Star Trek : on a classé les films de la première génération, du pire au meilleur

Maeva Antoni | 16 mai 2021
Maeva Antoni | 16 mai 2021

A l'occasion du retour de Star Trek sur les plateformes Netflix et Amazon Prime, Écran Large sort son classement des films de la première génération. 

L’espace, frontière de l’inconnu... Alors que l'univers imaginé par Gene Roddenberry continue à s'ouvrir, avec Star Trek : Discovery, Star Trek : Picard et bientôt Star Trek : Strange New Worlds, on revient un peu en arrière en classant les six films de la première génération Star Trek. Ceux avec William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest KelleyGeorge Takei et Nichelle Nichols, la fine équipe, la vraie !

Après une série de trois saisons devenue culte, Star Trek n'avait pas dit son dernier mot et l'univers est revenu sur le grand écran une décennie plus tard. Une nouvelle épopée spatiale qui n'a qu'un but : aller plus loin et découvrir l'étrangeté de l'univers infini. 

On vous embarque faire un tour dans un Enterprise bien vintage qui n'a pas fini de fasciner. La rédaction d'Écran Large dévoile son classement long et prospère du pire au meilleur des premiers pas au cinéma de la saga spatiale incontournable.  

Attention, spoilers en vue !

 

photo, Leonard Nimoy, William ShatnerLes Tic-Tac les plus forts de la galaxie

 

6. Star Trek V : L'Ultime Frontière 

Il se passe quoi : Après avoir joué les baleiniers dans le film précédent, Kirk, Spock et leurs copains se payent des vacances bucoliques en Californie. On fait de l’escalade et tout le monde s’éclate au Club Med de la Fédération. Mais la pause camping est coupée net (heureusement pour notre santé mentale) quand un terroriste-gourou Vulcain prend en otages des diplomates sur une planète paisible. L’Enterprise (alors en kit) est envoyé en mission solo bien qu’il n’ait pas deux boulons en place. Surprise tirée du chapeau magique de William Shatner, le vilain Vulcain est le frère de Spock. 

Le méchant aux oreilles pointues veut trouver Dieu et entraine notre équipage dans une chasse au dahu vers le centre de l’univers. Une attaque de rétro-projecteur et deux-trois explosions plus tard, le vilain meurt et tout le monde s’en fout un peu. Pour fêter tout ça, on retourne faire du camping. Et comme le spectateur n’avait pas assez souffert, on finit par des chamallows grillés et une chanson au coin du feu. On n'a rien fait pour mériter ça.  

 

photo, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, William ShatnerVotre dose quotidienne de vitamine C

 

Pourquoi ce n’est pas si mal : Il faut vraiment se munir d’une loupe et racler les fonds de tiroirs pour trouver quelque chose de bien dans le film de William Shatner. Il y a bien quelques scènes divertissantes et notamment une ouverture qui donne beaucoup à espérer par son côté mystique impressionnant entouré de grains de sable flous.

Mais passé les premières minutes, l’effet s’estompe et on retombe dans le très mauvais. Certes, la quête de Dieu ne semble pas si dingue après avoir remonté le temps pour choper des baleines. De plus, le sous-texte philosophico-métaphysique colle bien l’atmosphère de Star Trek. Le sujet est moins le souci que son exécution par une mise en scène tragique. C’est à peu près tout ce qu’il y avait à sauver dans ce drôle de foutoir.    

 

photo"Tu veux aller à la piscine du camping ?"

 

Pourquoi c’est inregardable : Star Trek semblait déjà avoir une panne de réacteur depuis le quatrième opus, mais là c’est carrément la dérive dans le vide sidéral. Si l’histoire est assez vide, la réalisation finit de donner la nausée au spectateur. Premier et dernier film de l’acteur William Shatner, Star Trek V  : L'ultime Frontière est un cas d’école pour expliquer que la réalisation est un vrai métier et qu'il ne suffit pas de se contenter de bidouiller deux-trois caméras. Le film est un faux-raccord à lui tout seul et le parfait exemple qu'il ne faut pas faire compliquer quand on ne sait pas faire du tout.  

