Critique : 2 days in New York

Laure Beaudonnet | 2 février 2012
Laure Beaudonnet | 2 février 2012

Comme son nom l'indique, 2 days in New York poursuit les aventures amoureuses de Marion (Julie Delpy), déjà amorcées dans 2 days in Paris. A la seule différence près que Jack (Adam Goldberg) a laissé place à Mingus (Chris Rock), le nouveau compagnon de la trentenaire névrotique désormais mère. Photographe de profession, elle prépare une exposition d'envergure sur le délitement du couple dans l'une des plus prestigieuses galeries de la ville où elle mettra, par la même occasion, son âme aux enchères. Un geste philosophico-artistique provocateur qui a la vertu d'arrondir les fins de mois. Déjà suffisamment stressée par l'accueil de son projet, elle reçoit sa famille borderline dans son quotidien bien rangé. Un fardeau supplémentaire dont on a fait la connaissance dans le premier volet.

La trame est vieille comme le monde, mais elle continue de fonctionner. 2 days in New York s'est libéré des penchants "arty intello" parisien du précédent opus pour se resserrer sur la comédie, avec évidemment une touche indé. La signature Delpy. On retrouve les personnages burlesques du premier volet, hormis la mère de la comédienne, décédée. Loin des bavardages teintés d'hystérie d'Adam Goldberg, Chris Rock apporte un équilibre au personnage bancal de Marion avec son humour naturel. L'arrivée de la famille chaotique typiquement franchouillarde dans le quotidien aseptisé de Marion recèle des joyaux de comédie. Surtout quand les protagonistes tombent dans la plupart des pièges du racisme, dissimulé sous les traits de la bienveillance. Entre les conflits avec une sœur nymphomane, les clichés sur la condition des noirs aux Etats-Unis et le choc des cultures, 2 days in New York offre un film plus drolatique que romantique.   

La comédienne diaphane jette un voile de fraîcheur sur des thèmes ô combien vus et revus : le couple, la famille recomposée, l'amour. Et pourtant, Julie Delpy est loin d'être une novice sur le terrain des sentiments, avec Before sunrise et Before sunset qui engageaient déjà une analyse poussée de la rencontre amoureuse. Le personnage de Marion a mûri et le film aussi. Dans 2 days in New York, on embarque dans le monde des adultes, avec un tandem cosmopolite. Le récit est assuré, moins dilué que dans le passé. On perçoit une cinéaste confortable qui a trouvé le juste équilibre entre gravité de certains thèmes et légèreté de leur traitement. Une suite est réussie lorsqu'elle s'émancipe de sa lignée. Et Julie Delpy relève le défi sans difficulté.

Résumé

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commentaires
Spip
04/04/2015 à 17:05

En effet, un film bien plus mature que son prédecesseur.
Merci à Delpy d'avoir confié à Chris Rock ce rôle de roc (ah ah) familial. Le comédien est parfait, au point de vouloir le voir davantage livre ce type de composition : il est touchant et profondément humain.
Si le film est drôle grâce au choc des cultures - quelle bonne d'avoir fait des Français des "sauvages" débarquant chez des Américains civilisés - c'est car il parvient à tire cette intrigue d'auberge espagnole vers la sitcom new yorkaise - dans le bon sens du terme - teinté de vaudeville bien français.
Delpy priviliégie ainsi les confrontations entre 2 personnages - isolés dans une cuisine, dans un ascenceur - aux bordels collectifs, au point d'ailleurs de souvent bousculer la vraisemblance des situations : voir Chris Rock et le père Delpy lost in translation sans que le premier sollicite les persos de la soeur et de son mec, à 1 mètre d'eux, pour l'aider, passe donc un peu difficilement.
Mais on aimerait prolonger l'expérience : pourquoi pas via une mini-série, coécrite avec Rock, où des vannes sur Harold & Kumar cohabiteraient sur un français clamant que Obama est socialiste.
Netflix, anyone ?

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