Rogue One : A Star Wars Story - critique rebelle
Rogue One : A Star Wars Story, ce soir à 21h05 sur TF1.
Premier spin-off produit par Disney, marqué par une production particulièrement compliquée voire cauchemardesque, Rogue One : A Star Wars Story de Gareth Edwards, avec Felicity Jones, avait la difficile mission de convaincre le public que la saga Star Wars pouvait survivre à l’industrialisation sérialisée déjà expérimentée par Disney avec Marvel.
BON PIED BON BLASTER
Rogue One : A Star Wars Story nous propose donc d’explorer les évènements évoqués dans l’introduction de l’Episode IV, à savoir la récupération par l’Alliance Rebelle des plans de l’Etoile de la Mort. De ce postulat découle deux éléments qui façonnent cet épisode. Premièrement, nous évoluons dans un monde dénué de Jedi (tous massacrés par Vador et l’Empire à l’exception de Ben Kenobi) et où la Force n’est donc plus le fortifiant dramatique et spectaculaire qu’elle fut dans toute la saga. Deuxièmement, c’est l’occasion d’en apprendre plus sur la Résistance, jusqu’ici plutôt survolée au cinéma.
Gareth Edwards est bien conscient que pour donner vie à Rogue One : A Star Wars Story, il doit absolument traiter et incarner ces deux idées, quitte à révolutionner la grammaire de Star Wars. Oubliez la mise en scène ample de George Lucas et la copie appliquée de J.J. Abrams. Le monde qui se déploie ici est en guerre et la frontière entre le bien et le mal y est particulièrement floue, comme en témoigne la caractérisation de tous les personnages, définis par leur rapport (ambigu) à la violence. La première conséquence de ce changement de paradigme est une caméra, portée le plus souvent à l’épaule, qui colle aux personnages, épouse leurs soubresauts et la moindre inflexion de leurs corps.
Rogue One : A Star Wars Story plonge fréquemment dans la mêlée, avec un souci de lisibilité, une quantité de jeux d’échelle et surtout un art de la transition qui confine parfois à la pure fulgurance, lorsque découpage, pyrotechnie et montage se combinent à la perfection. On pouvait craindre qu’une orientation « sombre » dénature l’ADN et les enjeux traditionnels de la série. Au contraire, Edwards fait justement du bien et du mal la question centrale de son œuvre.
Le spectateur se retrouve ainsi écartelé. D'un côté, une rébellion dévoyée, tant le désespoir la pousse à une violence brute et contre-productive. De l'autre, un Empire, certes cruel et violent, mais capable d’apparaître comme une alternative au chaos, voire un promontoire social. L’enjeu pour la troupe emmenée par Felicity Jones ne sera donc pas tant de remporter une victoire décisive, mais de donner forme à la Résistance, à la faveur d’un acte aussi désespéré que symbolique.
Puisqu’il n’est pas question ici de la dynastie Skywalker, ou d’enjeux planétaires déguisés en conflits générationnels, Rogue One : A Star Wars Story se paie le luxe d’incarner enfin le titre emblématique de la saga : c’est bien d’une guerre menée dans les étoiles qu’il est question.
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JE SUIS TON PREQUEL
Puisque la partie se joue sans sabres laser, pouvoirs surnaturels ou deus ex machina télékinésiques, non seulement la dramaturgie se voit renforcée, mais pour la première fois, chaque combat, chaque affrontement est doté d’un enjeu véritable. La caméra le sait et nous plonge donc viscéralement aux côtés de nos héros, avec une absence bienvenue de distance et de second degré.
C’est que la charge épique de Rogue One : A Star Wars Story ne laisse guère de place pour la rigolade – exception faite d'une poignée de répliques du droïde K-2SO – tant le programme est chargé. C’est simple, le métrage est de loin le plus spectaculaire Star Wars jamais vu au cinéma. Dog fights, fusillades, embuscades, affrontements stellaires… Le film contient quasiment autant de morceaux de bravoure que l’intégralité de la première trilogie.
Ce déluge guerrier n’intervient véritablement que dans la seconde partie du métrage. Dans la première, où les transformations apportées par les reshoot, parfois très fonctionnelles et mécaniques, sont les plus voyantes, le film prend son temps et s’échine à construire un récit à plusieurs voix de la manière la plus appliquée qui soit.