Un manque de talent qui s’illustre dans des plans moches et inutiles de personnages de dos ou bien en contre-plongée pour aucune raison. Le film regorge de plans de trous de nez auquel s’ajoute un manque cruel de classe. Mal réalisé, le film donne l’impression d’être un mauvais cartoon avec des personnages caricaturaux ou encore des dialogues surréalistes qui donne aux héros environ cinq ans d'âge mental.  

Une ambiance "c’est celui qui dit qui est" qui explique le manque de motivation des acteurs vieillissant. Des gags dignes de Bip Bip et Coyote viennent alourdir un récit déjà en train de couler. On mélange le tout et on ajoute des effets de dessins animés pleins de bing et de bong qui font de la belle lumière qui clignote et on obtient un mauvais cartoon de l’espace.  

Car comme on n'avait pas déjà assez souffert, on nous sert le tout sur une histoire vide de sens et d’action. Si le postulat de départ bien qu’un peu dingue pouvait être intéressant, il est traité avec une trivialité telle que le tout s’essouffle en très peu de temps. La recherche de suspense au-delà du bon sens rend le film vide puisqu’on attend toujours la dernière minute pour les révélations qui font (un peu) avancer l’histoire. Une balade inutile pour un retour au camping tout aussi inutile. Comme disait l'autre : "si j’avais su, j’aurais pas venu".  

 

Photo Star Trek VLa lumière au bout du tunnel : le générique de fin

 

5. Star Trek IV : Retour sur Terre

Il se passe quoi : Après la mission Genesis et le retour d’un membre de l’équipe, le capitaine Kirk et ses collègues se dirigent sur Terre pour des petites vacances. Mais, une nouvelle embuche vient se mettre dans les réacteurs du vaisseau, car une grosse machine prend également le chemin de la bonne vieille Terre, bien connue pour être la planète la plus poissarde de la galaxie. L’OVNI pousse des drôles de borborygmes que l’équipe identifie rapidement comme étant des chants de baleines, espèce éteinte à leur époque. Heureusement, Spock est sur le pont et, en deux-trois coups de cuillère à pot, trouve la solution : il faut retourner dans le passé pour kidnapper des baleines. 

Un petit tour du soleil plus tard, tout le monde est à San Francisco dans les années 1980. Spock se déguise en karaté-kid pour aller voler des baleines pendant que Chekov joue les espions russes en quête d’armes nucléaires en pleine Guerre froide. Heureusement, la bande de bras cassés du futur est aidée d’une scientifique pour récupérer les baleines, qui s’embarque au passage avec eux pour un retour vers le futur. On jette les gentilles bêtes dans l'Océan, la grosse machine ne veut plus détruire la Terre, car elle a récupéré ses copains, les membres de l’Enterprise sont des héros.  

 

photo“La route ? Là où on va, on n’a pas besoin de route !”

 

Pourquoi ce n’est pas si terrible : Si Star Trek l'a toujours joué plus sérieuse que sa concurrente Star Wars avec des sous-textes écologiques, métaphysiques ou politiques, la saga sait aussi faire dans le guignol. Si ce n’est pas forcément bien exécuté, il faut reconnaitre que c’est suffisamment débile pour être drôle. Rien que le postulat de départ vaut son pesant de ridicule : remonter le temps à la recherche de baleines chantantes. Propulsé dans les années 80, l’équipage nous fait Les Visiteurs inversés et c’est une vraie comédie décalée.

Enfin, ça pourrait si tout n’était pas pris au premier degré pour donner une leçon d’écologie bien lourde offerte par le réalisateur qui est ici Leonard Nimoy. Mais avec le recul nécessaire, on peut prendre une bonne dose de rire. Loin de l’espace, Star Trek se mue en une étrange comédie sur Terre qui ne manque pas d’absurde. Un drôle de Sauvez Willy qui n’a pas beaucoup de sens et qui n’arrive pas vraiment à plonger dans le sérieux et c’est peut-être ça la meilleure réussite du film : avoir parfaitement raté son message. Au moins, on ne s’ennuie pas.  

