Critique : Rêves d'or

Christophe Foltzer | 9 décembre 2013
Christophe Foltzer | 9 décembre 2013

Trois ados d'Amérique Latine décident d'entrer illégalement aux Etats-Unis, nourris de rêves et désirant s'arracher à la misère de leur pays. De rencontres en épreuves, la réalité de la vie mettra à mal leurs espoirs.

 

On pourrait se contenter de ce simple résumé et préciser qu'il faut absolument aller voir Rêves d'or mais on passerait à côté de l'occasion de vous dire combien on aime ce premier film saisissant, sans concessions, âpre mais magique aussi, au plus près de ses personnages, gavé d'émotions. Une bonne petite claque en somme.

Diego Quemada-Diez (auparavant opérateur caméra sur plusieurs gros films, dont 21 Grammes et The Constant Gardener) respecte avec amour les codes du road-movie, de la quête initiatique, du grand voyage tout en se permettant de les tordre en de multiples occasions avec beaucoup de délicatesse et de façon toujours justifiée. Tendre et attaché à ses héros, il ne leur épargne pourtant rien, symbolisant à travers eux tout le problème de l'immigration clandestine et dressant un état des lieux alarmant de l'Amérique Latine. Bien loin des discours altermondialistes en vigueur, Quemada-Diez s'attarde d'abord sur les êtres humains pris dans cette tourmente. Il n'y est que question d'espoir, de survie, de confrontation, où le saut vers un inconnu fantasmé ne peut que décevoir et proposer un dénouement en forme de retour à la case départ.

D'un point de vue formel, Rêves d'or impressionne par l'ambiance légèrement mystique qu'il crée, par la pertinence de sa mise en scène (enlevée et caméra à l'épaule mais qui sait aussi se poser lors de moments plus contemplatifs et tout aussi importants), par la perfection de sa direction d'acteurs (les trois ados stars sont parfaitement choisis et devraient servir de modèle à bon nombres d'aspirants comédiens) et la justesse de son propos. Sans oublier sa très belle photographie.

Cette fable humaniste noire et cruelle ne peut que convaincre du potentiel de son réalisateur dont attend avec impatience le prochain film et dont on ressort de la projection dans un état étrange : bercé par les moments en apesanteur, troublés par le périple cruel auquel nous venons d'assister, émus par ces enfants dont la seule erreur est d'avoir cru qu'un monde meilleur pouvait les accueillir et plus convaincus que jamais que l'humain est son propre prédateur. Voir Rêves d'or est tout simplement une obligation.

Résumé

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