Critique : Les Grandes Ondes (à l'ouest)

Christophe Foltzer | 13 février 2014
Christophe Foltzer | 13 février 2014
Avec son nouveau film le réalisateur suisse Lionel Baier prouve à qui en doutait qu'une comédie simple, sincère et humble est encore possible. En racontant le périple d'une équipe de journalistes de radio suisse des années 70 envoyée au Portugal pour servir la soupe aux intérêts économiques des deux pays, le réalisateur nous conte surtout le parcours intérieur d'une poignée d'individus à la recherche d'eux-mêmes. De ce qu'ils sont pour certains, de ce qu'ils ont été pour d'autres, pour finalement comprendre que tout se rejoint. Pas de psychologie pompeuse ou de bienpensance ronflante ici, le sujet est totalement maitrisé et Lionel Baier livre un vrai objet de cinéma.

Qu'il s'agisse de l'univers qu'il crée, de ses personnages hauts en couleur ou de sa mise en scène inspirée, le film révèle une cohérence étonnante de bout en bout, ne laissant apparaître que quelques longueurs, rapidement balayées par la grande qualité de l'ensemble. Un road-movie sans prétention qui en utilise parfaitement les codes, les impératifs et évite la plupart du temps les pièges du genre.

Les acteurs, quant à eux, sont exceptionnels. Michel Vuillermoz crève littéralement l'écran et chacune de ses interventions est un vrai moment de comédie. C'est pour dire, même Valérie Donzelli, au jeu pourtant parfois limité, ne dépareille pas. Comme si le réalisateur, conscient de ses limites, les utilisait pour créer un personnage qui au début inspire plus que de la méfiance et parvient à convaincre totalement au bout du compte.

Mais tout cela ne serait rien sans le fond du récit. Les parallèles entre le Portugal des années 70 et l'Europe actuelle sautent très vite aux yeux et il ne faut pas longtemps au spectateur pour comprendre qu'à travers la Révolution des Œillets et le parcours de ses personnages, Lionel Baier adresse en fait un message libertaire sur un mode léger très rafraichissant et extrêmement important par les temps qui courent. Un message qui, pour une fois, n'a pas les relents d'une révolte consommée mais bien le parfum d'une révolution personnelle et individuelle.

Tendre, humain, émouvant et bien plus intelligent qu'il n'y parait, Les grandes ondes (à l'Ouest) est un film plus que conseillé et qui nous ferait presque nous demander si les meilleures comédies françaises du moment ne seraient pas uniquement francophones.

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