Jurassic World 3 : 10 preuves que c'est un total ratage

La Rédaction | 10 juin 2023 - MAJ : 12/06/2023 10:18
La Rédaction | 10 juin 2023 - MAJ : 12/06/2023 10:18

Conclusion de la nouvelle trilogie tirée de Jurassic ParkJurassic World 3 : Le Monde d'après réalisé par Colin Trevorrow, est un bouquet final sous forme de rot. Décryptage de ce ratage.

À moins de rester sur la réussite éternelle et éclatante du premier Jurassic Park, personne n'est d'accord sur la saga des dinosaures adaptée de Michael Crichton. Le Monde perdu : Jurassic Park est-il si raté ? Jurassic Park III n'est-il pas un gros plaisir irrésistible ? Le premier Jurassic World est-il si mauvais ? Jurassic World : Fallen Kingdom mérite-t-il tant de haine ?

Mais les dinosophiles vont peut-être trouver un nouveau point d'accord dans l'infâme grâce à Jurassic World 3. Réalisé par Colin Trevorrow, déjà derrière le premier Jurassic World, ce Monde d'après ramène Chris Pratt, Bryce Dallas Howard mais également Sam Neill, Laura Dern et Jeff Goldblum, pour conclure une nouvelle trilogie. L'ambition est immense, et la déception, encore plus.

Pourquoi Jurassic World 3 est-il si mauvais et honteux pour Ecran Large ? Réponse en 10 points. Attention, spoilers !

 

 

le grand mensonge

C'était la grande promesse à la fin de Jurassic World 2, et c'est le gros problème de Jurassic World 3 : un monde où les dinosaures vivent parmi les humains. Fallen Kingdom se terminait sur la libération des dinosaures par Maisie, qui préférait les lâcher dans la nature plutôt que les laisser mourir. Une décision légèrement apocalyptique qui annonçait une nouvelle ère, où les copains du crétacé allaient désormais cohabiter (et bouffer) les humains. "Si tu appuies sur ce bouton, on ne pourra pas faire marche arrière", prévenait Owen.

Sauf que si, puisque Jurassic World 3 établit que cette cohabitation n'est pas si cauchemardesque. Une paresseuse ellipse de quatre ans environ (avec un reportage TV digne d'une parodie) zappe le post-Fallen Kingdom immédiat pour établir une sorte de statu quo planétaire, où humains et dinosaures vivent ensemble. Il y a bien quelques incidents et morts malencontreuses évoquées en préambule, mais rien de bien fameux.

 

Jurassic World : Fallen Kingdom : photo Jurassic World Fallen KingdomLe teasing du vide

 

Quid du raptor au-dessus de la ville, du mosasaurus sous un surfeur, du T-Rex face à un lion dans un zoo, et des ptérodactyles à Las Vegas montrés à la fin de JW2 ? Pas grand-chose. Les villes n'ont pas été dévastées, la faune et la flore semblent en bonne santé, la vie continue. La bêtise du scénario jusqu'à créer une nouvelle menace (des sauterelles préhistoriques increvables), désignée comme l'événement ultime qui va bouleverser l'écosystème planétaire... comme si l'arrivée soudaine de carnivores et herbivores n'allait pas légèrement créer un chaos dans la chaîne alimentaire.

Jamais assumé, ce nouveau (dés)équilibre n'est finalement qu'un prétexte pour quelques images, accumulées au début et à la fin du film. C'est parfois digne de fonds d'écran, et souvent totalement sous-exploité. Colin Trevorrow est fier de filmer des dinosaures comme des chevaux, dans une vision Z de western, mais ce n'est qu'une miette d'intro qui n'aboutit à rien de plus pour les personnages et l'intrigue. Même l'arc du braconnage, pourtant au premier plan durant la première partie jusqu'à Malte, apparaît grossier dans ses bonnes idées (ce souk avec des dinos grillés, des combats de dinos, etc.).

