Dune : on a vu 20 minutes spatiales et épicées du film fou de Denis Villeneuve

Simon Riaux | 22 juillet 2021 - MAJ : 09/08/2021 18:13
Simon Riaux | 22 juillet 2021 - MAJ : 09/08/2021 18:13

Blockbuster de science-fiction épique et spirituel, adapté de la fresque littéraire de Frank Herbert, objet de tous les espoirs et de grandes craintes, Dune nous a dévoilé 20 minutes hallucinantes. 

Adapté une première fois par David Lynch, à l’occasion d’un film à la fois mutilé et pharaonique, produit par Dino De Laurentiis, qui espérait alors émuler Star Wars, Dune a tout du projet, sinon maudit, résolument monstrueux. Le culte entourant les écrits d’Herbert, la complexité de son univers, sa charge politique évidente, les remous profonds engendrés par la crise sanitaire mondiale, les enjeux financiers qui lui sont attachés, le mécontentement assumé de son réalisateur Denis Villeneuve face au choix de Warner, tout concourt à faire du premier volet de la franchise Dune le projet de tous les dangers. 

 

 

Et considérant que l’auteur de ces lignes n’est un grand amateur ni de Denis Villeneuve ni de Hans Zimmer, et a plus d’une fois frisé l’indigestion en tournant les pages de l’œuvre originelle, l’enthousiasme n’allait pas de soi. Honni soit qui mal y pense, les 20 minutes dévoilées à la presse en Imax tenaient du petit miracle.

Nous avons découvert deux séquences d’approximativement dix minutes chacune, une nouvelle bande-annonce du long-métrage, ainsi qu’une brève vidéo commerciale dédiée au travail sonore de Hans Zimmer. Attention aux spoilers évidemment !

 

Photo Rebecca Ferguson, Zendaya, Javier Bardem, Timothée Chalamet"Vous inquiétez pas les enfants, si Ecran Large déconne, on les ensable"

 

TEMPÊTE DU DÉSERT 

La première séquence nous a été présentée comme l’ouverture du film. Entre voix off, images illustratives et note d’intention sonore, elle dévoile non seulement le programme plastique du film, mais aussi ses capacités à condenser une œuvre connue pour sa richesse et son aridité.  

On sait combien les introductions ou expositions de grandes sagas sont des défis esthétiques et narratifs, mais dès ces premières minutes, Dune en impose, et ce dans tous les domaines. Le mélange de sobriété, de maestria technique, de puissance évocatrice des images et le sens de l’épure, qui pour une fois n’entame nullement un profond désir de spectacle, font instantanément mouche. 

Le travail du chef opérateur Greig Fraser (qui a officié sur FoxcatcherZero Dark Thirty, Rogue One : A Star Wars Story et s'occupe du futur The Batman) semble s’accorder idéalement avec les motifs de Villeneuve, tout en lui évitant les ornières grisâtres dans lesquelles il s’est plus d’une fois abîmé. Sa patte est évidente, le poids des images qu’il génère est immédiatement reconnaissable, mais leur capacité d’émerveillement, leur sens du gigantisme, comme le travail des textures, impressionnent immédiatement. 

 

photoEt bah ça, c'est du ver

 

HARKONNEN AND THE GANG 

La seconde séquence dévoilée fut l’occasion de constater que le blockbuster était en mesure d’offrir un spectacle à la hauteur de son copieux programme. Et quoi de mieux qu’une petite séquence confrontant les aspirations messianiques naissantes de Paul Atréides, du matériel de récolte de l’Épice (la ressource au cœur de l’intrigue et de ses enjeux de pouvoir) et un Shai-Hulud bien énervé (un ver géant qui vit au cœur du désert de la planète Arrakis). 

Le résultat est lisible, ample, mieux spatialisé, construit et agencé que la quasi-intégralité des blockbusters contemporains, tout en bénéficiant d’une direction artistique singulière.

