Helix : Critique

Simon Riaux | 1 avril 2014
Simon Riaux | 1 avril 2014

Helix était l'occasion pour Ronald D. Moore de revenir sur le devant de la scène, mais également mais aussi, mais aussi une bonne nouvelle dans l'univers pas si riche que ça des séries télévisées de genre. Désertés par les producteurs depuis Lost, les récits de science-fiction mâtures ne se bousculent pas au portillon, c'est le moins que l'on puisse dire. Et cela ne semble pas prêt de changer.

Rendre compte de l'échec d'Helix n'est pas chose aisée, tant le show s'évertue de rater à peu près tout ce qu'il entreprend. Entreprise schizophrénique dès le départ, il est quasiment impossible de comprendre quelles étaient les intentions originelles du scénario. Oscillant entre soap tiédasse (un épidémiologiste part dans une base secrète sauver son frère malade, qu'il n'a plus vu depuis qu'il a couché avec sa femme, laquelle est de l'aventure, ainsi que son assistante qu'il entend bien trombiner), science-fiction de jeu vidéo (virus mortel dégueu qui transforme les gens en zombies ou en supers soldats immortels, ça dépend) et complotisme de geek attardé (attention aux immortels-vampires-français-fans-de-Star-Wars). Dans ce méli-mélo incohérent surnagent quelques idées qui disparaissent ou se voient contredites au fil des épisodes, à l'image du générique ironique ou du choix de placer au moins une fois par épisode une séquence sarcastique, où image et musique s'opposent pour jouer avec le spectateur.

 

 

 

 

Une excellente idée que la série abandonne en cours de route, tout simplement, au profit d'un sérieux papal qui lui sied mal. Un premier degré d'autant plus mal venu qu'aucun personnage ne peut l'assumer. Entre le savant fou hésitant entre bons sentiments et machination diabolique (Hiroyuki Sanada, d'une nullité presque touchante), la scientifique envoyée par le CDC qui cache à tout le monde un malade contagieux dans sa chambre, son patron prêt à prendre toutes les dispositions pour sauver l'humanité, sauf sacrifier son ex-femme infidèle et manifestement incompétente ou le commando final de tueurs immortels venus du fond des âges et incapables de découper trois nerds de laboratoire, tout le monde est littéralement aux fraises.

 

 

 

Si la vraisemblance et les personnages ne sont pas de la partie, que vaut l'univers concocté (entre autres) par Ronald D. Moore ? Pas grand chose, tant il ne semble tenu par aucun fil conducteur digne de ce nom. C'est bien simple, rien ne tient ici la route. Ni cette base secrète où travaillent des centaines de scientifiques que l'on ne voit jamais, ni cette histoire de société (secrète elle aussi) ou des illuminatis parisiens président au sort du monde à coup d'épidémies. Par charité, on vous épargnera le compte-rendu des histoires secondaires les plus pathétiques telle l'aventure stérile d'un tueur à gage repenti ou d'une tribu d'esquimau en quête de vengeance.

 

Paradoxalement, c'est son ridicule cosmique qui rend Helix regardable. Avec ses personnages qui changent d'opinion comme de chemise, ses traîtres de pacotilles ou ses monstres déjà vus mille fois, le show provoque régulièrement des fous rire, notamment lors d'un hommage involontaire à La Guerre des étoiles. On ne conseillera pas aux fans de Battlestar Galactica de se polluer les prunelles devant un ratage qui vient confirmer l'irrégularité de Ronald D. Moore en qualité de scénariste, mais les amateurs de cinéma bis, déviant ou accros à Resident Evil trouveront là une source inépuisable de fous rires.

 

 

 

 

Résumé

Entre Dynastie et Belphégor, cette histoire d'infection souvent hilarante de bêtise est un ratage total et un nouveau clou au cercueil artistique de Ronald D. Moore. 

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