Critique : El Estudiante ou récit d'une jeunesse révoltée

Melissa Blanco | 23 janvier 2013
Melissa Blanco | 23 janvier 2013

Scénariste de Pablo Trapero (Leonera, Carancho), Santiago Mitre semble avoir gardé de cette expérience un goût certain pour la fiction documentaire. C'est du moins ce que laisse à penser son premier long-métrage El Estudiante, soit une plongée au coeur du système politique estudiantin. Roque est un étudiant de province, fraîchement débarqué à Buenos Aires. Peu motivé par ses études, le voilà qui se prend de passion pour la vie politique de son université et rejoint, à l'occasion d'une élection, un groupe d'activistes de gauche.

Tourné entièrement caméra à l'épaule, El Estudiante ne lâche jamais son personnage principal et retranscrit, avec fougue, la ferveur d'une jeunesse désabusée mais engagée, persuadée de pouvoir encore changer le monde. Dans les couloirs de l'université, la politique est une matière comme une autre, requérant devoirs et travaux pratiques: collage d'affiches, distribution de tracts, participation à des colloques publics... tout est bon pour se faire entendre. Jusqu'à ce que Roque croise le chemin d'Alberto, un ancien politique proche de ses amis militants.

Tel le héros du Après mai d'Olivier Assayas, si pour Roque, l'engagement est avant tout une histoire de filles - il rejoint ce groupe avec l'idée d'y charmer la vivifiante Paula -, le jeune homme va peu à peu y découvrir une vocation. Et l'univers de la politique de devenir pour lui une école de la vie. Sous l'égide d'Alberto, Roque va faire son apprentissage directement sur le terrain, découvrant peu à peu les dessous d'un monde obscure, ses coups bas et ses règles perverties. Ici, chacun fabrique ses propres règles, quitte à se brûler les ailes.

Parcours initiatique, El Estudiante suit ainsi la transformation progressive de cet étudiant introverti en un leader charismatique insoupçonné, à qui l'acteur Esteban Lamothe apporte une véritable sensibilité. S'il est parfois difficile de tout y comprendre - à moins de connaître la vie politique argentine -, c'est que le film adopte le point de vue unique du jeune homme, lui-même parfois dépassé par les événements. Découvrant sur le tard que ce qui se passe à l'échelle universitaire n'est que le microcosme d'un échiquier plus vaste. Un récit d'apprentissage tendu et une immersion captivante pour un premier long-métrage surprenant et réussi. Le cinéma argentin a décidément de beaux jours devant lui. 

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