Critique : After

Melissa Blanco | 30 janvier 2013
Melissa Blanco | 30 janvier 2013

Un homme, une femme, Paris de nuit. À priori, entre Guillaume et Julie, peu de choses en commun si ce n'est une solitude évidente, catalyseur de cette rencontre tardive, dans un restaurant asiatique désaffecté. Débute alors pour eux une nuit, à la fois futile et décisive, quelques heures pour se découvrir et apprendre à s'apprivoiser. Sur le papier, pari risqué pour Géraldine Maillet, écrivaine entêtée, bien décidée à mettre en images ses propres mots. Un écrivain à la réalisation, ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas gage de qualité non plus. Cela serait pourtant mésestimer After, premier film délicat et sensible, à l'humilité salvatrice.

Dans la veine du fabuleux diptyque de Richard Linklater, Before Sunrise et Before Sunset, Géraldine Maillet filme la rencontre hasardeuse de ces deux noctambules, peu pressés de voir le jour se lever. Sous la forme d'un road movie urbain, Guillaume et Julie passent de lieux en lieux, d'une boite de nuit à un restaurant italien, d'un terrain de tennis à une brocanterie... comme si pour eux, la découverte de l'autre passait par l'exploration d'un endroit cher. Puisque Guillaume est en transit à Paris et Julie déjà engagée ailleurs, cette nuit est peut être pour eux la dernière, celle où il est encore tant de tout se dire. Et Géraldine Maillet de filmer avec envie l'urgence d'une relation probablement morte-née, où tout se doit d'être vécu en accéléré.

L'après du titre, c'est cet instant volatile, celui où une décision peut changer le cours des choses, ce moment où l'on choisit de sauter le pas. Pour Guillaume le charmeur et Julie la réservée, ces brèves mais nombreuses discussions vont peu à peu laisser place à la confiance, la confiance à la complicité. Si on peut dire des personnages de Géraldine Maillet qu'ils parlent comme dans des livres, c'est parce qu'il y a quelque chose de très écrit dans les dialogues - rappelant par instant le cinéma de Christophe Honoré - mais dont la maladresse rend le film d'autant plus charmant. Il faut dire que la cinéaste a fait appel à un duo de choix, Julie Gayet et Raphaël Personnaz. Cultivant à la fois un réalisme certain - la toile de fond est un Paris inquiétant et étouffant - et un côté conte de fée - la magie de la rencontre -, After séduit aussi bien pour ses qualités que par sa fragilité, sa frivolité et sa gravité. Les coups de foudre ne s'expliquent pas... 

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