant, même en partie raté, le film sait se montrer impressionnant.

À l'origine, il y a le roman La Maison hantée de Shirley Jackson. Adapté une première fois en 1963 par Robert Wise avec La Maison du diable, ce classique de la littérature fantastique fait l'objet d'un nouveau projet d'adaptation, des années plus tard, sous la houlette de Steven Spielberg et Stephen King. Hélas, faute d'accorder leurs violons ou plutôt leurs plumes, tous deux mettent fin à leur collaboration. Tonton Spielby refile alors le bébé à Jan de Bont, parachuté à la réalisation, et se contente de le produire via sa société DreamWorks SKG.

C'est ainsi qu'Hantise voit le jour en 1999 et se fait royalement lyncher à sa sortie en salles. En matière d'épouvante, mieux vaut appliquer la règle d'or "less is more". Une leçon que Jan de Bont n'a visiblement pas retenue, adoptant la même logique d'actioner à l'oeuvre dans ses deux précédents films, Speed et Twister. Accablé d'une pluie de Razzie Awards (les Oscars du pire), le film fait plutôt un score honorable au box-office mondial, atteignant les 180 millions de dollars de recettes pour un budget de 80 millions. Une maigre compensation pour Spielberg, très déçu de la qualité globale du long-métrage.  

Pourtant, quelques irréductibles défenseurs de film émergent et s'ils lui reconnaissent des défauts évidents, la plupart préfèrent y voir un train fantôme aussi généreux que luxueux. Après tout, le cinéma se définit bien par ses origines foraines, non ? Alors, faute de mieux, pourquoi ne pas essayer d'apprécier Hantise pour ce qu'il est ?

 

Hantise : photoSéjour tout compris à "Hill House", frissons inclus sans supplément

 

DEMEURE, FAIS-MOI PEUR

Vous serez sans doute d'accord, mais les vieilles bâtisses victoriennes ont cette particularité d'induire de façon quasi primitive la possibilité du surnaturel. Véritables stars des romans gothiques ou encore des productions horrifico fantastiques de la Hammer, elles gardent toujours, quoi qu'on en pense, cet étrange pouvoir de fascination. Avec Hantise, Jan de Bont est parti de ce constat pour s'offrir le décor le plus exubérant qui soit, et à ce compte-là, le pari est tout à fait réussi.

Dès le premier plan du film, la caméra survole l'immense demeure, "Hill House", avec en fond sonore, un souffle rauque. Ce n'est que le début, mais oui, l'édifice respire, et Nell (Lili Taylor) sera la première à s'en rendre compte. Répondant à une annonce dans le journal, elle se retrouve à participer à une étude psychologique sur les troubles du sommeil. Et quel meilleur endroit qu'une maison hantée pour combattre l'insomnie ? C'est ainsi que le Dr. Marrow (Liam Neeson), à l'origine de l'annonce, l'accueille sur place, ainsi que deux autres participants, l'extravagante Theo (Catherine Zeta-Jones) et le facétieux Luke (Owen Wilson). Les présentations faites, les hostilités peuvent commencer.

 

Hantise : Photo Lili Taylor, Catherine Zeta-Jones, Liam Neeson, Luke WilsonIl manque Scooby-Doo, mais sinon le gang est au complet

 

Assumant une totale artificialité dans son dispositif, le réalisateur emploie les effets spéciaux, numériques pour l'essentiel, jusqu'à l'indigestion, s'exposant aux critiques légitimes d'une grande partie du public. Toujours est-il que la démarche présente une ambition rarement vue dans le genre. Entre ces formes qui serpentent sur les rideaux, ces statues d'enfants et d'animaux qui s'animent, ou ces vitraux qui révèlent le visage du Mal, on ne sait plus trop où donner de la tête, d'où un sentiment d'ivresse voire de sidération allant crescendo. Mais quand bien même, comment une production pareille a-t-elle pu coûter aussi cher ?

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commentaires
Solan
27/07/2022 à 10:20

La bande-annonce, placée au début de la VHS de La Momie, m'a impressionné pendant des années. Aujourd'hui encore, quel décalage entre la promesse d'horreur atmosphérique et le film complet !

Numberz
27/07/2022 à 08:17

La mort de Owen Wilson est tellement con*e que tout le reste passe crème.

Kyle Reese
26/07/2022 à 18:11

Non rien à ré évaluer. Y a juste l décor qui est bine fichu.
Le film original est tellement mieux et flippant avec une economie de moyen incroyable et un travail sur le son de dingue.

ZakmacK
26/07/2022 à 15:41

Plaisir carrément coupable :) à l'époque le film m'avait profondément affligé par sa nullité au regard des moyens mis en place. Mieux vaut revoir le film de 1963, beaucoup plus impressionnant et qui reste bien flippant, ou the haunting of Hill house, frissonnant et poétique dans sa presque totalité.

Cidjay
26/07/2022 à 15:35

En voilà un film mauvais !!! tenter de réhabiliter cet étron ?
je l'ai vu étant ado au cinoche (j'avais 15ans) et je me rappelle que c'est une des première fois où je me suis senti extrêmement floué par cette promesse de film d'épouvante.
déçu, de n'avoir ressenti aucune peur, à aucun moment, le scénario était nulicime.
Le rythme était aux abonnés absents...
ça va être dur de réhabiliter une telle catastrophe !
Je n'ai jamais vu l'original, mais je pari qu'il ne peux pas être pire, même pour un film de 1962.
5 ans après sortait LE monument du cinéma d'épouvante " The Grudge".
si vous vous lancez les 2 films à la suite, Hantise fera office de comédie parodique sur le thème des fantômes.