Critique : 2/Duo

Melissa Blanco | 31 octobre 2012
Melissa Blanco | 31 octobre 2012

Le couple, comme entité différente de deux personnes, semble traverser le cinéma du réalisateur japonais Nobuhiro Suwa (H Story, Yuki et Nina) et ce, jusque dans son premier film. Jusqu'alors inédit en France, 2/Duo, réalisé en 1997, suit le délitement progressif d'un couple dont le dialogue semble rompu depuis longtemps... Mais a t-il déjà existé ?

Filmé en grande partie à l'intérieur d'un appartement, Nobuhiro Suwa ne donne aucune indication spatiale, renforcant un peu plus la perte de repères de ce jeune couple. Yu est vendeuse, Kei un acteur raté, vivant aux crochets de sa belle. Sauf que dans une société comme le Japon où l'homme - au sens mâle du terme - n'existe en grande partie que par son travail, Kei a de plus en plus de mal à vivre la situation. Enfermé chez lui dans l'attente que Yu rentre du travail, il va alors doucement emporter la jeune femme dans son désarroi par une demande en mariage pathétique, comme dernier espoir de rentrer enfin un peu dans la norme.

S'il ne se passe pas grand chose dans 2/Duo, le film n'en est pour autant pas moins terrible. Nobuhiro Suwa s'applique ainsi à filmer des instants de vie de ce couple à la dérive, désormais incapable de communiquer. Les cris prennent le pas sur les mots, les larmes et l'hystérie sur la compréhension, le duo se fissurant tel le slash tranchant du titre. Enfermé dans ce minuscule appartement, ne reste alors qu'à en sortir, de prendre la fuite, pour une nuit, pour la vie.

Plutôt aride dans son traitement - l'action est réduite à son maximum -, 2/Duo sait se faire intense dans sa description minutieuse, sous la forme de saynètes, de la rupture du dialogue et la désintégration du couple. Le résultat est étouffant, parfois bancal mais finalement assez fort dans sa capacité à en dire beaucoup avec peu.

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