La Féline : et si le remake kitsch était un grand Paul Schrader ?

Salim Belghache | 29 mars 2022 - MAJ : 30/03/2022 16:52
Salim Belghache | 29 mars 2022 - MAJ : 30/03/2022 16:52

Félins, sexe et chanson de David Bowie, entre mauvais goût et génie absolu... La Féline de Paul Schrader alterne entre le kitch et la magie.

Au tournant des années 80, Universal lance une rasade de remakes des grands films du patrimoine américain. Si l’exercice du remake est dans l’imaginaire collectif l'apanage des réalisateurs de second plan, les Scarface et The Thing produits par la major américaine ont été confiés à des cinéastes confirmés avec dans leur bagage une vision artistique affirmée : Brian De Palma et John Carpenter

Dans ce même ordre idée, Paul Schrader, tout juste sorti de son carton American Gigolo, est engagé comme ses pairs afin de mettre au goût du jour un chef-d’œuvre du septième art : La Féline (Cat People en anglais) de Jacques Tourneur, sorti en 1942. Malheureusement, il reçoit une vague de reproches équivalente à celle subie par ses homologues de l’époque. La Féline version Paul Schrader connait effectivement une réception plus que contrastée.

Les spectateurs crient au véritable blasphème et au résultat informe. Toutefois, à la différence du cas de Scarface et de The Thing, le souvenir de la sortie de Cat People traîne encore aujourd’hui dans de nombreuses têtes et reste l’objet de moqueries en tout genre par rapport à son style si particulier. Mais alors, est-ce un avis fantasmé sans raison valable ou bien une prise de hauteur sur une œuvre médiocre, sans saveur ?

 

La Féline : photo, Nastassja Kinski"On va bien s'amuser tous les deux..."

 

J’irai cracher sur mon film !

À la fin de son expérience, Paul Schrader regrettait que son œuvre porte le même titre que l’original. Il n’a cessé de clamer à tout va que sa réalisation n’était à proprement parler pas un remake. Ces premiers arguments d’autodéfense brandis par le réalisateur américain sont également à mettre au crédit du fait qu’il n'est nullement l’auteur du scénario, alors qu’il avait l’habitude jusque là de maîtriser cette partie de la production. Des justifications qu’on peut dans un premier temps envisager comme un moyen pour le cinéaste de se protéger des foudres qui se sont abattues sur lui.

Toutefois, son argument n’est pas non plus à jeter aux oubliettes et comporte une grande part de vérité. Jacques Tourneur avait pris possession d’un scénario pensé par son ami et producteur Val Lewton, en imposant un cadre fantastique. Celui-ci s’incarne dans la dissimulation de la panthère durant la majeure partie de la production RKO – un principe repris depuis par de nombreux cinéastes.

 

La Féline : photo"Le Monsieur veut me comparer au film de Schrader ? Quelle indignité !"

 

En tête de liste, ce bon vieux Steven Spielberg, qui a eu la même intuition avec son choix (économique et artistique) de « cacher » Bruce, le requin blanc, durant la majeure partie des Dents de la mer. Ce parti pris de la part du fils de Maurice Tourneur avait pour objectif de susciter le sentiment de crainte chez le spectateur, la crainte de voir la bête franchir le cadre du hors champ.

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commentaires
Elle est trop belle
16/05/2023 à 20:27

Elle est trop belle

Kyle Reese
02/04/2022 à 00:19

Voilà revu, un film bien étrange, pas totalement réussi mais pas totalement raté. Un petit problème de rythme. la féline c'est le pendant félin du mythe du Loup Garrou.
Une bonne ambiance, de bon acteurs mais évidement et surtout une Nastasia Kinski si belle et si sensuelle, telle que dans mon souvenir. Il est évident qu'elle m'avait marqué. Fragile, perdue, touchante, sensuelle et déterminée. Les scènes de sexe sont très soft et courte, et pourtant on récent souvent le sentiment du désir. La plus grande force du film est d'avoir réussi à nous convaincre qu'elle est une panthère. Car c'est bien Nastasia que l'on projette sur l'animal dans la scène finale, avec ce plan sur la bête si beau et triste à la fois.
Mais quelle beauté.

Et 1 an avant il y a eu dans le genre homme/animal un autre film culte, Wolfen, Dieu ou Diable ...

Salim Belghache
30/03/2022 à 16:53

Bonjour Bishop,
Oui effectivement c'est une erreur. Merci pour ce retour.

Eddie Felson
30/03/2022 à 13:44

Je plussoie @kyleReese +1 un article sur Hot Spot … un titre évocateur…avec une Virginia Madsen et une Jennifer Connely plus incandescentes et sexy qu’elles ne l’ont jamais été.

Willpinner
30/03/2022 à 10:54

C'est très bien d'avoir écrit sur ce film oublié. Pour les raisons très bien senties dans l'article, je le classe dans une catégorie à part : les chef-d'oeuvres ratés. J'ai beaucoup ce film tout en étant conscient de ses limites.

Bishop
29/03/2022 à 18:03

"il n'est nullement l’auteur du scénario, alors qu’il avait l’habitude jusque là de maîtriser cette partie de la production (ce sera d’ailleurs la seule et unique fois de sa longue carrière)"

L'ami Paul n'est pas le scénariste d'une bonne partie de sa filmo (il a eu à réaliser des films écrits par Harold Pinter ou Bret Easton Ellis par exemple) et je ne compte pas son prequel à moitié fait de l'exorciste

Kyle Reese
29/03/2022 à 16:45

Ce film m’a toujours semblé mystérieux, embrumé. Je me souviens du début mystique. La chanson de Bowie évidement (grand fan du monsieur qui a aussi composé la superbe chanson du Jeu du faucon)
Je me souviens de la douce sensualité animal de la sublime Nastassja K. Comment ne pas la désirer. On parlait de nanar érotique dans un récent dossier, bah là l’érotisme est bien présent et réussi. On ressent l’atmosphere moite de la nouvelle Orléans mais pas que.
Vous m’avez fait remonté de beaux souvenirs là, revoir le visage fiévreux de l’actrice me donne une envie irrépressible de revoir le film au plus vite …

Ca me fait penser aussi aux Prédateurs sorti 1 an plus tard, de Tony Scott parsemé aussi de moment érotique mais avec une ambiance beaucoup plus froide. Bref honnêtement, ce genre de scènes dans les films « mainstreams » … c’était mieux avant !

A quand un dossier sur les bons films avec une dose d’érotisme réussi ?
Exemple avec Hot Spot de Dennis Hopper ou il y fait aussi vraiment très chaud. :)

Jay
29/03/2022 à 16:28

Je trouve que c'est un bon film. Encore plus si on le compare à tous les films américain du même style de l'époque.