 

Jurassic World : Le Monde d'après : Photo Chris PrattCowboys et Dinos : le spin-off de Cowboys et Envahisseurs

 

L'apocalypse n'est pas donc pour now (et vraisemblablement pour jamais), et le plus gros du film revient à la formule habituelle : un groupe confronté à des dinos, dans une sorte de parc. Colin Trevorrow avait le monde, et il l'a réduit à une vallée, trois couloirs blancs et une grotte.

C'est d'autant plus incroyable que la promo a largement nourri cet espoir avec des images, des bandes-annonces et même un (faux) prologue, lâché en juin 2021 (avec la sortie Fast & Furious 9). Cette bulle promo, bel et bien présentée à l'époque comme les cinq premières minutes du film, s'ouvrait sur un flashback à l'ère des dinosaures (et des moustiques), avant de basculer dans le présent pour montrer la chasse au T-Rex dans un drive-in. Il y avait également Battle at Big Rock, un court-métrage servant de pont entre JW2 et JW3 (dont les images du générique de fin ont été réutilisées dans l'intro du film).

Tout ça a largement permis de rêver à un film honnête, qui allait assumer la fin de Fallen Kingdom. Mais c'était sans compter sur la couardise des producteurs, et de Colin Trevorrow et sa co-scénariste Emily Carmichael.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photoVous pouvez rêver

 

zéro cinéma, zéro mise en scène    

Jurassic World premier du nom avait certainement montré le non-talent de Colin Trevorrow derrière la caméra (et derrière le scénario). Mais c'est presque du David Fincher comparé à cette bouse préhistorique de Monde d'après, fantastique démonstration d'incompétence qui donne le vertige.

C'est une tragédie qui s'étale à l'écran dès la première scène, où Trevorrow est parfaitement incapable de créer la moindre tension ou magie monstrueuse autour de l'apparition du Mosasaurus. Passons sur la connerie de voir un tel bestiau s'attaquer à une cage de crustacés : il n'y a aucun travail sur le choc des dimensions, sur la terreur ou la surprise. Même l'amusante idée du plan qui accompagne le bateau retourné par le dinosaure est interrompue par une coupe au montage. À des années-lumière de l'intro aquatique de Fallen Kingdom, où Bayona jouait avec la lumière, la suggestion et la tension, Colin Trevorrow emballe ça avec une simplicité qui frôle le je-m'en-foutisme.

Idem pour la fin du film, qui est plus proche du gag qu'autre chose (le Mosasaurus en mode Ushuaïa Nature avec une baleine, mais bien sûr). C'est une redite de la fin de JW2, sauf que c'est parfaitement dénué d'idée (comme celle d'un lion rugissant face à un T-Rex rugissant).

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photoComment peut-on rater une telle scène ?

 

Ce ne sont que des miettes dans le sandwich de ce Jurassic Caca, qui empile les scènes complètement hallucinantes de bêtise. Incapable d'organiser l'espace, d'assumer la vitesse ou la férocité (et une once d'intelligence) des dinosaures, Colin Trevorrow transforme le film en odyssée dans l'espace de la connerie totale. Une scène-hommage à Jurassic Park ? Il la rend magnifiquement plate et bête. Une course-poursuite épique entre humains et dinos ? Elle oscille entre le fade et l'absurde. Un climax censé être apocalyptique, et un décollage dangereux dans une arène de dinos ? Impossible de ressentir un frisson ou un début de tension.

