Spider-Man : Homecoming - critique à tisser

Geoffrey Crété | 23 mai 2022 - MAJ : 04/01/2024 17:59
Geoffrey Crété | 23 mai 2022 - MAJ : 04/01/2024 17:59

Après son entrée dans le MCU (Marvel Cinematic Universe) au milieu de Captain America : Civil War le nouveau Spider-Man incarné par Tom Holland arrive dans sa première aventure solo. Fruit d'un accord entre le studio Marvel et Sony, qui possède les droits du personnage, Spider-Man : Homecoming de Jon Watts, avec notamment Michael Keaton en Vautour, est donc très attendu. Le nouveau reboot de l'homme-araignée fera t-il mieux que les Amazing Spider-Man avec Andrew Garfield, dont les suites avaient été annulées après la sortie compliquée du deuxième épisode ? Le spectre de la trilogie bien-aimée de Sam Raimi plane t-il encore sur la franchise ?

POWERED BY AVENGERS

Spider-Man a donc été adopté par les Avengers. Suite à un accord entre les studios Marvel et Sony officialisé en février 2015, l'Homme-Araignée a pu retrouver une nouvelle impulsion, avec Tom Holland (The ImpossibleThe Lost City of Z) pour prendre le relais de Tobey Maguire et Andrew Garfield.

De quoi organiser une reconstruction de la marque après les sorties compliquées de The Amazing Spider-Man et sa suite The Amazing Spider-Man : Le destin d'un héros : si le box-office a été a priori honorable (environ 757 millions pour le premier et 708 pour le deuxième, pour des budgets autour de 250 millions), il n'a pas été à la hauteur des films de Sam Raimi, côté critique et public (entre 783 et 890 millions de dollars). Les plans de suites et spin-off ont donc été annulés, après avoir été annoncés en fanfare. 

 

Photo Tom HollandTobey Maguire Andrew Garfield Tom Holland est Spider-Man

 

Le Spider-Man nouveau est donc arrivé : plus jeune, plus drôle, plus vif, plus cool et plus que jamais décidé à s'incruster à la grande fête des super-héros avec Iron Man, Captain America et compagnie. Spider-Man : Homecoming le hurle dès son introduction qui renvoie directement au premier Avengers et à Captain America : Civil War. Le message est clair, impossible de le rater.

Le film entier est d'ailleurs construit sur son rapport à l'univers des Avengers : du grand méchant Vautour (Michael Keaton) aux motivations de Peter Parker, Spider-Man : Homecoming mise sans détour sur la familiarité et la parenté pour s'imposer comme une nouvelle pierre à l'édifice Marvel, et comme une évidence pour les fans. À ce titre, le blockbuster remplit sa mission, et pourra sans effort contenter le public visé.

 

Photo Robert Downey Jr., Tom Holland, Jon Favreau"Viens petit, je vais te présenter mon banquier, tu vas pas le regretter"

 

BREAKFAST CLUB

Spider-Man : Homecoming a la décence de ne pas remettre en scène des moments qui seraient devenus presque parodiques après avoir été filmés par Sam Raimi et Marc Webb. Pas de flashback pour la morsure de l'araignée ou la mort de l'oncle Ben, mentionnés au détour d'une scène, ou d'explication sur la toile mise au point par le petit génie : Spider-Man affrontera bien entendu des épreuves pour devenir un meilleur super-héros et un meilleur individu, mais le film tente d'explorer de nouveaux territoires. 

Le Homecoming du titre a ainsi un double sens. D'un côté, cette soirée qui réunit les anciens et nouveaux étudiants dans les lycées et collèges américains rappelle que Spider-Man en est à sa troisième version au cinéma, avec cet étrange sentiment de familiarité et nouveauté parfaitement assumé ici. De l'autre, il installe clairement le blockbuster dans un cadre de teen movie revendiqué dès les premières minutes, où la logorrhée de Peter Parker envahit l'écran et occupe tout l'espace. 

 

Photo Tom Holland, Jacob BatalonSpidey et son meilleur ami, interprété par Jacob Batalon

 

Avec sa voix fluette, ses yeux écarquillés et sa vivacité, Tom Holland apporte ainsi une énergie nouvelle au personnage. Plus crédible qu'Andrew Garfield en ado, il propulse l'homme-araignée dans un amusant univers de teen movie qui correspond plus à un film avec Michael Cera qu'à une superproduction parrainée par Iron Man. C'est ce qui donne une force au film, qui se démarque clairement des versions de Marc Webb et Sam Raimi.