 

photoEn route pour la pêche aux gros petits scarabées

 

Pourquoi c’est quand même super nul : La question que l’on se pose d’entrée est : où est passée la SF ? Jamais un film Star Trek n’aura aussi peu eu l’air d’un film de science-fiction. Faire débarquer tout le monde dans le passé n’était pas une mauvaise idée d’un point de vue économique pour s’éviter les effets spéciaux, mais cela crée une distance non négligeable et un effet comique souvent involontaire. Pas de combats spatiaux et pas de vaisseaux, car ce dernier - par un twist de scénariste - est toujours invisible (encore merci pour le porte-monnaie). Ce qui serait drôle pour un épisode spécial d’une série est juste triste pour un film au complet.  

Si l’histoire du film est bête à pleurer, c’est à cause d’un manque de subtilité affligeant de la part de Leonard Nimoy. On sait que l’interprète de Spock est un fervent défenseur du droit animal, mais le sous-texte ici est aussi subtil qu’un bon gros clin d’œil. Des baleines qui parlent à Spock et une leçon bien culpabilisante plus tard, le film est plus une pub pour la PETA qu’un film de SF. La seule scène d’action du métrage est “le combat” entre le vaisseau et un baleinier qui a pris en chasse les mastodontes deux minutes après leurs remises à l’eau. On est loin des coups de torpilles dans l’espace.  

Si l’histoire générale est suffisamment bête pour être drôle, il y a parfois des moments où le ridicule, s’il ne tue pas, dépasse largement la limite autorisée. Les facilités sont déplorables ou comment sauver le monde à coup de DeLorean spatiale. Mais là où le bât blesse, ce sont toutes les fois où les membres de l’équipage, des gens extrêmement brillants, passent pour des débiles illuminés où leur ignorance est un gag inconcevable. Tout cela saupoudré d’un petit côté Benny Hill et le film prend des dimensions ubuesques. Moralité, protégeons les baleines, car un jour elles pourraient nous sauver des aliens.   

 

photoUne belle bande de branquignols

 

4. Star Trek III : À la recherche de Spock

Il se passe quoi : Spock est mort. Tragiquement décédé pour sauver l’équipage, le corps du complice de Kirk a été envoyé après une cérémonie sur la toute nouvelle planète Genesis dont personne ne connait rien, mais ça semblait une bonne idée sur le coup. Bien sûr, le pouvoir de la planète parvient à ramener le bon Vulcain à la vie. Alors que tout le beau monde de l’Enterprise est mis à pied, tous se liguent pour voler le vaisseau afin de retrouver leur camarade malgré l’interdiction de la Fédération. 

Des Klingons s’en mêlent et veulent récupérer le pouvoir de Genesis même si on leur répète que ce n’est vraiment pas une bonne idée. On se querelle et on joue les Indiana Jones sur la nouvelle planète pour récupérer un Spock qui est en pleine crise d’ado, montée d’hormones et de boutons en prime. La planète menace d’exploser et le fils de Kirk se fait tuer, mais on s’en remet très vite, car Spock pète le feu. Le méchant Klingon est vaincu et Spock se fait rebrancher. Un épisode où il ne s’est rien passé, mais on récupère notre Vulcain préféré alors ça va.  

 

photoGenesis, planète exotique

 

Pourquoi c’est un peu mauvais : Tout d’abord, ça manque cruellement de rythme et c’est bien dommage, car l’intrigue assez convenue de ce troisième volet réalisé par Leonard Nimoy aurait bien mérité un petit coup de pied au derrière. L’action est assez molle et ne comporte qu’une seule quête dont le spectateur moyen pas trop naïf arrivera à visualiser l’issue dès les premières minutes du film. Mais surtout, c’est la très étrange proportion de chance et de hasard dans le récit qui rend le troisième opus mal cousu pour finir rapidement déculotté. Plus de théories scientifiques complètement hallucinantes, mais juste le bon vieux coup de bol qui rend le tout pas très digeste.  