 

photo, Timothée Chalamet, Rebecca FergusonUn regard sur Dune qui donne envie

 

C’est peut-être d’ailleurs l’aspect le plus marquant de ce qui nous a été dévoilé : le sens du détail, l’absolu jusqu’au-boutisme du moindre photogramme et de tous les objets saturant l’espace. Ici une statuette, là les angles impossibles d’un affolant astronef, ou tout simplement les tenues cérémonielles de l’Imperium, évoquant l’alliance improbable du design de Mass Effect, une pincée de Moebius, zébré de sable et d’Épice. 

L’univers de Dune paraît instantanément cohérent, immédiatement spectaculaire. Et du peu que nous avons pu en entendre, les créations sonores de Hans Zimmer n’y sont pas étrangères. Efficaces quand elles accompagnent certains éléments mythologiques, notamment les capacités grandissantes de Paul Atréides, elles se révèlent plus intelligentes encore quand elles tentent de réinventer tempos et sonorités afin d’imaginer une mélopée d’outre-espace, la grammaire de civilisations à venir. 

 

Photo Timothée ChalametChalamet s'enflamme

 

PAS SORTIS DU SABLE 

Il est évidemment beaucoup trop tôt pour émettre une opinion, un avis, sur la réussite de Dune, le film de Denis Villeneuve n’étant attendu sur les écrans français que le 15 septembre prochain (soit plus d’un mois avant sa sortie américaine). Mais on peut d’ores et déjà considérer que le blockbuster s’est donné les moyens d’être un évènement visuel tranchant avec la concurrence. 

Cette réunion d’un cinéma exigeant et désireux de réinventer par la marge sa grammaire (conjointement aux exigences d’un grand spectacle d’envergure internationale) paraît possiblement réussie. Ajoutons que s’il est présomptueux de juger des performances du casting, les protagonistes que nous avons vus évoluer étaient tous caractérisés avec soin. 

C’est le cas de Paul Atréides, qui semble incarné avec intelligence par un Timothée Chalamet conscient de comment le héros avançait à rebours de son milieu, de sa culture... mais aussi des héros actuels. 

 

photo, Timothée Chalamet, Josh BrolinUne séquence à l'ampleur impressionnante

 

Enfin, si Denis Villeneuve a souvent transformé un matériau de base passionnant en parodie involontaire (Blade Runner 2049), en pensum anti-spectaculaire (Sicario), ou confondu effets de manches narratifs et narration (Premier contact) - selon l'avis de l'auteur de ces lignes, on le rappelle -, tout donne à penser qu’il est sur le point de donner son meilleur. Que sa soif de très grand spectacle, la recherche désespérée de Warner de multiplier les licences à succès, et la ligne directrice de Herbert se répondent idéalement. 

Tenu par le respect des romans, confronté à l’exigence de ne pas étouffer le sens du ravissement qui doit présider à une entreprise de ce type, le cinéaste est peut-être enfin au bon endroit pour se transcender. Et on comprend désormais mieux son combat pour réserver le film au grand écran.

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commentaires
Hugo Flamingo
31/07/2021 à 21:31

Ces deux séquences furent effectivement ''à couper le souffle''. Reste à espérer que tout le film soit d'aussi bonne facture...
Quant à mister Zimmer - même si j'apprécie ses mélodies de midinettes - lui autant que John Williams, malgré leurs talents respectifs, ont quand même ultra méga (oui je suis des années 80) beaucoup pompé sur les Grands de la musique classique. Je suis souvent déçu du manque de gouverne et de culture musicale chez les fans (après faut avoir le temps et l'envie d'écouter du classique donc je ne blâme pas) ; car concernant les réalisateurs et leurs oeuvres (les deux plus facilement abordables), les fans là connaissent les références, inspirations, dédicaces etc.
A tous les ''haters'' aux rédacteurs, ne vous est il pas venu une seule fois à l'esprit que dans le jeu du chat (qui écrit la Critique) et de la souris (qui elle, lit la dite critique), peut-être cherchent ils aussi à vous faire courir après la baballe... Et que vous, vous galopez. Chers Amis, soyons sérieux un instant, et tous en choeur, pétez un bon coup ;)
Cordialement et bisous

