Mia Madre : Critique du nouveau Nanni Moretti

Simon Riaux | 2 décembre 2015
Simon Riaux | 2 décembre 2015

Réalisateur palmé, Nanni Moretti fait partie des figures du Festival de Cannes, où Mia Madre, son dernier film a comme souvent fait forte impression. Et si on reconnaît dans cette œuvre qui oscille entre rire et larmes la patte évidente de son auteur, ses tropismes et rituels semblent tourner à vide.

COMME D'HABITUDE...

Le cinéma de Moretti est depuis longtemps composé autour de trois éléments cardinaux, à savoir l’autobiographie, la satire politico-sociale et la comédia dell’arte. Une recette ici inchangée, puisque le spectateur navigue entre le personnage central de Margherita Buy, cinéaste au cœur d’un projet aux échos personnels et sociaux complexes, qui doit gérer la fin de vie de sa mère et les rodomontades d’une star italo-américaine incapable de contrôler les soubresauts de son égo.

Au centre de ce dispositif, Moretti lui-même, qui met en scène tout en jouant le frère de son héroïne, figure de la modération et de la sagesse. Ce rôle de grand ordinateur, qui tient les rênes du récit, la dirige dans l’ombre et lui insuffle ses idées en illustre parfaitement les faiblesses et le sentiment de ronron stérile qui émane de l’œuvre.

Si l’émotion n’est jamais tout à fait absente (quiconque a déjà fait face au deuil de ses parents ne pourra qu’être touché par la justesse de Margherita Buy), elle est terriblement amoindrie par la monotonie qui s’échappe désormais du cinéma de Moretti. Maîtrisé mais balisé, intelligent mais trop consciente d'elle-même-même, Mia Madre est une œuvre qui en plus de ne pas surprendre, paraît dormir sur les lauriers des précédents travaux de son auteur.

 

DANS LES VIEUX POTS...

Et ce n’est pas du côté du rire que le metteur en scène pourra nous chahuter un peu. Laissant John Turturo en roue libre totale, le métrage semble lui déléguer et la satire et la dimension comique, sans qu’il puisse en faire quoi que ce soit. Bien sûr son abattage est parfois impressionnant et peut faire mouche ici et là, mais on est bien en peine d’y voir une prestation vivante et véritablement excitante.

L'ensemble est néanmoins sauvé par quelques moments de grâce, où le réalisateur sort soudain de sa torpeur pour nous offrir quelques passages qui émeuvent par leur étonnante délicatesse, comme cette scène (qui révèle paradoxalement la mollesse de celles qui l'ont précédé), où se répand doucement l'annonce du décès, déjouant les attentes du spectateur et l'atteignant au coeur.

Au final, on peut parier que les aficionados de l’artiste y trouveront leur compte et apprécieront de retrouver l’univers du cinéaste, les autres en revanche, s’ennuieront poliment.

Résumé

Moretti demeure dans sa zone de confort, et nous offre un mélo-comico-sociétal soigné mais terriblement convenu.

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Lecteurs

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commentaires
ALIS
03/12/2015 à 00:58

#trollskyzoensolitaire

Cedjav
02/12/2015 à 22:41

C'est pas la peine de salir notre communaute gratuitement Domis. Je suis cinephile et je fais attention a toutes les news et je l'avais lu cet article alors on se calme!

Domis
02/12/2015 à 21:45

Aucun commentaires sur cette news, le public d'ecran large est vraiment con. Des que le niveau cinematographique monte, il n'y a plus personne.

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