Les Duellistes : avant Alien et Blade Runner, le premier chef-d'œuvre (oublié) de Ridley Scott

Gaël Delachapelle | 7 septembre 2021 - MAJ : 07/09/2021 16:02
Gaël Delachapelle | 7 septembre 2021 - MAJ : 07/09/2021 16:02

Avant Le Dernier Duel, retour sur le premier grand film du réalisateur d'Alien et Blade Runner, Les Duellistes.

Si vous demandez à un cinéphile quel est, selon lui, le meilleur film de Ridley Scott, il y a fort à parier que sa réponse lorgne plus du côté de la science-fiction, Alien et Blade Runner étant les œuvres les plus souvent plébiscitées par les fans du réalisateur de Prometheus. Mais ce serait oublier que bien avant de signer deux chefs-d’œuvre de la science-fiction moderne, Ridley Scott avait commencé sa carrière sur les chapeaux de roue avec Les Duellistes. Un premier grand film primé à Cannes et salué par la critique, et pourtant quasi inconnu auprès du grand public.

Il n’est donc pas étonnant que les admirateurs du cinéaste britannique soient fébriles à l’idée que son prochain film, Le Dernier Duel, vienne boucler la boucle avec sa toute première œuvre. D'ailleurs, certaines scènes ont été tournées en France, dans notre bonne vieille Dordogne, qui servait majoritairement de décor à l’affrontement entre Keith Carradine et Harvey Keitel, dans cette adaptation de Joseph Conrad qui inaugure l’œuvre esthétique et thématique du réalisateur de Kingdom of Heaven.

On revient donc sur ce premier long-métrage matriciel, sous influences Barry Lyndon évidentes, sur sa production, ses inspirations, afin de comprendre en quoi Les Duellistes est peut-être bien le codex de toute l’œuvre de Sir Ridley Scott.

 

photoEn garde !

 

l'EUROSCOTT

En 1977, à 40 ans, Ridley Scott en est à sa quatrième tentative de réalisation d'un premier long-métrage, après plusieurs années de carrière dans la publicité, aux côtés de cinéastes britanniques prestigieux tels qu’Alan Parker (Angel Heart) ou encore Hugh Hudson (Les Chariots de Feu). Des années d’expérience qui forgeront sa réputation de formaliste hors pair en devenir, son savoir-faire étant déjà à l’œuvre dans ce premier film. Ayant peu de moyens à l’époque, Ridley Scott cherche à adapter une œuvre tombée dans le domaine public, afin de ne pas débourser le moindre centime dans les droits d’adaptation.

Le cinéaste tombe alors sur une nouvelle de Joseph Conrad publiée en 1908, intitulée Le Duel, racontant une rivalité (pour ne pas dire une querelle) entre deux lieutenants de l’armée napoléonienne, Hubert (Keith Carradine) et Féraud (Harvey Keitel), qui se déroule sur une quinzaine d’années à travers une série de duels à mort, sur fond de guerres napoléoniennes. Un postulat de départ à partir duquel Ridley Scott signe une ambitieuse fresque historique et dont la reconstitution minutieuse paraît improbable avec un budget inférieur à 1 million de dollars.

En effet, avec une enveloppe de seulement 900 000 dollars, le futur réalisateur de Gladiator se lance dans un exercice périlleux pour son premier long-métrage, contraint de faire preuve d’une grande inventivité pour rendre crédible son récit historique avec aussi peu de moyens. Et le résultat relève tout simplement du miracle. D’un point de vue esthétique, Les Duellistes est d'une splendeur absolue, qui témoigne du savoir-faire de son réalisateur, composant ses cadres en puisant dans des inspirations picturales similaires à celles de son maître à penser, à savoir le grand Stanley Kubrick en personne.

