Démons : et l'Italie inventa l'horreur spaghetti, avec supplément Evil Dead bolognaise

Simon Riaux | 3 avril 2022
Simon Riaux | 3 avril 2022

Des zombies-mutants au bon goût de latex surgissent dans un cinéma et donnent au mort-vivant une formidable saveur italienne. Préparez-vous à affronter Démons !

Au milieu des années 80, les zombies sont en train de pourrir sur pieds. Le Jour des Morts-Vivants, troisième volet de la formidable saga zombie de George A. Romero, a été reçu fraîchement, perçu comme une redite, un film lourd, attendu, boucher, mais convenu. Le discours, éminemment politique, n’étonne pas plus qu’il n’électrise. L’époque a changé. 

La Nuit des Morts-Vivants est sorti en 1968, Zombie en 1978. Tous deux encadraient, ou presque, la décennie glorieuse dite du Nouvel Hollywood, qui devait laisser une nouvelle génération d’auteurs prendre temporairement la tête des projets les plus excitants des studios et accoucher d’œuvres éminemment critiques et contestataires. Cette parenthèse désenchantée fut balayée par les années 80, et le désir du public de renouer avec une forme de légèreté triomphante, une fièvre qui avait progressivement déserté les écrans, y compris ceux du cinéma d’exploitation. 

Et en 1985, toute la passion horrifique de la grande famille du cinéma de genre transalpin s’est passé le mot pour nous offrir Démons, antidote à la morosité et sublime turbine à viande. 

 

Démons : photoLes fameux démons de minuit

 

POUR LE PLAISIR 

Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont dans le métro. C'est ainsi que débute le récit, qui nous plonge au coeur d'une rame de métro, secouée par les riffs de guitare de Claudio Simonetti. On s'appesantira plus bas sur les raisons de cette présence et sa cohérence globale au sein du projet, mais ce qui nous frappe lors de cette ouverture, c'est la modernité presque juvénile de ces photogrammes introductifs, l'énergie évidente qui s'en dégage.

Pour un peu, on pourrait croire à une réinterprétation transalpine de Starmania. Une jeune femme, qu'on devine être notre héroïne, scrute les passagers alentour. Entre vieux messieurs louches, blondins au perfecto trop parfait, couple machant nonchalamment du chewing-gum, tout est trop calme pour ne pas être sur le point d'éclater.

À la manière d'un augure électro, la partition de Simonetti accélère, pour prendre des allures de pop dégénérée, avant de soudain s'interrompre, sitôt notre héroïne seule sur le quai. Ce type de montées en puissance, soutenues par une caméra qui s'évertue à mettre des intentions dans chaque plan, quitte à surligner le moindre effet sonore ou à investir le plus infime mouvement d'appareil, va fonder absolument toute la narration.

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commentaires
Ray Peterson
03/04/2022 à 10:10

Aaaaah Démons! Merci pour cet article!
Revu pas plus tard qu'avant hier (merci Carlotta pour ces éditions). J'avais oublié que le 2 était tellement série Z! Mon dieu cette séquence avec le "gremlins" qui court après l'une des héroïnes dans son appart! tellement longue, pas palpitante et grotesque que cela en devient drôle.
Par contre les plans en plongée sur l'escalier avec les Démons et leurs yeux brillants qui le remontent sont assez flippants. Des passages méga gore et une VF de feu de dieu avec Mario Santini qui déchirait tout à cette époque!
Démons c'est so 80's!