Le point culminant est peut-être cette fameuse scène où tous les héros et héroïnes de la saga sont réunis, et affrontent le Giganotosaurus. C'est un festival de non-sens qui donne le tournis : alors qu'elle a environ 25 occasions de croquer quelqu'un, cette soi-disant machine à tuer fixe les humains qui reculent, se "cachent" derrière une voiture, puis commencent à courir vers le bâtiment pour se réfugier. La blague continue puisque le groupe se démène pour grimper sur une échelle, afin d'arriver en sécurité au premier niveau... qui est évidemment parfait pour devenir le buffet du Giganotosaurus, puisque totalement à l'air libre. Mais là encore, la bête reste sage, ralentie jusqu'au délire.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Sam Neill, DeWanda Wise, Chris Pratt, Jeff Goldblum"Fausse alerte, sa vision est basée sur notre activité cérébrale"

 

Même Malcolm, qui rend un vibrant (non) hommage à la scène du fumigène de Jurassic Park, en réchappe. La grande rencontre se transforme alors en cirque du vide, comme une auto-parodie sans fin. La bande se transforme finalement en Avengers du bricolage pour repousser le dino, dans une séquence qui ferait presque regretter le museau du Spinosaure dans l'avion détruit de Jurassic Park 3.

En quelques minutes douloureuses, Colin Trevorrow démontre toute l'étendue de son talent : rater des scènes qui auraient dû être des évidences, la faute à un parfait sens du non-timing. Tout va trop vite (le montage, la tension), tout est trop lent (les dinos, jamais aussi handicapés), rien ne compte jamais vraiment (un crash d'avion et ça repart). Ainsi, le monde d'après est celui du Jurassic Plat, qui déborde de dinos mais surtout de rendez-vous manqués.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photoUne autre scène "Meh"

 

le retour (gênant) du trio de jurassic park

C'était l'un des arguments principaux de la promotion : le retour de l'iconique trio. Au fil des suites et reboots, les trois compères étaient déjà revenus jouer les héros, faire coucou ou encaisser un chèque (dans Jurassic World 2, par exemple). Mais ils n'avaient jamais repartagé une aventure complète. Derrière la volonté assumée de réunir les deux générations pour le grand final (si tant soit peu que c'est un grand final), il y a surtout un argument marketing imparable. Avant Jurassic World, on rêvait de revoir des dinosaures. Avant Jurassic World 3, on rêvait de voir ces dinosaures.

Peu de trios ont été aussi attachants que celui de Jurassic Park. Les trois protagonistes se complétaient parfaitement : au nihilisme un brin ironique de Malcolm répondaient l'enthousiasme humble de Grant et la bienveillance de Sattler. Le scénario de Trevorrow, Derek Connolly et Emily Carmichael, quand bien même il accorde au trio, contre toute attente, un temps d'écran généreux, échoue lamentablement à reconvoquer cette précieuse alchimie. Et c'est dû aussi bien à l'écriture laborieuse qu'à l'implication de Jeff Goldblum, qui n'essaie même pas de se départir de son flegme habituel au profit de son personnage.

 

Jurassic World : le Monde d'après : photo, Sam NeillUn numéro d'aventurier qui tourne à vide

 

Jurassic World 3 voulait retrouver le petit groupe de héros, il ne fait qu'agiter le spectre de leur grandeur passée. Le plaisir de retrouver Sam Neill et Laura Dern ne survit pas à leur première rencontre, écrite comme un épisode de Plus belle la vie. Lors de cette pénible de décharge de fan-service, on se rend compte non seulement du mépris du long-métrage pour ses protagonistes (Grant n'a pas évolué depuis l'introduction du premier Jurassic Park), mais surtout de leur inutilité. "Tu n'es pas venue ici seulement pour ressasser le passé ?", lâche un Grant laconique. Et bien si.

Alan, Ellie et Ian ne servent qu'à acter cette réunion pleine de nostalgie nécrosée. Le récit se scinde en deux dès ses premières minutes pour les faire évoluer en parallèle des véritables héros du film, afin bien sûr de les unir dans le dernier acte. Il y a même fort à parier qu'ils sont à l'origine des plus gros problèmes narratifs de la chose. Introduits au forceps, ils parasitent complètement des enjeux qui auraient pu être bien moins alambiqués sans leur présence.

