Non-stop : critique bloquée sur le tarmac
Quelques minutes avant que Non-stop n'entame son frénétique et hilarant dernier tiers, Liam Neeson offre à Julianne Moore ce qu'il appelle un « vrai Whisky ». Une attitude que les spectateurs seraient inspirés d'imiter avant d'entrer dans la salle, afin de profiter au maximum de cet étrange objet filmique. À ne jamais choisir entre suspense musclé et grand n'importe quoi, la dernière réalisation de Jaume Collet-Serra prend le risque d'exploser en vol, quitte à nous gratifier de beaux débris.
HOUSTON ?
Le huis-clos promis par Non-stop, à savoir une prise d'otage retorse depuis la carlingue d'un avion en vol, était un sujet délicat à traiter, mais porté par deux atouts de poids. Le premier n'est autre que son réalisateur Jaume Collet-Serra, loin d'avoir fait ses preuves aux yeux de la critique, mais suffisamment rigoureux dans sa gestion de l'espace pour emballer intelligemment ce récit confiné dans un décor peu cinégénique. Force est de constater qu'à quelques erreurs près, le metteur en scène remplit plutôt bien son office et nous offre quelques beaux moments de tension. On lui sera gré de parvenir à narrer très dignement un premier acte pourtant terriblement balourd, où le trauma du héros et les premiers indices sont jetés à la figure du spectateur avec un je-m'en-foutisme malvenu.
Le sérieux de Jaume Collet-Serra trouve un excellent point d'appui grâce à Liam Neeson, qui s'impose comme le meilleur effet spécial du film. Dans un rôle quasiment autobiographique d'Irlandais naturalisé américain, marqué par un deuil et devenu Marshall sur le tard, le grand Liam fait une nouvelle fois preuve d'un premier degré asséné à coup de tatanes particulièrement savoureux. Il est la pilule grâce laquelle le spectateur supporte le traitement invraisemblable de la plupart des seconds rôles, Julianne Moore en tête.
Julianne Moore
ON A UN PROBLEME
Malheureusement, les coups de boules de notre héros et le découpage malin du réalisateur ne peuvent éternellement nous distraire d'un scénario garni de trous béants et de twists hilarants. Liam Neeson a beau serrer la mâchoire, la nôtre se gondole gentiment dès lors qu'apparaissent les pièges diaboliques du bad guy, ou que celui-ci enfile un marcel moulant pour entamer une confrontation finale parfaitement invraisemblable.
Jamais assez rigoureux pour nous impressionner véritablement et pas assez débile pour provoquer une euphorie durable, Non-stop n'engendre finalement qu'une indifférence polie. Au moins y apprend-t-on que les Air Marshall sont soupe-au-lait et ont vaguement tendance à zigouiller les passagers nerveux, ce qui est toujours bon à savoir.
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(3.6)