Before I Wake : Critique qui papillonne

Christophe Foltzer | 1 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 1 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En l'espace de deux films, Mike Flanagan s'est imposé comme l'un des nouveaux réalisateurs de films d'horreur à suivre et son Before I Wake n'inverse pas cette tendance. On pourrait même dire qu'il la renforce...

Décidément, Netflix est sur tous les terrains en même temps et on ne va pas s'en plaindre tant on a l'impression de connaitre un nouvel âge d'or de la fiction. Cette démarche, qui nous écarte malheureusement de plus en plus des salles de cinéma, n'en n'est pas moins une chance exceptionnelle pour bon nombre de projets qui bénéficient ainsi d'une grosse exposition qu'une sortie sur grand écran aurait fatalement handicapée, surtout vu l'embouteillage des sorties de blockbusters cette année. Et c'est même une très bonne chose dans le cas de Before I Wake.


  

Le nouveau film de Mike Flanagan, après son passionnant Oculus et son excellent Ouija 2 rappellera sans doute au fan aguerri le Quelques minutes après minuit de Bayona sorti il y a peu dans nos salles. Jessie et Mark forment un couple marqué par un deuil terrible, la perte d'un enfant et, pour s'en remettre, ils décident d'adopter le jeune Cody, bambin on ne peut plus charmant passé de foyers en familles, chargé d'un lourd passé et qui semble obsédé par les papillons. Alors que cette nouvelle famille fait connaissance, que chacun cherche à apprivoiser l'autre, des événements étranges surviennent lorsque Cody est endormi : des papillons se matérialisent dans le salon, un disparu réapparait tandis qu'une créature terrible et assoiffée de sang semble rôder tout prêt et terroriser l'enfant. En cherchant à percer son secret, le couple devra faire face à une menace qu'ils étaient très loin d'imaginer.

 

trailer

 

PAPILLONS DE LUMIERE

Before I Wake tranche pas mal avec les films précédents du réalisateur dans le sens où, moins qu'une vraie histoire d'horreur, il nous raconte une histoire de deuil et de résilience. A ce titre, le film pourra sembler lent et laborieux notamment dans son second acte, et c'est le cas, mais cela sert au final une ambiance qui le hisse au-dessus du tout venant du genre. Si les personnages ne semblent en apparence par très fouillés, leur véritable visage se révèle rapidement. Comme à son habitude, Flanagan s'intéresse avant tout aux traumatismes causés par un drame et la façon dont ils changent l'individu en quelque chose qu'il ne veut pas forcément devenir.

 

Photo Kate Bosworth, Thomas Jane

 

Alors qu'on s'attendait à un déroulement très classique, Before I Wake surprend en empruntant des voies particulièrement sombres. Ses héros ne tardent pas à utiliser le pouvoir de Cody à leurs seules fins personnelles. Nous nous trouvons alors face à une belle représentation du refus du deuil quand il met en danger un être vivant au profit d'un souvenir qu'on ne veut pas lâcher. La progression dramatique autour de cette thématique est exemplaire, enrichie par les interprétations toutes en retenue de Kate Bosworth et Thomas Jane, qu'on n'avait plus vu autant en forme depuis bien longtemps. Et cela fait rudement plaisir. Sans parler de Jacob Tremblay (Room), parfait dans le rôle touchant de l'enfant.

Comme à son habitude, Flanagan emballe un film techniquement solide et esthétiquement sans faute, amenant subtilement son argument fantastique dans le récit. Si l'on fait exception de la séquence d'ouverture qui accroche un peu lourdement le spectateur, le metteur en scène révèle un talent certain dans le merveilleux qu'on aimerait voir utilisé plus souvent. Autant à l'aise dans les moments de tensions que dans les instants d'émotion, le réalisateur confirme son statut de solide artisan qui, nous n'en doutons pas une seconde, finira bien pour nous pondre un bon gros chef-d'oeuvre.