Preuve en est de l'introduction de Ian Malcolm, célèbre sceptique invité par des industriels cyniques décidément très cons, présenté comme lanceur d'alerte alors qu'il ne fait que relayer les informations d'un autre personnage... Le voilà parachuté sur l'intrigue comme un politique dans un désert médical. Et comme il n'est absolument jamais aussi drôle que son alter ego passé... il ne satisfera que les exécutifs d'Universal.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Jeff GoldblumComment Universal voit le retour des vieux héros

 

les héros, toujours chiants

Comment rassembler autant de personnages, et tous les gâcher ? Il faudra revenir sur cet exploit, tant le film qui nous intéresse parvient à souiller absolument tous ses protagonistes. On passera par pudeur sur le cas de Maisie, le clone en carton, nouvelle venue déjà bien mutilée par Juan Antonio Bayona, dont personne n'espéra jamais qu'elle devienne un ressort pertinent à la narration. Mais comme elle constitue l'enjeu unique du duo de poireaux vapeur qu'interprètent Bryce Dallas Howard et Chris Pratt, ces personnages jusqu'à présent fort mal lotis n'en deviennent que plus irritants de superficialité.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photoTrop médiocre pour être tuée

 

On pouvait espérer que la greffe du trio de base de Jurassic Park serait l'occasion d'offrir un supplément d'âme un reboot qui ne sut jamais écrire aucun de ses personnages... mais là aussi, un crachat amer en plein visage attend le spectateur. Peut-être était-il trop compliqué pour Colin Trevorrow d'écrire ce qu'étaient devenus Ian Malcolm, Ellie Sadler et Alan Grant. Toujours est-il qu'il s'est contenté d'agiter, comme un marionnettiste parkinsonien, trois pâles imitations des héros de jadis, sortis précipitamment du formol.

En 30 ans, leurs conflits, liens et motivations sont restés rigoureusement identiques, ce qui ne donne jamais le sentiment de retrouver de vieux amis, mais plutôt celui - déplaisant - de profaner leurs corps abandonnés au soleil. Le plus surréaliste tient sans doute dans le mépris avec lequel le blockbuster piétine le personnage de Wu. Inutile, ramené artificiellement en 2015, chaque film aura réécrit sa personnalité, jusqu'au revirement du Monde d'après, qui atteint les tréfonds du ridicule. Hélas, y compris quand il est question de dinosaures, un film n'est jamais plus réussi que ses personnages.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Chris Pratt, Omar SyLa bataille du charisme

 

Assurance sur la mort

Avec sa nature de grande conclusion de la franchise façon Star Wars IX (qu'aurait dû réaliser Trevorrow, rappelons-le), on pouvait au moins attendre de Jurassic World 3 qu’il nous offre un joli moment d’émotion par la mort d’un de ses personnages majeurs. Pourtant, Trevorrow fait le choix de ne tuer absolument personne, pas même les seconds rôles des deux premiers films, dont il est visiblement persuadé qu’ils ont laissé un souvenir impérissable dans le cœur des spectateurs (non).

En plus, ce n’est pas comme si Le Monde d’après n’enchaînait pas quelques péripéties réellement dangereuses. Entre la course-poursuite à Malte, le crash d’avion, ou encore le petit tour dans une réserve naturelle de dinos, la mort rôde à de nombreuses reprises, mais sans jamais toucher qui que ce soit. Le sens du suspense que voudrait façonner le long-métrage tombe bien vite à l’eau, puisqu’on le voit distribuer au fil du récit des totems d’immunité, en particulier sur les personnages dont l’écriture ne repose que sur leur fonction (la pilote d’avion).