Comme c’est déjà un peu le bazar cette recherche de Spock, les moments lunaires sont d’autant plus visibles. Peut-être que cette approximation est due à la présence de Leonard Nimoy à la caméra et au scénario. S’il se débrouille bien mieux que son camarade William Shatner (difficile de faire pire en même temps), Nimoy n’est pas Spielberg pour autant et transforme cette grande aventure en quelque chose d’un peu mou au suspense aussi invisible que les vaisseaux klingons. Si les combats à mains nues exposent très clairement que les acteurs de Star Trek ne sont pas les disciples de Bruce Lee, la mise en scène laborieuse met en évidence l’âge et le manque de souplesse du bon capitaine.  

 

photoTa mère qui a encore acheté des peignoirs assortis pour toute la famille

 

Le manque de rythme et la mise en scène pas très léchée passent encore, mais le ridicule du méchant reste en travers de la gorge. Joué par Christopher Lloyd, le vilain klingon (encore eux) n’arrive jamais à être complètement dans le second degré ce qui le rend juste caricatural. Kruge n’apporte strictement rien à l’intrigue et expose un Christopher Lloyd en caricature de lui-même, les yeux exorbités et l’air ahuri.  

Pourquoi c’est quand même mieux : L’attrait principal de Star Trek : À la recherche de Spock c’est que pour une des premières fois de la saga cinématographique, on quitte la clinique du vaisseau pour de bon et on va se balader sur le sol ferme. On a le plaisir de voir des paysages extraterrestres très imagés et des drôles de bestioles aliens. Après deux premiers opus qui restent presque toujours dans le vide sidéral volant dans des boites de conserve sans âme, l’arrivée sur la planète Genesis est une bouffée d’air frais. Une nature luxuriante qui apporte le changement nécessaire pour rendre le film attrayant.  

Mais comme toujours, il faut creuser un peu pour trouver de l’or chez Star Trek. Ici, le sous-texte mêlant écologie et dénonciation de la Guerre froide est assez subtil pour mériter d’être évoqué, car la finesse n’est pas toujours le point fort de la saga. Si l’on connait l’engagement écologique de Leonard Nimoy, il n’est pas étonnant qu’il transparaisse alors qu’il passe derrière la caméra. Un plaidoyer pour la nature qui a le bon goût de rester en arrière-plan de l’action (à l'inverse du film suivant comme on le disait plus haut). Si la trame principale pèche par manque de substance, les autres fils rouges sont aussi complexes qu’intelligents.  

Mieux, le tout tient la route, car présenté dans un écrin d’effets spéciaux de qualité grâce à l’argent obtenu avec le gros carton du deuxième film. Fini les vaisseaux qui ressemblent à des maquettes en carton suspendus à un fil. Cela se ressent surtout sur la planète Genesis qui se transforme avec réussite en une sorte de Mordor enflammé. Si on passe un moment ni agréable ni désagréable, le troisième film offre quelques rebondissements et surtout l’élan pour continuer la saga, à savoir le retour d’un Spock adoré par les fans.  

 

photo"Mr Sulu, armez les torpilles"

 

3. Star Trek VI : Terre inconnue

Il se passe quoi : Après l’explosion de leur Lune, les Klingons doivent faire la paix avec la Fédération pour leurs propres survies après plus de soixante-dix ans de guerre. L’Enterprise est chargé d’escorter la délégation klingonne vers la Terre pour discuter de paix, mais une attaque inconnue menée par des genres de stromtroopers provoque la colère des Klingons qui réclament la tête de Kirk et du bon docteur McCoy. Une parodie de procès plus tard, les deux compères sont envoyés en camp de travail sur une planète glaciaire. Kirk pécho et s’échappe en quelques heures avec un McCoy un peu inutile.