Rick-ornichon
31/07/2021 à 14:32

il y a eu 2 projo test aux US (sachant que ce n'était pas couvert par des médias mais des spectateurs)
les retours ont été ultra-dythirambiques, mais ne se sont pas limités à de simples tweets pompeux. non il y a eu beaucoup de détails.
- la musique de Zimmer serait inédite et particulièrement incroyable
-la production design serait absolument dingue et d'une richesse incroyable, et les FX s'écarteraient du carcan habituel hollywoodien.
-la mise en scène serait très pointilleuse et contemplatrice (le style de Villeneuve. ce qui sous-entendrait ce que je pense depuis le début de la promo, les trailers, montés en hypercut, ne reflèteraient pas l'atmosphère du film).
-on est face à un film très mature.
-le casting serait très convaincant, notamment Chalamet serait charismatique (oui oui, n'en déplaise à ceux qui ne le jugent que par son physique), Momoa aussi boufferait l'écran, et Skarsgard serait en passe d'offrir un méchant absolument dantesque.
-le film serait très fidèle aux romans. et ça devrait plaire aux amateurs d'intrigues pleines de trahison à la GOT (comme dans le bouquin quoi...)
-en revanche, non, il n'y aura ni Shaddam IV (afin de donner le maximum de poids à Vladimir Harkonnen pour ce film), ni Irulan, ni Feyd Rautha, que Villeneuve préfèrerait visiblement garder pour apporter un peu de nouveauté et de surprise au 2ème film.

les 2 projo avaient apparemment quelques différences, notamment sur la fin et la violence, en vue de sonder l'avis pour faire un dernier réagréage du film.

quant à l'IMAX event, après avoir vu les 20', je peux que valider les retours de ces projo test. j'ai d'ailleurs même été déçu par le trailer car on a vraiment le sentiment qu'il se refuse de montrer quoi que ce soit. et étant fan du roman, ça me conforte davantage dans cette idée que tout ce qui a été montré dans le trailer reste dérisoire à côté de ce que l'histoire prévoit de nous offrir.

hâte de voir le reste...

festayre
26/07/2021 à 11:45

Non pitié PAS Moebius !! Quid de Shaddam? Irulan?? des navigateurs?

Sofi
24/07/2021 à 20:06

"Blade Runner 2049, parodie involontaire" ??? "Sicario, pensum anti-spectaculaire" ???!!! ... toute l'étroitesse de vue de mister Riaux résumée en deux formules. Cette faculté presque admirable d'être systématiquement à la ramasse face à tout ce qui tranche et innove. Ou alors, une pathétique tentative de tourner le dos au talent lorsqu'il s'impose à tous, histoire de se la jouer franc-tireur voir, plus drôle encore, libre-penseur. Tout ça pour ensuite lécher la gamelle de certaines productions Disney-Marvel. Heureusement, le temps a fait son oeuvre et ces deux oeuvres majeures de Villeneuve ont aujourd'hui le statut d'oeuvres cultes. Simon Riaux, lui, n'a pas vraiment rejoint le panthéon de la critique ciné.

Kyle Reese
23/07/2021 à 18:14

@ Criticounet

Je ne m’attend pas à un changement d’avis de votre part sur MR Riaux au vu de la classe dont vous faites preuve dans votre message mais lisez sa critique de La loi de Téhéran, vous serez sûrement surpris … ou pas si c’est la mauvais foi et là hargne qui vous gouvernent.

Deny
23/07/2021 à 17:04

Love Villeneuve! Un très bon pilote de F1 qui devient un top réalisateur, c'est pas tous les jours!

Marc
23/07/2021 à 16:16

A tout les baveux de Denis Villeneuve regarder la nouvelle bande annonce IMAX de DUNE qui rend tout les YouTubeur les fans totalement dingue et moi même !

mrjulot
23/07/2021 à 14:37

@ Simon Riaux - Rédaction

ou incendies, mon coup de cœur de sa filmo :)

Simon Riaux
23/07/2021 à 14:06

@Criticounet

Que d'énergie déployée pour réagir à quelque chose d'insipide. Merci pour ce compliment involontaire.


@sylvinception

Oh faut pas croire, je serais vraiment très heureux de retrouver le Villeneuve de Enemy ou de Polytechnique.

sylvinception
23/07/2021 à 13:15

Tout ça n'empêchera pas Riaux de chier sur le film, Villeneuve oblige...

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