Ce grand final n’en est que plus triste, justement parce qu’il perd le sel horrifique de sa franchise. Plus aseptisé que jamais, Jurassic World 3 ne daigne jamais lâcher une petite goutte de sang, comme s’il reniait le véritable héritage du film de Spielberg : le retour à la vie des dinosaures était surtout le retour manufacturé des monstres qui nous obsèdent. Le premier Jurassic Park avait valeur de slasher, où l’on peinait à savoir qui allait survivre. Ici, tout est cousu de fil blanc. A part la patience du spectateur, il n’y a pas grand-chose que le film mange.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : Photo Sam Neill, Isabella Sermon, Chris PrattDeus Ex Main-china

 

Le fade fan service

À force de voir les legacyquels repomper sans vergogne les symboles les plus importants de leurs franchises respectives, le fan-service n’est plus qu’un musée poussiéreux et sans âme, une suite de reliques dévitalisées. Dans son grand travail de fossoyeur, Colin Trevorrow précipite l’héritage de Jurassic Park dans la fosse septique en se reposant sur des clins d’œil toujours plus inutiles et vains.

Malcolm qui agite une torche devant un dino, Grant qui répète qu’il ne faut pas bouger : tout est posé n’importe comment, en dépit du bon sens, dans le seul but de titiller l’épiderme des fans. Le problème, c’est surtout que Trevorrow est incapable de construire de façon organique ces passages forcés, qui sont en plus plombés par la nullité de leur mise en scène.

Il suffit de voir ce moment d’une tristesse infinie où le cinéaste demande à Laura Dern de retirer ses lunettes avec le même mouvement que dans le premier Jurassic Park. Outre la pauvreté de sa composition, le plan n’a pour contrechamp qu’un champ en ruines (littéralement). Tout est dit.
 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Laura Dern, Sam Neill"Allez Sam, je rajoute un zéro sur ton chèque pour que tu quittes ta ferme néo-zélandaise"

 

Le méchant     

Le goût de Hollywood pour la caricature de milliardaires philanthropes portraiturés en grands méchants mégalo ne date pas d'hier. Il suffit de voir avec quelle gourmandise James Bond aura fréquemment usé de ce motif pour voir combien il est apprécié... ou usé. En témoigne l'antagoniste du Monde d'après, sa caractérisation superficielle et son plan incompréhensible. Faussement affable, mais jamais menaçant, ce vilain pas beau a beau ourdir un plan "diabolique", sa viscosité n'est jamais synonyme de cruauté ou de brutalité, et quand le film daigne enfin lui faire tomber les masques, c'est pour le tourner en ridicule, interdisant au spectateur de le craindre.

Quant à son stratagème, il est bien trop nébuleux pour permettre au récit de se mouvoir. Non seulement il reprend le concept éminemment foireux de transformer des dinosaures en armes, idée invraisemblablement complexe et coûteuse, quand l'actualité rappelle quotidiennement qu'il est plus efficace de transformer une arme... en arme. Son versant économique est tout aussi brouillon, l'industriel se risquant à créer des sauterelles de l'enfer du crétacé pour dévorer les cultures d'agriculteurs n'ayant pas recours aux semis commercialisés par son entreprise.

Quant aux raisons pour lesquelles il veut mettre la main sur la jeune Maisie ainsi que sur Blue, il faudra s'en remettre à notre imagination pour distinguer un semblant de cohérence. Enfin, le fan service aura atteint un tel stade de nécrose que le scénario tente une folle pirouette pour connecter cet ennemi absurde à l'ensemble de la saga. Eh oui, le méchant Dodgson n'est autre que l'individu mal intentionné qui commanditait le vol d'embryons à la fin du premier film, occasionnant une catastrophe sans précédent. Soit une tentative d'agiter encore le hochet du fan service, totalement vaine, et dont se seraient probablement passés les lecteurs des fabuleux romans de Michael Crichton.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Jeff GoldblumFlemme de trouver une légende devant une scène aussi flemmarde

 

le plus chiant des jurassic

C'est le miracle parmi les miracles : parvenir à rendre ennuyeux un blockbuster à 165 millions rempli de dinosaures, qui se déroule sur plusieurs continents, avec un crash d'avion, et beaucoup de chaos. Mais la nullité de Colin Trevorrow et sa co-scénariste Emily Carmichael est remarquable.