Pendant ce temps, l’équipage mène l’enquête dans le vaisseau à la recherche d’indices prouvant l’innocence de leurs compagnons. On découvre alors que l’alliée de toujours était un agent double. L’équipage, après avoir récupéré le capitaine et Bones, vole à toute allure alors qu'il est poursuivi par les Klingons toujours pas contents pour aller sauver le G20 organisé pour la paix entre les Klingons et la Fédération. Tout le monde est blanchi et Kirk et son équipage sont à nouveau des héros.  

 

photoIndice, le traitre a les oreilles pointues

 

Pourquoi c’est vraiment pas mal  Le dernier volet avec l’équipe originelle au complet joue à fond la carte de la nostalgie. On va se dire au revoir alors c’est le moment de faire le bilan et de glisser des “inside jokes” à destination des fans. Pour les trekkies, le sixième film est comme un petit bonbon où la saga arrive à tirer sa révérence avec brio. Et rien que pour ça, cela vaut le détour. Après les deux derniers films qui étaient des catastrophes, le dernier tour en Enterprise se fait mélancolique en revenant aux bases de la franchise. Les personnages ont évolué et ouvrent la voie pour de nouvelles aventures.   

Comme toujours chez Star Trek le sous-texte offre un angle souvent plus intéressant que les péripéties au premier plan. Après avoir évoqué la Guerre froide, le dernier film se dévoile en période post-chute du mur de Berlin. Une réflexion sur le vivre-ensemble après tant de haine qui se veut pleine d’espoir. Et on peut y ajouter la réflexion des personnages sur l’âge qui résonne parfaitement, à la fois avec les acteurs qu'avec la fin de la saga.  

Le dernier film signe surtout le retour de Nicholas Meyer réalisateur du second film. D’emblée, cela signifiait moins de guignoleries. Le rythme est maitrisé et bourré d’action avec des combats parfois inattendus qui font monter la sauce. L’histoire est peut-être moins complexe, mais c’est là son point fort, plus simple et ainsi mieux maitrisé. Des personnages géniaux portés par les incroyables Christopher PlummerKim Cattrall ou encore la mannequin Iman et des rebondissements qui laissent le spectateur collé à son siège. Star Trek et l’équipage de l’Enterprise offrent un dernier tour de piste qui permet de sauver une saga qui prenait l’eau.  

 

photoOn me dit dans l'oreillette...

 

Pourquoi ce n’est pas encore ça : Si le film redore le blason de la franchise, il souffre de ses prédécesseurs en particulier par le manque de moyens assignés aux effets spéciaux. Le sixième film ne semble pas avoir eu recours au dernier cri en matière de trucages. Bien des scènes semblent être le fruit d’un dessin rapide sur une tablette graphique de l’âge de pierre numérique. Il y a une véritable chute dans la qualité des effets qui tournent en ridicule une action toujours palpitante et c’est bien dommage.  

Les facilités, qui sont légion dans le film, alourdissent l’action en la rendant parfois triviale. Le moindre problème est résolu en moins de temps qu’il ne faut pour dire Kobayashi Maru. Une évasion de prison de la part de Kirk et McCoy qui rendrait Steve McQueen jaloux après un procès qui est loin de l’identité de Star Trek par son côté terrien-centré qui oublie l’ouverture à des cultures extraterrestres. Comme si les Klingons disaient “objection votre honneur”, le procès rappelle un mauvais épisode de New-York, Police Judiciaire. Ainsi le dernier volet s’expose dans une tension qui sonne parfois creux.  

 

photoÀ la vôtre, vieux pirate

 

2. Star Trek : Le film

Il se passe quoi : Après la fin de la série, l’équipage de l’Enterprise repart vers de nouvelles aventures. Ici, une entité étrange fonce droit vers la Terre (comme toujours, planète cible de tous les bidules de la galaxie). James T. Kirk remplace au pied levé Decker, le capitaine de l’Enterprise, pour découvrir de quoi il en retourne. Le vaisseau et son équipage entrent dans le nuage causé par l’entité et commencent un voyage métaphysique. On se balade dans le nuage, dans l’entité et on tape un peu la discute avec elle. 

