Les Brasiers de la colère : Critique

NexSus | 13 janvier 2014 - MAJ : 27/09/2023 14:16
NexSus | 13 janvier 2014 - MAJ : 27/09/2023 14:16

Avec Crazy Heart, Scott Cooper nous avait offert une belle tranche d'Americana et fait preuve d'une réelle capacité à surfer avec les clichés qu'il convoquait. On attendait donc avec une relative confiance ses Brasiers de la colère (titre franco-mongoloïde de Out of the furnace), drame social et récit de vengeance au cœur de la Rust Belt, incarné entre autres par Christian Bale, Woody Harrelson, Casey Affleck et Zoé Saldana.

L'aisance du réalisateur fait plaisir à voir. Qu'il s'agisse des hauts fourneaux de la morne Braddock, des forêts de Jersey où des dédales de friches industrielles, sa caméra se meut naturellement dans le décor accidenté d'une Amérique en panne. Rarement inspiré mais toujours serein et travaillé, le découpage donne aux comédiens tout l'espace nécessaire pour s'exprimer, accordant même à certains seconds rôles comme celui de Willem Dafoe une tessiture inattendue. C'est d'ailleurs dans ces respirations, dans les hésitations et égarements d'une Saldana ou d'un Withaker que le film laisse entrevoir une puissance dramatique qu'il n'épouse jamais tout à fait. S'il ne parvient pas à nous emporter, ce drame rugueux n'est pas pour autant avare en scènes diablement réussies, dès lors que comédiens et décors se fondent, le temps d'un combat à mains nues, d'une séance de drive-in-pain-dans-la-gueule-inspirée ou d'un deal de drogue à la tension ravageuse.

 

 

 

 

 

Des qualités qui ne dissimulent pas un manque de souffle évident, dont l'origine semble être un scénario qui convoque trop superficiellement ses références pour les dépasser. Car Les Brasiers de la colère invoque évidemment Faulkner, mais embarque dans sa danse quelques pincées de Malick et comme l'indique son réalisateur, se rêve en descendant de Cassavetes. Intraveineuse d'influences présente dès l'écriture, qui singe abusivement Voyage au bout de l'enfer (trauma guerrier, chasse au cerf), mais ne sait visiblement pas quoi en faire. C'est là l'échec relatif de Scott Cooper, qui narre avec talent, mais en appelle constamment à ses prédécesseurs, lance nombre de thématiques dont il ne fait rien.

 

 

 

 

C'est sans doute dans ce positionnement que réside l'écroulement partiel du récit lors de sa dernière bobine. Malgré le talent de Christian Bale et son investissement dans l'interprétation d'un pénitent contraint par un monde en crise de se faire rédempteur, son impavide vengeance arrive trop tard pour nous emporter. Ainsi la conclusion tiède du récit fait-elle curieusement écho à son introduction violente et sèche, comme si entre ces deux séquences le poids des références avait assommé Cooper. Le conteur appliqué semble avoir eu les yeux beaucoup plus gros que le ventre, préférant signer une œuvre trop prétentieuse pour convaincre plutôt que le film de genre intelligent qu'il était capable de transcender.

 

Résumé

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