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Mais Rogue One : A Star Wars Story n’est pas simplement une aventure parallèle dopée à La Chute du Faucon Noir et flanquée de références à Apocalypse Now. Sur le papier, ce récit qui se focalise sur la petite histoire et s’interdit le recours à la Force s’impose comme le Star Wars le plus tragique, et ce de très loin. Si les dialogues prennent parfois un peu trop de place, ils recèlent quelques pépites magnétiques (« There’s a problem with the horizon, there’s no horizon »), telle que la saga n’en n’avait pas offertes depuis Un Nouvel Espoir.
Jusque dans sa dimension poétique, le film nous réconcilie avec la saga, le surnom donné à un personnage (Stardust), d’apparence lourdement naïf, s’avérant d’une portée mélancolique sublime dans les derniers instants de ce périple.
GRAND BLESSÉ
Ce premier spinoff commandé par Disney n’est pas pour autant exempt de menus défauts. On ignore encore quelle quantité du film a été retournée et dans quelles conditions, mais on sent ici et là une volonté de rendre la mécanique plus apparente, plus simple, au détriment d’un matériau humain plus brut, mais sans doute trop abrasif pour le studio.
Si le personnage de Forest Whitaker, sorte de mélange entre Vador et le colonel Kurtz, impressionne la rétine, on voit bien comment le studio a (depuis le premier teaser dévoilé il y a huit mois) aplani le personnage. Il en va ainsi de plusieurs scènes, qu’on sent étonnamment désincarnées ou inutilement bavardes. Par exemple, il faudra enchaîner pas moins de trois monologues dignes d’Independence Day avant que le film n’embarque sur son troisième acte furibard.
Ces coups de mous, bien moins fréquents que dans Star Wars : Le Réveil de la Force et autrement moins absurdes, demeurent une des rares scories du Star Wars le plus intense que nous ayons vu depuis une époque lointaine, très lointaine.
Lecteurs
(3.9)11/04/2021 à 01:04
(+) La "rage" de Darth Vader: pendant un instant j'ai retrouvé mes 12 ans! Epatant!
(-) Les plages de sable fin et les cocotiers. Je crois comprendre l'intention (?) mais je trouve que cela fonctionne finalement moins bien que le dessert, la neige ou les marécages la première trilogie.
06/04/2021 à 20:08
Le meilleur depuis L’empire contre attaque et des fois je me dis peut-être même meilleur que celui-ci. J’aimerais tellement une trilogie aussi adulte que ça.
06/04/2021 à 14:42
Pour ma part me suis sévèrement emmerdé durant ce film. Les acteurs jouent mal (heureusement que j'ai vu "quelques minutes après minuit" pour me rendre compte du talent de Felicity Jones) et avec eux les enjeux tombent. On dirait que seul la présence de Dark Vador a émoustillé les fans. Bref 10 minutes pour que tout le monde prenne en excuse ce bouche-trou (il faut bien nourrir les "fans" de star wars) pour en faire un super film (dsl je n'irai jamais jusqu'au chef d'œuvre loin de là). Sans moi messieurs-dames.
06/04/2021 à 00:29
Très bon. Malgré quelques défauts, il est plus "adulte" que tous les autres star wars qui ont quand même tendance à passer pour des films pour pré-ado il faut le dire.
05/04/2021 à 21:55
@a star is dead
A votre âge je regardais Kieslowski et Lucas sans en faire un fromage !
05/04/2021 à 20:55
...alors 35 ans plus tard, çà ne le fera pas non plus
Georges Lucas pretend que c'est pour des gamins de 13 ans ,
moi a 13 piges je ragardais Blier ou Melville ou du fritz Lang par exemple..mais je crois que les ado de cet âge ignorent ces types hum hum..
05/04/2021 à 20:52
a 10 ans au milieu des annees 80, je pouvais pas lairer ces conneries, alors 35
05/04/2021 à 16:43
Beaucoup aimé. Même si le film n'est pas dénué de petits défauts imputables aux techniques de travail de Disney, il reste bien au-dessus de tout ce que j'ai pu voir depuis le retour du jedi. Mieux, parfois, puisqu'il évite l'écueil de l'infantilisme propre à Star Wars depuis ROTJ et ses Ewoks.
05/04/2021 à 16:11
Excellent film, totalement dans le ton de ce qu’aurait dû être la suite de l’Empire contre attaque !
05/04/2021 à 14:40
Le seul valable de la période Disney