Critique : Des morceaux de moi

Sandy Gillet | 13 février 2013
Sandy Gillet | 13 février 2013

Dans une tribune parue le 10 février dernier signée par le réalisateur du récent Télé Gaucho, on peut y lire la dénonciation un peu molle de « l'aristocratie arrogante » du cinéma français. De celle qui veut que l'on y retrouve beaucoup de « filles ou fils de » qui bouchent l'horizon professionnel de personnes souvent plus méritantes à l'image d'une société française de moins en moins adepte de la si indispensable méritocratie. Il est d'ailleurs étonnant de lire cela de la plume d'un cinéaste qui a fait jouer dans son film le fils de Serge Moati perpétuant donc lui aussi, même s'il s'en défend, cette tradition si française. Ce que ne fait pas Nolwenn Lemesle avec son premier long Des morceaux de moi nous permettant du coup de découvrir un pur talent en pleine éclosion en la personne d'Adèle Exarchopoulos.

Mais c'est aussi et malheureusement le seul bon point d'un film qui fait plus penser à un exercice de fin d'étude qu'un véritable espoir au sein d'une production française dont on a bien du mal à trouver au sein de la nouvelle génération les futurs grands. Rien que dans la forme qui alterne prises de vue à la première personne via une petite caméra DV censée illustrer les états d'âme d'une jeune adolescente qui s'ennuie dans son petit village et une mise en scène plus classique désireuse de donner le change et une visibilité d'ensemble, on se dit que les scories du premier film sont bien présents. Où la volonté de privilégier la forme sur une histoire peu passionnante en est la marque de fabrique la plus flagrante. Ici une chronique familiale comme on en a vu des centaines où la benjamine est en manque d'amour et de repères, où le misérabilisme affleure et où la direction des jeunes acteurs se veut proche des préceptes non écrits institués par Truffaut. Une sorte de pot pourri mixé sans véritable talent mais avec beaucoup d'allant en la personne donc de cette Adèle qui se débarrasse avec classe de ses dialogues qui sonnent un peu faux pour se permettre une gestuelle à la fois orale (aidée par un timbre de voix à nul autre pareil) et du corps propre à hypnotiser jusqu'au siège du spectateur.

Elle fait passer clairement la pilule d'un film à la finalité opaque si ce n'est de vouloir dresser une galerie de portraits dont on peine à visualiser le fil rouge ou les motifs de caractérisation. La mise en scène se veut indicative plus que persuasive. On finit par ne plus savoir ce que la réalisatrice veut nous dire sinon peut être à étaler des scènes empreintes d'instants volés façon puzzle que l'on ne termine jamais. Un court-métrage aurait suffit et nous aurait certainement plus convaincu quant à ses intentions et ses ambitions ici si peu affirmées ou par trop dilluées.

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