Celle-ci est à la recherche de son Dieu, V’Ger le créateur, pour comprendre le sens de la vie. Une entité un peu fâchée et condescendante qui va vite redescendre en apprenant que son créateur c’est l’Homme. Eh oui, car la grosse machine n’est autre que Voyager IV, la vieille sonde exploratrice de feu la NASA. Pour offrir à la machine une nouvelle perspective d’avenir, Decker copule avec la clé USB géante. C’est étrange, bizarre et inattendu. Les Hommes rencontrent Dieu : ils sont les seuls créateurs et il n’y a personne d’autre.  

Pourquoi c’est super : C’est complètement dingue et surtout osé de la part du réalisateur Robert Wise pour une entrée en manière sur le grand écran. Après le succès populaire de la série, commencer l’aventure au cinéma par un OVNI métaphysique demandait un courage gros comme un camion (ou un Enterprise). Une quête qui tient presque du pèlerinage avec la machine V’Ger à la recherche de son créateur. Un questionnement philosophique profond sur la recherche de but dans l’existence qui prend au dépourvu l’aficionado de la série en le plongeant dans un kaléidoscope qui n’a rien d’autre à offrir que lui-même et son sublime périple spirituel.    

 

photo, Leonard NimoyV'Ger explore l'humanité

 

Alors que Star Trek se caractérise par sa légèreté et son humour, le premier film se détache complètement de ce chemin pour revêtir un voile de froideur à l’image de l’espace sidéral. Presque toujours filmé isolé dans le cadre, l’équipage semble être composé d’individus seuls et n’est plus ici un organisme multi-cellulaire. Tout est aseptisé et glaçant, si froid que la sexualité et le contact apparaissent comme une affaire de machines. Un monde sans âme ni sentiment qui, pour la première et unique fois de l’histoire de la saga, donne une vision cauchemardesque du futur.  

Un film qui semble très inspiré par 2001 : l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Surtout que c’est Douglas Trumbull qui était chargé de filmer les machines du film comme il l’était sur le tournage de 2001Des scènes grandioses et lentes qui dénotent avec l’action rapide et l’ADN de la série Star Trek. Un film entre trip de lumière et longs silences qui exposent les mauvais côtés de l’hyper technologie. Le film semble aussi se placer en héraut de Blade Runner de Ridley Scott avec une réflexion sur la responsabilité humaine face à ses créations. Une claque visuelle et sonore qui fait figure d’exception.  

 

photoLes entrailles de V'Ger

 

Pourquoi ce n’est pas le meilleur : On est à des années-lumière de l’esprit de la série. Un récit lunaire qui peut perdre bien des fans du show télévisé sur son chemin vers Dieu. Si les effets spéciaux sont suffisamment grandioses pour ne pas tourner en ridicule cette quête spirituelle, son principe même est complètement hallucinant et en décalage avec la vision du créateur de la série Gene Roddenberry. Tout ici est déstabilisant jusqu’au malaise. Une position difficile à accepter pour les trekkies qui n’étaient pas venus pour ça, mais pour une épopée spatiale drôle et sensationnelle. 

Surtout, il n’y a pas vraiment d’histoire et 0% d’action. Tout est d’une lenteur exacerbée qui peut rendre cingler les plus anxieux d’entre nous. Comme un récit initiatique dans le vide, le film n’offre aucune autre confrontation que les peurs intérieures des personnages et ce n’est pas cela qui crée des bastons à coups de torpilles à photons. Pas d’antagonistes klingons bruts de décoffrage, mais une exploration du nuage de V’Ger pendant près d'une demi-heure qui semble sans fin. Un grand rien qui déconcerte si l’on n’est pas happé dans son sillage.  

 

photoUne très lente avancée vers l'inconnu

 

1. Star Trek II : La Colère de Khan

Il se passe quoi : Alors que l’Entreprise est devenu un vaisseau de formation pour les jeunes cadets de Starfleet, certains membres de l’équipage croisent la route d’une vieille connaissance : Khan. Ce dernier veut s’approprier le pouvoir créateur du projet Genesis du docteur Markus (encore une ex de Kirk) après avoir été mis en exil par James T. des années auparavant. Poussé par une quête de vengeance folle, Khan va tout faire pour anéantir son ancien ennemi et ses copains. 