Ainsi, durant une première partie qui semble durer des heures, Jurassic World : Le Monde d'après patine autant que Surya Bonaly aux Jeux olympiques de 98. Parce que pour justifier la présence de tout le monde dans  ̶l̶e̶ ̶p̶a̶r̶c̶ ̶ la vallée des dinosaures à la fin, il faut placer tous ces enjeux en carton.

D'un côté, Ellie affronte des sauterelles dignes d'une production The Asylum, et va aller demander de l'aide à Alan, sachant qu'ils vont retrouver Malcolm chez le Steve Jobs des dinos. De l'autre, Owen et Claire courent après leur fille-clone-machin, enlevée par une braconneuse sortie d'un mauvais soft porno (pauvre Dichen Lachman). Après avoir obtenu de l'aide du geek Justice Smith devenu agent de la CIA, ils se retrouvent à Malte, avec Omar Sy en agent secret qui va les aider, et DeWanda Wise en pilote-badass-nouveau-second-rôle-inutile.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Dichen LachmanRien. Ne. Va.

 

En résumé : une interminable suite de prétextes grossiers, des couloirs de dialogues lourdingues, des mises en situation artificielles, et une montagne de personnages dispensables (les retours de Zia, Franklin et Barry, la caractérisation risible de Kayla "je m'en fous de vos histoires oh et puis non j'ai réfléchis 15 secondes, je pars en mission kamikaze avec vous les copains").

Jurassic World était pensé, raconté et filmé avec la finesse d'une moissonneuse-batteuse. Jurassic World 2 redéfinissait la notion de moissonneuse-batteuse dans une première moitié digne d'un Roland Emmerich, avant de se perdre dans un tunnel de série B tendance Z. Mais les deux films bénéficiaient d'un bon rythme, pour assurer le minimum du minimum : le spectacle. C'était jusque là le dénominateur commun de toute la saga qui, même dans ses tristes moments (Le Monde perdu, Jurassic Park III ou autre, selon les avis), maintenait ce cap. Bravo donc à Jurassic World 3, qui tire son épingle du jeu pour sortir du lot, et mérite sa place dans la poubelle de l'ennui hollywoodien.

 

Le Monde perdu : Jurassic Park : PhotoEncore une raison de réévaluer Le Monde perdu

 

Juradébile Parc

On ne peut pas enlever à ce troisième opus son casting de dinosaures. Dimétrodons, atrociraptors, pyroraptores, quetzacoatlus, dreadnoughtus, therizinosaurus et même giganotosaure, carnivore impitoyable que tous les amateurs de dinos attendaient de pied ferme depuis des dizaines d'années... Ça serait un véritable plaisir de les voir évoluer à l'écran s'ils n'étaient pas honteusement sous-exploités !

Là où le premier Jurassic World faisait un minimum d'efforts pour iconiser ses bestioles, Le Monde d'après ne s'embarrasse pas de leur donner une quelconque aura, ni même de les rendre un tant soit peu terrifiants. Les exemples se comptent sur les plaques dorsales d'un stégosaure. Comment pouvait-on foirer à ce point une confrontation avec le Dimetrodon ? Présenté comme un redoutable prédateur sur le point de faire basculer le film dans l'horreur pure, il se contente de jouer à jour/nuit deux ou trois fois. De même, lorsque le pyroraptore plonge sous la glace, il y reste un peu trop longtemps et se permet de tourner tranquillou autour de Chris Pratt sans le boulotter.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photoOn est là, quoi

 

Même les gros boss finaux ne sont jamais assez caractérisés pour devenir de nouvelles stars du jurassique. Le therizinosaurus et ses longues griffes est de loin celui qui s'en sort le mieux, grâce au long plan dans le marais, l'un des seuls vrais moments de tension du long-métrage. Mais le pauvre giganotosaure, que les experts savent capable de faire passer le T-rex pour un iguane domestique, perd en charisme à cause de la mise en scène. Face à un casse-croute servi sur un plateau, il tourne, se retourne et chipote.