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commentaires
Flash
09/09/2021 à 13:00

Revu récemment et oui c’est bien un chef d’œuvre.
Comme quoi ce n’est pas les grands budgets qui font les grands films.
Je me suis toujours demandé si les scénaristes de "Highlander " ne s’étaient pas inspirés de ces formidables duellistes.

aristoplaton
08/09/2021 à 18:20

d'accord avec la plupart des commentaires, en ce qui concerne Barry Lindon par contre je pense que la voix off est nécessaire pour donner le ton de la narration, que des gens de ma génération, ''76'' ans, aiment comme ils aimaient les histoires que racontait leur grand pere

captp
08/09/2021 à 15:23

Un très bel article que je prend comme un énième coup de pied aux fesses pour enfin le voir .mais comme dit plus bas c'est compliqué de le trouver en stfr.
L'idéal serait effectivement une version 4k ce qui me paraît pas impossible car il y à un bon paquet de scott déjà dispo et qu une industrie qui ressort gi.joe ou van helsing en 4k peut bien faire l'effort .
Harvey keitel et les 1er film c'est une belle histoire (scorsese, scott,tarantino, schrader pour ceux que je connais)

un super Scott vintage
08/09/2021 à 09:41

oh je l'avais enregistre à la tv debut 1990, quand çà passait dans les emissions de style cine club eheh,
il meriterait une sortie en 4K si le negatif d''epoque n'est pas trop deteriore,
le final est super, tourné en France, avec la vallée innondée, Harvey Keitel prend la pause de Napoleon comme sur les tableaux,
ils ont eu vraiment un gros coup de chance d'avoir et le point de vue,et le beau temps,et les nuages et le superbe Lens Flare, 100 reel, sans trucage, qui arrive au bon moment;;
çà c'est un Putain de plan!

Might_Guy
08/09/2021 à 07:01

En ce qui me concerne, je n'ai pas oublié.

Hasgarn
07/09/2021 à 22:06

Aucune exagération de ma part, Francis.

Il y a de vrais gros défauts dans Barry Lyndon. Pas sa superbe plastique ni le duel final d’une maîtrise absolue.

Kubrick fait du Kubrick et se faisant, il oublie de traiter des points importants de son script :
Son concept est de montrer l’inéluctabilité via une voix off dont il pourrait se passer (cf le fameux duel). Barry apprend à devenir retord, calculateur et cela causera sa perte.
1- pourquoi donc Kubrick se passe-t-il de la scène ou Barry, dépouillé, vole le soldat agonisant.
2- Pourquoi il ne montre pas comment Barry rend compte après le vol d’identité ?
3- pourquoi il ne montre pas Barry reconquérir sa femme ?

D’une manière générale, Barry subit, n’est jamais actif alors qu’il est sensé être un arriviste qui apprend de ses erreurs. Toutes ses réussites sont traitées en voix off.

Très franchement, c’est pas terrible.
Pourtant, il avait tout sous le coude.

Donc oui je suis dur mais j’ai mes raisons

Boomerang
07/09/2021 à 20:57

@Kyle Reese
Exactement ce n'est pas un film oublié .... sauf peut être des éditeurs de Blu Ray :-(
A souligner également le travail de David Putman (producteur) qui a également donné leurs chances leurs débuts à Hugh Hudson (Les charriots de feu), Roland Joffé (La déchirure), Alan Parker (Bugsy Malone) etc

Ray Peterson
07/09/2021 à 20:36

Sublime 1er film! On peut retirer pleins de choses à Scott mais pas son début de carrière fracassant.
La photo est quand même bien classe. Le montage de certaines séquences annoncent la façon de faire deScott dans Alien : couper dans un mouvement de caméra par des inserts ou GP (visages) par exemple.
Et Keitel, quel beau personnage. Dommage qu'il n'ait pas beaucoup bossé avec Scott hormis plus tard sur Thelma et Louise.

rientintinchti
07/09/2021 à 20:33

Vu il y a très longtemps. Film superbe

Kyle Reese
07/09/2021 à 19:33

@Francis Bacon

De rien. Ça fait plaisir ;)

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