Requiem pour un massacre : tournage d'enfer pour un chef-d'œuvre du film de guerre

Arnold Petit | 16 janvier 2022 - MAJ : 28/01/2022 23:08
Arnold Petit | 16 janvier 2022 - MAJ : 28/01/2022 23:08

Requiem pour un massacre d'Elem Klimov est un chef-d'œuvre et il le doit à beaucoup de choses, y compris à son tournage infernal.

Requiem pour un massacre est une expérience, éprouvante, viscérale, inoubliable. Considéré comme l'un des plus grands films de guerre de tous les temps, le long-métrage réalisé par Elem Klimov en 1985 raconte le martyre d'un garçon biélorusse et de son village, attaqué par les nazis, et plonge le spectateur dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale comme aucun autre. Une immersion presque totale, rendue possible grâce à la mise en scène virtuose et oppressante de Klimov, mais aussi un tournage cauchemardesque, qui questionne la représentation de la guerre et des faits historiques dans le septième art.

 

Requiem pour un massacre : photoVisions d'enfer

 

Ils ont combattu pour la patrie

En 1977, Elem Germanovich Klimov est déjà un grand nom du cinéma soviétique et a tourné deux ans plus tôt ce qu'il considère comme son premier grand film, Raspoutine, l'agonie, qu'il avait attendu de réaliser pendant huit ans en raison de ses scènes d'orgies et de sa représentation nuancée de Nicholas II, jugées offensantes par les autorités (et le film ne sera projeté en Union soviétique qu'en 1981).

Alors que sa compagne, l'actrice et réalisatrice Larissa Shepitko, vient de réaliser L'Ascension, un film de guerre autour de deux partisans biélorusses capturés par les nazis qui empruntent deux chemins bien différents (et qui sera récompensé de l'Ours d'Or à Venise), il réfléchit alors à son prochain projet : un long-métrage inspiré d'un livre qui l'obsède, Je suis d'un village en feu d'Alès Adamovitch, un recueil de témoignages de Biélorusses ayant survécu aux tueries des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec l'auteur, Klimov commence à écrire le scénario de ce film, qui prend une valeur personnelle aussi bien pour lui que pour Adamovitch.

 

Requiem pour un massacre : photoUne photo pour l'Histoire

 

Né en 1933 à Stalingrad, où il a grandi dans une famille communiste, Elem (acronyme d'Engels, Lénine et Marx) Klimov avait été témoin de la destruction de la ville en 1942 lors de la fameuse bataille qui a marqué un tournant de la Seconde Guerre mondiale et été un des épisodes les plus meurtriers de l'Histoire. Dans un entretien donné plus tard, il évoque les souvenirs de sa fuite avec sa mère et son petit frère German, à bord d'une péniche, les visions de la Volga engloutie par les flammes d'un dépôt de pétrole attaqué par les Allemands et leur exode dans l'Oural.

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commentaires
Anderton
18/01/2022 à 15:49

Je n'ai jamais vu ce film (et là, je rejoins Kyle Reese à propos du bon "mood" pour le (re)découvrir) et pourtant en lisant cet article, j'ai tout de suite repensé à d'autres œuvres vues durant mon enfance (et qui m'ont fortement marqué) : Le vieux fusil (portant sur le massacre de villageois français par les nazis en déroute) ou encore la série Holocauste, même si ces œuvres n'ont pas été créées/tournées dans les mêmes conditions que Requiem pour un massacre.

Elie
17/01/2022 à 17:45

Dommage pour la séquence snuff, d'après ce que j'ai lu.

Starfox
17/01/2022 à 09:13

Revu au club de l'étoile lors de la ressortie de la nouvelle copie. A la fin du générique, grand silence dans la salle, pas un mot, le public est resté assis de longues minutes comme assommé par ce qu'il venait de voir. Certains dans la salle devaient le voir pour la première fois et ça a dû leur faire tout drôle.

Norman
16/01/2022 à 17:40

Enorme souvenir, je l'avais découvert en vhs à l'époque. Des images qui vous hante longtemps après la projection. Je me souviens de la scène de bombardements en pleine forêt totalement hallucinante, de cet avion qu'on entend plus qu'on ne voit mais qui annonce de terribles choses à venir... Jamais un regard sur la guerre n'a été traité de cette façon. Une expérience viscérale extrêmement derangeante mais nécessaire. Avoir absolument !

Brosdabid
16/01/2022 à 17:24

Le film le plus éprouvant qui m ait été donné de regarder, toujours d Images en tête !

Zapan
16/01/2022 à 13:09

Enfin on parle du Grand Cinéma.
Ce film est une perle noire! La photographie, les cadres, les acteurs....
On se demande vraiment si on ne regarde pas un documentaire/reportage la 1ère fois que l'on tombe dessus.
Le mot qui me revient le plus en tete à la simple mention de ce film: Viscéral.
Rarement un film a atteint un tel degré de réalisme sur une des périodes les plus affreuses de notre récente histoire.
Là, on parle de Chef D'Oeuvre oui.

Mouais Bof...
16/01/2022 à 12:18

Terriblement beau et horriblement orchestré avec maestria.
Merci à Ecran Large de parler d'un des plus beaux,tristes,désespérés et désenchantés tableaux que le cinéma a offert

Mouais Bof...
16/01/2022 à 12:16

@Kyle Reese.Tu es loin d'en faire des tonnes.C'est une experience cinematographique extremement eprouvante. J'ai fais l'exploit de visionner ce chef d'oeuvre 2 fois dans ma vie. Et crois moi que la deuxieme fois a été plus eprouvante que la 1ere.A vrai dire,je ne crois pas que je regarderai une troisième fois ce film.

Eddie Felson
16/01/2022 à 12:00

Même situation et ressenti que @Kyle…& je ne pense pas que tu en fasses des tonnes;)

Ded
16/01/2022 à 11:56

Je l'ai acheté "les yeux fermés" en DVD, il y a de nombreuses années. Quel choc ! Tantôt onirique, tantôt prosaïque dans sa forme mais toujours cauchemardesque dans son fond. Les images cruelles, à la limite du soutenable, bouleversantes, laissent peu de place à l'espoir illusoire de cette fuite en avant pour la survie. Comme un chant d'horreur et de mort désespéré et implacable. Jusqu'au final aussi surprenant que sidérant sur les origines du mal absolu incarné.
Superbe !

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