Reste enfin le plus grand scandale de cette trilogie, le mosasaure, lâché sur les côtes américaines depuis deux films et la seule scène qui lui rend hommage (l'introduction de Jurassic World 2). Le monstre le plus terrifiant à avoir peuplé notre planète reste un figurant de luxe, qui vient montrer son museau le temps de deux plans peu inspirés. Après trois films, la frustration reste la même. Imaginez un instant ce que Spielberg ferait d'une telle créature...

 

Jurassic World : Le Monde d'après : Photo Laura Dern, DeWanda WiseIl suffit de partir lentement

 

C'est un épisode inutile 

Invité à découvrir le terrible spectacle d'une planète terre sous le joug des dinosaures, le spectateur aura donc tôt fait de ravaler ses attentes, le film préférant rejouer le premier Jurassic plutôt qu'assumer son principe initial. Un renoncement décevant, qui vire à la déroute totale quand le film atteint sa conclusion. En effet, on jurerait avoir vu les images qui le composent et entendu le discours débité mollement par sa voix off des dizaines de fois. Ce montage alterné et ses dinosaures sont d'une pauvreté à pleurer, même pas au niveau du premier documentaire animalier venu.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : Photo Laura Dern, Sam Neill"Tire mon doigt"

 

On passera sur la niaiserie avec laquelle il envisage les dinosaures, source d'émerveillement dès Jurassic Park premier du nom, ici renvoyés à un statut de nounours numériques informes. Ainsi, l'image d'un mosasaure, plus grand prédateur ayant jamais vécu sur Terre, faisant des câlins à des baleines devrait demeurer comme un des concepts les plus idiots vus sur grand écran. Imagine-t-on un piranha lécher les pieds d'un nourrisson enduit de sang de phoque ? 

Mais au-delà de cette avalanche de nullité crasse, le sentiment amer d'avoir assisté à un récit inutile prédomine. En effet, le scénario et sa "réserve naturelle" prennent la décision d'achever cette intrigue dans l'exacte même situation que lors de son ouverture. Tous les événements du Monde d'après, l'intégralité des rebondissements, des choix des personnages, son orgie de dinos n'auront donc pas eu le plus petit impact sur l'univers du film. Un récit par le néant, pour le néant, voué à retourner à l'oubli sitôt visionné.

Tout savoir sur Jurassic World : Le Monde d'après

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commentaires
J-5o
07/10/2023 à 18:41

Honnêtement j'ai trouvé le film pas trop mal ( Jurassic Park 2 et 3 sont bien pire )

eric2
18/12/2022 à 09:05

Faite la même chose pour avatar 2 : scénario, incohérence, montage clipe, HFR etc

Ethan
17/12/2022 à 14:12

Pas vu mais au regard des 2 derniers et au casting ça ne pouvait pas être un bon film. Moi je trouve que c'est une honte pour le cinéma de jeter de l'argent par les fenêtres. La critique devrait même pas faire la promotion d'un film comme celui-là. J'en veux pas spécialement à la rédaction qui n'a pas apprécié le film. Oui ça resemble à Star Wars 9.
Jurassic Park a plutôt besoin d'une suite reboot au premier film comme le sont 2 et le 3. Il y a tellement de possibilités. Mais partir dans des délires pour le spectacle je trouve ça affligeant. Au fond la franchise n'a jamais réussi à se défaire de la adrénaline du premier film.

