Je ne suis pas un salaud : Critique coup de poing

Jacques-Henry Poucave | 24 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Jacques-Henry Poucave | 24 février 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sur le papier, il n’y a pas grand-chose qui distingue Je ne suis pas un Salaud du tout venant du drame français. Et pourtant, le film d’Emmanuel Finkiel s’avère une des réussites les plus saisissantes de ce début d’année.

Eddie est un raté. Séparé de la mère de son fils, roulant sa bosse de formations stériles en bars miteux, il doit à une violente agression un regain d’intérêt pour sa personne et une série de coups de mains salvateurs. La lumière semble au bout du tunnel, à ceci près que celui qu’il a désigné à la police comme étant son agresseur est innocent, et que cette tâche sur sa conscience va instiller dans sa nouvelle existence un poison pire que les démons qu’il est en passe de vaincre.

De ce point de départ noir au possible, le metteur en scène tire une œuvre dense et complexe. S’appuyant sur une superbe photographie, toute en transparence et jeu de textures, il s’appuie sur ses personnages, parfaitement campés par Nicolas Duvauchelle et Mélanie Thierry, pour ne plus les lâcher.

 

Photo Nicolas Duvauchelle

 

 

Tour à tour fable désenchantée, thriller social implacable mais jamais moraliste, Je ne suis pas un Salaud sonde avec une simplicité tranchante le quotidien misérable d’une population réduite à pointer sans fin aux guichets d’un quotidien dont l’espoir est désespérément absent. Ce qui pourrait virer rapidement au sur-téléfilm glauquissime et monomaniaque est heureusement transcendé par la fougue des personnages.

 

Photo Mélanie Thierry

 

Car si l’univers de Je ne suis pas un Salaud suinte la perdition dans la moindre de ses images, il reste collé à des protagonistes qui se débattent pour s’en extirper, quitte à exploser en vol. Cette énergie électrique, parfaitement incarnée par Duvauchelle, émeut et confère au récit une force sourde, à deux doigts de nous assomer, malgré une conclusion un peu maladroite et trop opératique pour une œuvre d’apparence aussi rugueuse.

Avec ses anti-héros en proie avec une lutte qui déclasse, le film fait corps, et parvient lui, à se hisser sans mal au-dessus de la mêlée d’un cinéma social, qui à trop vouloir édifier, oublie trop souvent de toucher, de raconter une histoire. Je ne suis pas un Salaud le fait avec les tripes, et laisse celles du spectateur nouées, sous le choc.

 

Affiche

 

Résumé

Serré comme un café noir, brûlant comme un shot de whisky, Je ne suis pas un Salaud est un grand petit film, dont la rage imprègne chaque image.

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Lecteurs

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commentaires
SOL4RIS
29/02/2016 à 18:39

Film puissant qui m'a laissé sans voix. Le tout avec une musique hypnotique. Un vrai cauchemar. Une vraie réussite. Et Duvauchelle, comme d'hab, est trop fort.

Dxman
24/02/2016 à 23:52

Sérieux la promo sur ce film, ils vous payent combien?

diez
24/02/2016 à 17:02

Diffusé dans 43 salles... dur...

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