Et Spider-Man : Homecoming a la bonne idée d'assumer pleinement cette nouvelle direction légère. Le réalisateur Jon Watts (Clown, Cop Car) s'intéresse plus à ces adolescents qu'au cahier des charges du blockbuster, et apporte nettement plus de cœur à leurs aventures dans les couloirs du lycée qu'aux grandes séquences d'action. C'est grâce à cette dynamique que le film intègre naturellement le MCU : le fameux humour de Marvel passe par cette bande de stéréotypes attachants, traités avec suffisamment de tendresse et de bienveillance pour permettre à la machine de tourner.

 

Photo Tom HollandSpider-Man et la nouvelle vidéo L214

 

Du meilleur ami complice à la belle fille du lycée, en passant par la petite rebelle cynique qui offre une flopée de punchlines, Homecoming s'amuse avec les clichés. Le nouveau modèle de la tante May, passée de Rosemary Harris à Marisa Tomei, est évoqué plusieurs fois avec humour, tandis que Peter Parker lutte pour apprendre à maîtriser son costume high tech créé par Tony Stark (avec la voix de Jennifer Connelly).

Même Tony Stark, mis au premier plan de la promo, occupe au final une place modérée dans le récit (contrairement à un Happy Hogan trop présent). Les ficelles sont classiques, mais le film n'en abuse pas. À défaut d'être follement étonnant de ce côté, Spider-Man : Homecoming est efficace, bénéficiant même parfois d'un très bon sens du timing comique. 

 

Photo ZendayaZendaya dans la peau d'un personnage qui risque de marquer les esprits

 

DIE AND RETRY

En revanche, le film brille moins dès qu'il entre sur les terres du blockbuster. Lorsque l'action et les effets spéciaux reviennent au premier plan, Homecoming n'est pas à la hauteur du cahier des charges, et n'a pas grand-chose à défendre. La faute d'abord à un manque d'inventivité et d'audace dans le spectacle, avec une poignée de séquences à effets qui se révèlent trop ordinaires pour emporter ou impressionner. L'une des scènes les plus spectaculaires sera peut-être celle du ferry, montrée dans la promo : elle est certes efficace, mais souffre de la comparaison évidente avec celle du métro dans Spider-Man 2 de Sam Raimi.

Et c'est là que Spider-Man : Homecoming illustre une grande problématique du film de super-héros : inventer et réinventer l'action, reproduire une formule qui marche tout en y apportant quelques éclats pour rayonner. Alors que le genre occupe une place massive sur le marché, avec un embouteillage dans les salles, le spectateur est saturé d'images d'explosion, de destruction et de courses poursuites. Pour impressionner, il est donc vital d'offrir quelque chose de neuf, à un niveau ou autre. En ça, le nouveau Spider-Man ne satisfait pas véritablement.

 

Photo, Tom HollandLa toile de Jésus-Man 

 

Ce n'est d'ailleurs pas anodin si l'intrigue du Vautour est liée à la récupération de déchets laissés par les Avengers après leurs triomphes : en tant que troisième version de l'homme-araignée, incorporée pour d'évidentes raisons commerciales dans le MCU, le film de Jon Watts est un recyclage clair, composé en trop grande partie d'éléments considérés comme sûrs et stables. Et s'il n'a rien de honteux, l'antagoniste incarné par Michael Keaton n'a au final rien de bien mémorable, malgré une petite astuce qui redynamise la dramaturgie dans la dernière partie.

 

Photo Michael KeatonBirdman : le retour

 

TISSER DANS LA TOILE

Mais au-delà du manque d'originalité dans la chorégraphie de l'action, et d'une pauvreté globale en termes de spectacle hollywoodien, Spider-Man : Homecoming surprend par sa fadeur. Avec sa photographie plate et son montage qui déraille dès que l'action s'emballe, le film ne laisse aucune empreinte de cinéma sur la rétine.

Alors que Doctor Strange a en partie masqué sa formule classique par une poignée d'images saisissantes, que Les Gardiens de la Galaxie a apporté un arc-en-ciel de couleurs jusque dans sa promo, avec un Thor : Ragnarok qui se place clairement dans sa lignée, Spider-Man : Homecoming semble bien éteint. De là à dire qu'il s'agit de l'un des films Marvel les moins excitants visuellement, il n'y a qu'un pas.

 

Photo , Tom Holland, Tony RevoloriBizarre ce cosplay

 

Que Jon Watts n'offre aucune véritable idée de mise en scène n'aide pas. Lorsqu'il s'amuse avec un gros clin d'œil au teen movie culte des années 80 La Folle Journée de Ferris Bueller, il y aura un plan du film de John Hughes sur un téléviseur, pour mieux indiquer le sens de la lecture au public. Lorsque l'action se déplace dans les airs quand Spider-Man affronte le Vautour, elle devient illisible, avec des images confuses et un montage indigeste qui dénotent au milieu d'un film sinon très carré.