Pseudo01
17/12/2022 à 05:00

Tellement une Merde se Film
Ça aurait tu être Bayona qui Face le Dernier JWD
Pas se Déble de Trevorrow

Geoffrey Crété - Rédaction
20/06/2022 à 18:02

@Pooky

On peut aussi vous affirmer qu'une critique est par définition un parti pris : c'est un avis, un point de vue. Y chercher autre chose (une vérité, un mode d'emploi Ikea du cinéma), c'est forcément être agacé en cas de désaccord. C'est croire que la critique sait mieux que le public. C'est croire que "la critique" forme un tout, cohérent, alors que jamais les critiques ne sont d'accord entre elles. Ici, on trouve ça sain et indispensable de ne pas être toujours d'accord, et accepter la diversité des opinions.
Adieu, et bon courage dans votre quête "d'objectivité".

Pooky
18/06/2022 à 20:13

Bon, après avoir vu le film, je peux affirmer que cette pige est un parti.pris et non une critique. Comme un vegan qui commenterait la qualité d'un restaurant de viande. Écran large adieu car ce n'est pas ce qu'un spectateur attend de l'objectivité d'un critique.

Beerus
16/06/2022 à 10:47

Sincerement je n'ai pas trouver le film si mauvais que ça( vu les mauvais retours je m'attendais à pire), alors oui le scénario est tout pété, ya des scenes pas top mais le film se regarde et contrairement à ce que vous dites Ecran Large, le retour du trio d'origine est pas loupé au contraire ils ont été respecté

Alexandre
12/06/2022 à 16:59

Je viens de voir le film et je suis complètement d'accord avec votre article.

Ne lisez pas la suite si vous n’avez pas vu le film.

Je pensais voir un film post-apocalyptique (à la manière du film « la planète des singes ») où les dinosaures s’étaient répandus sur tous les continents, en train de se multiplier et de prendre le dessus sur la race humaine. Au regard de la fin de JW2 et des scènes mises en ligne (Battle at Big Rock), je pensais qu’on allait voir le Mosasaure attaquer dans la baie de Los Angeles, le T-Rex et les Raptors envahir les grosses villes créant un chaos total.. Mais il n’en est rien ! Le grand mensonge ! Les dinosaures sont au second plan et ne sont plus aussi terrifiants que la première trilogie (tant la plupart ont été domestiqués). Le scénario est mauvais, réchauffé, sans créativité, la réalisation est catastrophique (les plans sont bâclés), il n y a aucune tension, aucun suspense (voir intro), aucun sang, très peu de morts. Mais où est Bayona qui avait merveilleusement bien réalisé le précédent, même si le scénario était très moyen (l'introduction était d'ailleurs absolument parfaite) ! Pourquoi avoir reprit Colin Trevorrow à l'écriture et à la réalisation ! Quand j’ai vu qu’il n y avait pas de PEGI (classification par âge), que des tas d’enfants de 5 ans attendaient devant la salle, je me suis dit que le film était surtout réalisé pour eux. Et je n'ai pas eu tort ! C’est un ratage complet pour moi aussi ! C’est Bayona ou John Krasinski (Sans un bruit) qui auraient dû le réaliser.. A oublier !

Chris11
11/06/2022 à 17:26

D'accord avec tout ce qu'évoque l'article. Sauf la partie où le film serait "chiant", je l'ai malgré ses tonnes de défauts, trouvé à peu près distrayant.
Mais que de gâchis, que de malaises (mon dieu, ces retrouvailles entre Neill et Dern, qui a écrit les dialogues? On en a pendu pour moins que ça), le coup du raptor domestiqué je le vois comme un gros doigt en mode "ouais c'est totalement débile et on vous prend pour des c*ns", et les scènes de fin... C'est là qu'on se demande si cinéaste est toujours un métier.

Flo
11/06/2022 à 12:38

Mais est-ce qu'ils font au moins des projections tests, avec un public pour leur dire que plusieures de leurs scènes n'ont aucun sens ?
Ce sont pas les premiers d'ailleurs, surtout dans des films à gros spectacle supposément violents (mais en fait, assez nunuches).

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