Breaking News : l'uppercut du cinéma d'action qui atomise les médias

Antoine Desrues | 3 février 2022
Antoine Desrues | 3 février 2022

Quand Johnnie To faisait la nique à BFM TV avant la création de BFM TV ! Ça s'appelle Breaking News, et c'est à (re)découvrir d'urgence !

Alors que des gangsters prennent la fuite dans les rues de Hong-kong, des journalistes filment le moment où un policier se rend devant eux, apeuré. Face à cette humiliation, une capitaine ambitieuse (Kelly Chen) décide d'équiper ses troupes de caméras, et de travailler main dans la main avec les médias pour redorer le blason de la police, tandis que les criminels sont parqués dans une tour d'immeuble.

Ce concept ravageur n'est autre que celui de Breaking News, sans doute l'un des bijoux les plus importants de Johnnie To, et la première sélection du cinéaste au Festival de Cannes. Alors qu'il n'a jamais cessé d'être hyperproductif depuis les années 90, le réalisateur a trouvé avec ce long-métrage particulier (sorti un an après PTU) une certaine reconnaissance mondiale, reflet d'un propos plus actuel que jamais sur la désinformation et sur des médias transformés en machines à spectacle. Retour sur un film qui n'a pas pris une ride.

 

Breaking News : photoFlashball dans ta tronche

 

Spectaculairoscope

Si le plan-séquence s'est de plus en plus imposé dans le cinéma d'action contemporain comme une prouesse aussi vaine que gratuite, énième élément de cahier des charges censé donner une légitimité à une mise en scène pachydermique (n'est-ce pas Tyler Rake...), cette démarche paraît encore plus obsolète quand on revisite le plan inaugural de Breaking News.

En pas moins de sept minutes, Johnnie To façonne un tour de force technique, d'autant plus impressionnant qu'il ne cède pas aux raccords invisibles. Du ciel de Hong-kong recouvert par les gratte-ciel jusqu'à un travelling allant s'approcher du visage de son antihéros Yuen (Richie Ren), Breaking News dépeint déjà tout un monde grâce à la seule description d'une ruelle où gangsters et flics infiltrés se retrouvent, avant qu'une fusillade n'éclate.

L'incroyable scénographie de ce coup de maître construit en un temps record tous les enjeux du film, et met en valeur les deux camps en opposition dans ce qui va se transformer en jeu du gendarme et du voleur post-moderne. Mais au-delà de sa virtuosité, ce plan-séquence souligne une ultra-mise en scène, un contrôle de l'image en accord avec ce qui suit.

 

Breaking News : photo, Nick CheungÉmigration hongkongaise post-rétrocession

 

Johnnie To a toujours été très doué pour filmer Hong-kong à la manière d'une cage, telle une prison de métal où la petitesse de l'individu se retrouve écrasée par la saturation de la masse. Breaking News le met en exergue à sa façon, en faisant de ses personnages de voyous les ennemis publics numéro un du moment. Ils sont contraints de sortir de l'anonymat, enrôlés contre leur gré dans un exercice de propagande. L'immeuble dans lequel se réfugie le groupe devient ainsi un véritable théâtre, labyrinthe d'une double mise en scène, celle orchestrée par la police, et celle de son réalisateur.

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commentaires
Neji
04/02/2022 à 23:56

Une bombe depuis toujours et pour toujours un classique de chez classique , une époque où ce cinéma était tellement cool .
Et le plan séquence du début du bonheur .
Il vieilli plutôt bien en plus contrairement aux films de John woo, même si le charme des guns fight fonctionnent toujours .
Après toutes les années passées nous voyons bien ,la grosse période de Hong Kong ne fut pas du cinoche de consommation , mais bien des figures de style à part entière et finit par inspirer et être copié par tous et rarement avec le même talent.

Nico
04/02/2022 à 11:04

Une vrai claque au premier visionnage et je prends tjs autant de plaisir à le revoir

Birdy en noir
04/02/2022 à 09:29

@ calimero : ton avis n'engage que toi. Tu juges avec condescendance sur la base de tes goûts que les films cités sont ratés et ne méritent pas leur succès et médiatisation. Fais un effort intellectuel et d'ouverture d'esprit : pkoi selon toi ces films plaisent ? Ils ont des qualités qui te frustrent, car tu attends autre chose. Tu en as bien le droit. Je défendais l'autre jour Spencer face à des collègues qui ont tenu 10 min devant. J'adore Kim ki duk, mais je me sens bien seul à ressentir l'émotion de ses films.
Mais je ne me permets pas de cracher ainsi à la figure d'autres œuvres bien loin quand même de fast and furious et autres transformers 5 (mon moment de condescendance perso) ...

petitCalimero
03/02/2022 à 23:45

Très mauvais film qui s'inscrit totalement dans la veine commerciale un peu débile de Jhonnie To, Et qui n'a par ailleurs rien à voir avec sa veine plus apaisée et personnelle (The Mission, Exilé, PTU).
Survendu en Europe par l'annonce d'un plan-séquence d'introduction soit disant dantesque, le film est à l'image de cette scène, boursouflé, grotesque, et un peu mal branlé quand même.
Un peu comme "Infernal Affairs", promu par on ne sait qui comme étant le renouveau du polar Hong Kongais, alors qu'il s'agit d'une niaiserie artificielle et poseuse.
Encore un pur produit de consommation HK porté au nues par un groupe de passionné un peu trop enthousiaste qui s'emportait malheureusement pour le moindre film asiatique qui sortait à l'international.

zetagundam
03/02/2022 à 16:47

Pas le meileuur de Johnnie To mais le film n'en demeure pas moins très efficace

Caracalla
03/02/2022 à 16:45

Oups j'ai oublié The Mission et Running out of Time

Caracalla
03/02/2022 à 16:44

Johnnie To <3

Dernier film que j'ai vu de lui : Drug War ya bientôt 10 ans ... Ça fait mal. Y en a eu d'autres de sympas après ?

Et oui super film, parmi les meilleurs avec le diptyque Election, PTU et Exilé.

Hank Hulé
03/02/2022 à 14:35

Faut que je ressorte mon dvd...

Kaneda
03/02/2022 à 13:45

Ce film est un bijoux.
Ça fait un bail que je m'intéresse plus vraiment au cinéma hongkongais, la relève est-elle là ?

Kyle Reese
03/02/2022 à 12:34

Ce genre de cinéma me manque, même les coréens se sont un peu calmé ces derniers temps.
Pas vu ce film, une séance de rattrapage s’impose.