Le réalisateur semble finalement bien plus à l'aise lorsqu'il filme son héros courir dans les jardins, saluer des inconnus et effrayer malgré lui deux enfants, que lorsqu'il le met en scène en tant que véritable super-héros, solennel et hollywoodien.

 

Photo Tom HollandTrop jeune pour ces conneries

 

C'est d'autant plus dommage que le film amuse souvent et bénéficie d'un rythme solide. La plupart des gags fonctionnent bien, les acteurs (et notamment les jeunes) apportent une certaine fraîcheur comparés aux stars du MCU, et le scénario balaye joyeusement d'un revers de la main quelques motifs banalisés du genre, notamment en ce qui concerne l'identité secrète de Peter Parker (voir l'ultime seconde du film). Par ailleurs, le design des armes conçues par le Vautour semblait promettre des couleurs bienvenues dans cet univers urbain bien pâle, mais elles resteront bien mineures dans l'action malgré la foule de noms jetés au visage du spectateur curieux.

 

PhotoHadoken

 

Arrive donc le refrain trop habituel qui en ravira certains, et en exaspérera d'autres : Spider-Man : Homecoming est un blockbuster classique qui assure le service sans trop se mouiller, avec la ferme intention de rentrer dans le droit chemin du MCU pour suivre la direction plébiscitée par le public. C'est à la fois sa force (le film est parfaitement calibré pour être un succès en salles, et installer une nouvelle franchise en charmant un public probablement plus jeune) et sa faiblesse attendue (le film est en grande partie une photocopie, sans identité claire et satisfaisante). Difficile de le détester, et encore plus de l'adorer.

La seule chose qui sauve Spider-Man : Homecoming est sa légèreté parfois délicieuse et sa candeur assumée, qui trouvent ici un souffle plus honnête grâce à un cadre plus amusant que la plupart des autres films Marvel. De ce côté, le film tire le meilleur de la formule du MCU, dont l'humour est devenu la marque de fabrique. Il lui fallait au moins ça pour contrebalancer la mollesse au niveau du spectacle.

 

Affiche

Résumé

Adopté par Marvel, Spider-Man est plus jeune, plus vif, plus cool : la nouvelle version du super-héros amuse et séduit par sa légèreté et son énergie de teen movie. C'est là que le film marque le plus de points, puisqu'il n'offre rien de bien fameux et mémorable côté spectacle, la faute à un manque cruel d'inventivité et une mise en scène terne.

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commentaires

05/11/2021 à 10:56

Destiné à un public enfantin, humour loin d'être drôle. Casting et personnages bâclés. Disney a tué Sony et c'est bien triste.

Garamante
25/05/2021 à 19:58

Pour mettre un peu de bonheur sur cette page morose et pleins de de mots assassins (très fréquents sur EL) :et bien moi j'adore ce film ! C'est fun et Tom Holland est juste parfait.

Y Boy
24/05/2021 à 08:08

A la fin du film une question s'impose : qu'avaient-ils à raconter ?
Visiblement rien. Un néant abyssal.

Coralie10
17/02/2021 à 18:20

Un navet. Aut

Gloss
05/01/2021 à 12:22

L'un des pires films du MCU selon moi,et la pire version du héro. Tom Holland, la version lycéenne, et l'idée de "renouveau" j'ai bien aimé, mais le spider-man débutant, maladroit et sous-fifre de Tony Stark c'est trop. Ça me rappelle plus le Flash de la Josstice League en fait, avec les scènes d'action qui resument le mot "blague".Un spiderman digne de Disney en effet, le pire de tous ses adaptations.

Daddy Rich
03/01/2021 à 14:19

Quelle bouse immonde!!!!!!!!!!!!!! (Allez je suis sympa, je sauve M.KEATON)

Ridjy69
03/01/2021 à 00:56

Très déçu de cette adaptation fade et uniquement pour un public enfantin. La trilogie de sam raimi a veilli c'est vrai mais est tellement culte et la saga de marc webb tellement sous-estimé, nous ont été privé trop tôt pour avoir un Tom Hollande digne de Disney c'est triste....

Galt
02/01/2021 à 10:27

Je ne l'ai pas regardé mais c'est de la mer*e.

Lebon nj
01/01/2021 à 18:51

Ce film est nul avec des enjeux nul avec un Tom Holland un peu intéressant mais qui en fait un peu trop parfois dans son rôle !
Ce film est un film pour ado (bon j'ai 14 ans mais je suis comme tout les autres ado)vraiment pas intéressant a regardé !
Et le vautour est la seule chose qui m'a poussé à finir le film

Spiderbat
01/01/2021 à 14:10

Je préfère les Amazing, et encore plus ceux de Raimi. Les derniers avec le gamin m'insupportent.

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