Critique : Un week-end à Paris
En quelques scènes pleines de mélancolie et une poignée de dialogues désabusés, l'escapade de Nick et Meg (interprétés avec une infinie justesse par Jim Broadbent et Lindsay Duncan) prend un tour loin de la lune de miel attendue. Frustration, répliques fielleuses et sexualité malheureuse sont les ingrédients que notre couple d'intellectuels va tenter d'accommoder, avec plus ou moins de bonheur. C'est dans ce refus de la simplification que le film trouve sa saveur délicate et nous offre quelques très belles séquences. Notre voyage n'est ni heureux ni triste, accompli ou aigri, mais emmené par des personnages complexes au gré d'une touchante réflexion sur le temps passé et la brièveté de celui qui reste, alors que s'amorce le crépuscule.
On regrette toutefois que l'ensemble mise trop sur les dialogues, dont la répétition finit par ennuyer. Nick et Meg ont beaux être de brillants lettrés, on aurait voulu les voir dépasser leurs différents mais aussi leur bavardise. Dommage que le dernier acte, illuminé par Jeff Goldblum, se perde ainsi en nombreux débats, pour voir les tensions des personnages résolues au cours d'un monologue trop classique. Le film s'achève sur un numéro de danse en forme d'hommage à Bande à part de Godard, qui en dit bien plus long que certaines joutes verbales qui l'ont précédé. On aurait aimé retrouver cette simplicité dans l'action plus tôt, histoire que cette ballade embuée de larmes nous prenne tout à fait à la gorge.
EN BREF : Un Week-end à Paris n'est ni une carte postale sucrée, ni un drame fataliste, mais un beau et touchant mélange, qui n'évite pas quelques longueurs verbeuses.
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