 

Photo Kate Bosworth, Thomas Jane

 

QUELQUES MINUTES APRES LOUIS DRAX

ll est d'ailleurs intéressant de noter qu'en très peu de temps se sont succédés trois films aux thématiques proches, voire similaires : Quelques minutes après minuit, Before I Wake et La neuvième vie de Louis Drax, le nouveau film d'Alexandre Aja dont nous reparlerons très bientôt. Peut-on y voir là une tendance nouvelle qui est en train d'émerger dans le cinéma d'horreur contemporain ? Après nous avoir gavé d'ennemis intérieurs, fruits de nos péchés (bisous Conjuring et consorts), le genre serait-il enfin en train de grandir un peu ? De tuer le père ? De franchir un cap ? C'est en tout cas tout ce que l'on espère et avec un film comme Before I wake, on en est presque convaincus.

 

Photo  Jacob Tremblay

 

Ne vous attendez donc pas ici à une grosse frousse ou à une tension de tous les diables. Nous sommes dans la branche psychologique du fantastique, dans l'exploration de nos névroses les plus profondes, dans la métaphore humaniste, ce qui peut sembler rébarbatif au début mais mérite que l'on dépasse ses à-prioris.

Destiné à un public assez large, Before I Wake est assurément un film à découvrir, tant il apporte un petit courant d'air frais dans un genre qui commence sérieusement à sentir le renfermé. Alors oui, ce n'est pas le meilleur film de Mike Flanagan, ce n'est pas non plus un chef-d'oeuvre, mais une très honnête série B qui vaut bien plus que ce qu'elle semble proposer. Idéale pour une soirée sous la couette, avec une tasse de chocolat et l'élu(e) de son coeur à ses côtés, tandis que dehors, c'est la tempête.

 

Photo Kate Bosworth

 

 

Résumé

Imparfait, Before I Wake l'est assurément. Un peu long, il l'est aussi. Mais le talent de Mike Flanagan fait une nouvelle fois des merveilles. Conteur d'exception en devenir, il nous emballe un tout petit film bancal par instants mais pour lequel on éprouve une énorme sympathie sans parvenir à vraiment se l'expliquer. En tout cas, Netflix ne s'y est pas trompé : Flanagan est d'ores et déjà un de leurs auteurs maison les plus prometteurs. Vivement la suite.

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Lecteurs

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commentaires
Tra
12/12/2021 à 13:02

Le plus mauvais film de Mike flanagan c'est même tellement plat qu'on ce demande si c'est vraiment lui qui l'a réalisé ... J'ai regardé tout ses projets et la c'est un grand non pourtant le scénario est bon mais là c'est trop mou , avec un don comme ça comme base tu dois envoyer le bousin dans le second acte tu dois lâcher les chevaux là ça fait jamais peur c'est vraiment dommage ... Gros gros problème de rythme du au montage tu peux raboter de 15min facile pour donner du dynamisme .

Toto
01/05/2017 à 23:16

J'ai vu quelques minutes après minuit à aucun moment Before i wake m'a fais penser à lui surtout que pour moi Quelques minutes... est un trés grand film que celui-ci est pas mal mais moins bouleversant je trouve

stivostine
01/05/2017 à 14:23

pareil, film avec qq qualités mais bancal, jai préféré le drax d'aja avec ses somptueuses images

Totempkof
01/05/2017 à 13:36

Je suis aussi la carrière de Flanagan, il a un certain sens de la mise en scène. Mais Before I Wake, vraiment, pour ma part : non. Je trouve ça téléphoné, fade, avec un mauvais goût et une platitude qui m'ont réellement étonné. Après, je suppose qu'effectivement on peut y voir une espèce de néo-série B divertissante. Mais j'attendais bien plus. Même Ouija 2 m'a plus emballé et marqué, alors que c'est un simple produit à la base.

PIerre
01/05/2017 à 13:12

La carrière de Flanagan me passionne. On sent qu'il est très intéressé par ses personnages plus que le frisson absolu et ses films sont parmi les films d'horreur les plus touchants actuellement. Ce Before I Wake est un excellent divertissement, bien plus profond que ce que l'on peut penser.

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