Un combat de titans entre Khan et Kirk se prépare à grands coups de combats spatiaux contrebalancés par la découverte du fils de Kirk : David qui ne semble pas très fan de son père. Tout fini sur le sacrifice de Spock pour sauver l’équipage et un échange émouvant entre père et fils. Création de planète, sacrifices et révélations au rendez-vous pour un second volet sensationnel qui se reconnecte avec l’esprit de la série après un premier opus tenant de l’OVNI. 

 

photo"Khaaaaaaaaan !"

  

Pourquoi c’est génial : C’est un véritable retour aux sources avec le deuxième film réalisé par Nicholas Meyer. Après une arrivée au cinéma qui avait décontenancé, La colère de Khan revient aux fondamentaux et le fait très bien. Collé à l’identité de la série, le film est un cri de ralliement pour tous les trekkies un peu perdus. Un film qui semble fait pour les fans et il faut le dire, on boit du petit lait. Le deuxième opus va poser les bases de la suite de la franchise jusque dans les films plus récents réalisés par J.J. Abrams. Khan et le Kobayiashi Maru crèvent l’écran dans un enchevêtrement d’action aussi folle que fichtrement satisfaisante. C’est du vrai bon Star Trek de premier cru.  

Et surtout, c’est le retour du méchant le plus emblématique de tous : Khan Noonien Singh incarné par le génial Ricardo Montalban, némésis ultime de Kirk. En référence à l’épisode le plus populaire de la série, Les Derniers Tyrans (épisode 22, saison 1), on retrouve le Conan le Barbare de l’espace et ça fait vraiment plaisir. Une quête de vengeance glacée virant à la folie qui permet de passer sur le look Woodstock de Khan qui le rend visuellement moins effrayant. Mais une fois n’est pas coutume, il y a un vrai méchant dans Star Trek, un antagoniste identifiable avec un objectif clair. On prend un vrai pied.  

 

photo, Ricardo MontalbanLa coupe mulet n'a jamais été aussi bien portée

 

On a gagné bien des degrés depuis le film précédent. Effectivement, l’équipage a retrouvé sa chaleur caractéristique. On redécouvre l’alchimie entre Kirk et Spock, et ce dernier, s’il n’est toujours pas un joyeux luron n’est plus la plaque de givre qu’il était dans le précédent volet. Le brave Jim T. est lui aussi plus humain et étale son affection pour le vulcain qui le lui rend bien. Une bromance qui nous avait manqué et qui suffit à notre bonheur.  

Un film qui met en exergue la crise identitaire de Kirk avec beaucoup de justesse. Alors que les autres films ont tendance à essayer de camoufler l’âge vieillissant du casting, La colère de Khan prend le problème à bras le corps. Une réflexion sur l’âge et le clash entre capacité et envie qui offre une profondeur à la vengeance du personnage de Montalban faisant du film un petit chef-d'œuvre, n’ayons pas peur de le dire.  

 

photo, William Shatner, Leonard NimoyTorrent de larmes en approche

 

L’action et la tension ne diminuent jamais passant de batailles spectaculaires en combat à mains nues et autres scènes de tortures abominables qui n’ont pas aidé à l’insertion des pince-oreilles dans la société. Le résultat est un équilibre parfait entre action et humour couronné par une violence graphique rare chez Star Trek. Ça explose, ça éclabousse de sang et de macchabées. C’est complètement dingue du début à la fin, on en oublierait presque de respirer.  

Pourquoi on peut chipoter : On pourrait relever le fait que les effets spéciaux et les décors en carton-pâte ne sont pas à la hauteur d'un récit toujours sur les chapeaux de roues. Mais au fond, on s’en fiche un peu. Quand on prend un pied pareil, ce n’est pas très grave si le rocher ressemble à une grosse boule de papier. Le film est un cadeau fait aux fans et on n'est pas du genre à refuser un tel présent. 

