Inherent Vice : Critique
Depuis There Will be blood, le cinéma de Paul Thomas Anderson semble avoir entrepris une progressive mais inexorable radicalisation. Il n’était donc pas très étonnant de voir ce formaliste tenter l’impossible : adapter le mystérieux Thomas Pynchon et ses textes d’une richesse et d’une folie aussi addictives qu’impeccablement maîtrisées. Que ressort-il donc du mariage de ces deux artistes inclassables et précieux ?
Inherent Vice est un ovni qu’il faut impérativement déconseiller à tous les spectateurs en quête d’un récit clair, à la structure limpide et aux enjeux évidents. L’investigation à laquelle nous convie Paul thomas Anderson se moque éperdument des notions de rythme et d’intensité et risque donc de décontenancer, voire d’agacer franchement ceux qui recherchent un thriller seventies à l’ancienne.
Cette précaution prise, on vous conseille de vous ruer en salle pour découvrir cet objet insaisissable et protéiforme, dont l’incroyable liberté de ton n’a d’égale que la beauté plastique hallucinogène. L’enquête que mène ici un Joaquin Phoenix tour à tour hilarant et franchement flippant ne mène à rien, nous embarque partout et nulle part, sur les routes cabossées d’une Californie complètement fantasmatique.
Ode libre, nonchalante et retorse à la folie douce comme aux drogues dures, Inherent Vice plonge celui qui s’y abandonne dans une rêverie éparpillée, où s’impriment les peaux brûlées par le soleil, les pupilles dilatées d’une galerie de personnages tous bons pour l’asile et les accords sensuels d’une bande originale hypnotique.
Travaillant son image comme Pynchon son style mutant, le réalisateur compose une mosaïque visuelle telle qu’il est aujourd’hui un des seuls capables d’en proposer dans le paysage hollywoodien, tout en évitant les démonstrations de force ou effets de style qui faisaient sa marque depuis Boogie Night. Héritier du Nouvel Hollywood et de son goût pour l’ambigu, autant que des grands films noirs européens et de Melville en particulier, Anderson délivre un festin en forme de labyrinthe, exigeant mais inépuisable pour qui jouira de s’y perdre.
Lecteurs
(2.3)12/04/2015 à 15:28
IBA ONE
12/04/2015 à 15:28
IBA ONE
12/04/2015 à 15:27
IBA ONE
18/03/2015 à 07:56
PT Anderson: énorme. Inherent vice. Enorme. Les livres de Pynchon sont impossible à lire, alors une si bonne adaptation: ENORME
09/03/2015 à 23:57
Inhérent vice : A déguster sans modération, avec compulsion avant addiction...SI Realité, le film français nous a permis d'approcher le vécu si particulier d'une personne présentant un SACS « syndrome d'apnées centrales du sommeil », Inhérent vice vous entraînera dans l'intoxication chronique et sa si étrange déréalisation. Pour tous ceux qui s’intéressent à la sémiologie des troubles mentaux et aux autres qui se contentent du spectacle des anomies de ce bas monde!
09/03/2015 à 23:03
En gros c'est Joaquin Phoenix qui fume des splifs et c'est le spectateur qui prend les vapeurs de THC. ! Je ne sais pas quoi en penser !
09/03/2015 à 17:19
Bonne virée psyché mais en dehors des scènes toujours bien jouées, exécutées et accompagnées de bonne musique) j'ai néanmoins une question qui me taraude : pourquoi faire ce film ? Qu'y a t il de nécessaire à adapter Pynchon ? Autant je ne me suis pas ennuyé autant je ne saisis pas pourquoi et dans quel but faire ce film ?
02/03/2015 à 14:55
Et sinon il se regarde autant le nombril que sur "The Master" ??
Nan j'déconne, c'est de toute façon impossible!!
23/02/2015 à 14:45
Du grand PTA, comme toujours. Un film qui ne demande pas de débrancher son cerveau et qui ressemble à peu d'autres choses.
Et quelle performance de Joaquin Phoenix, on a l'habitude, mais quand même !
22/02/2015 à 23:10
Un lien de parenté avec le Duc peut être.