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commentaires
Karlito
17/05/2021 à 08:38

Mon petit classement:

1- Star trek le film -> le plus visuel de la série avec une vraie idée de mise en scène et un travail de fond. S'il manque d'humour, il le rattrape par une sensation d'une immensité de l'espace.

2- La dernière frontière -> un film malade, mais, il y a une tentative d'élargir l'univers à film dans des décors naturels et d'approfondir les relations entre les trois personnages principaux. La réalisation est aussi à mettre en avant, avec des angles à la Sergio Leone. La scène du deuil de MacCoy est à mettre dans ce que la série a fait de mieux pour donner de l'épaisseur et de l'émotion à ce docteur (avec cet échange en silence et ce sourire discret avec Kirk dans Start Trek 1 lors de sa première apparition).

3- La colère de Khan -> bien qu'il réduit à la portion congrue l'univers de Star Trek, il réintroduit la partie "pulp" de la série d'origine avec une réalisation carrée. Batailles plutôt bien amenées et un final à tirer des larmes, qui sauve une bonne partie du film.

4- Retour sur terre -> Starfleet académie face à Police académie, des moments drôles et surtout une respiration après les deux films précédents et son cortège de morts. À l'époque, le film a été un grand succès et le message des baleines porteur.

5- À la recherche de Spock -> une réalisation mollassonne et un poil ennuyeuse. Les Klingons relèvent la sauce. Le film a mal vieilli avec ses décors de cartons.

6- Terre inconnue -> bien que la scène de l'assassinat soit très percutante à l'époque, l'histoire qui veut faire un parallèle avec la fin de l'URSS et grime le chancelier klingon en Abraham Lincoln de pacotille était déjà surannée à sa sortie. Un goût de naphtaline et une impression de voir un quelconque épisode de la série d’origine. Et encore des Klingons!

Tuk
17/05/2021 à 00:56

Selon mon humeur, ils sont tous bien !

Arnaud (Le vrai)
16/05/2021 à 22:59

Un dossier qui ne parlera pas a grand monde je pense :)

Sinon plutot d'accord avec le classement, le 5 en dernier et le 2 en premier, le 6 pas trop mal placé ... Apres perso j'aime bien le 4, son coté ecolo-comedie en fait un genre d'OVNI dans la saga et reste tres fun je trouve.

Pour revenir au premier film, il est vrai qu'il est tres particulier. On sent que Robert Wise a tenté quelque chose, c'est partiellement reussi, tres contemplatif, tres lent, assez experimental ... ca leur a valut une nomination aux oscars c'est pas mal.

Un dossier similaire est prevu pour les 4 films de la Next Gen ? (ceux de l'univers Kelvin on s'en tape hein). Parce que dans les opus Next Gen y a de tres tres bons morceaux, meme dans les plus décrié (et voir Tom Hardy a l'epoque c'est assez drole)

tal'lulu
16/05/2021 à 22:28

merci pour ce beau dossier!!
ça m'a donné envie de les revoir meme les pires!!
par contre, d'un point de vue personnel, j'apprecie beaucoup star treck 4 que je trouve drole!
bon, je l'ai decouvert a l'epoque enfant donc je n'ai pas forcement le jugement le plus objectif.

Sana-Kan
16/05/2021 à 13:12

Je suis heureux de voir le premier film si haut dans le classement, lui qui est parfois bien mal aimé. Je l'ai découvert chez un ami qui avait l'intégrale en VHS, et on l'avais regardé un dimanche après-midi sur une télé à tube cathodique... Donc pas les meilleures conditions du monde, mais j'étais fasciné. Pour moi c'est ce que doit être la science-fiction spatiale : la découverte de l'inconnu, de l'incompréhensible. Et puis ces maquettes... Et ce twist final...
Après je reconnais qu'il a des problèmes de rythme, le tour de l'Enterprise c'est vraiment too much, mais les 20 minutes de traversée de la nuée et le long du vaisseau de V'Ger, si cela en repoussera plus d'un, personnellement je trouve ce passage magique, et peut-être assez unique dans l'histoire du cinéma.