Critique : Sport de filles

Sandy Gillet | 24 janvier 2012
Sandy Gillet | 24 janvier 2012
On peut aborder le nouveau film de Patricia Mazuy de deux façons. La première comme une invitation à pénétrer les coulisses d'un sport assez méconnu du grand public et qui peut donc s'appréhender limite comme un documentaire fort révélateur des us et coutumes d'un milieu impitoyable. La seconde comme un cinéma extrêmement fidèle à une école de pensées française d'un autre siècle. Non que celle-ci soit à condamner à tout prix. Disons juste qu'elle ne favorise pas la remise en question, encore moins une volonté de voir ailleurs. En ancrant son film dans une sorte d'héritage un peu précieux, ce Sport de filles a dès lors du mal à sortir des sentiers battus mais attirera tout de même l'attention par sa propension à livrer des fulgurances formelles inattendues.

Celles-ci ne sont pas à chercher du côté des acteurs. Bruno Ganz dont le personnage s'inspire de Patrick Le Rolland, célèbre cavalier et dresseur, n'arrive jamais à trouver le ton juste. Josianne Balasko, en propriétaire du haras, ne propose rien d'autre que des lignes de dialogue au langage très fleuri et une posture de camionneuse qui franchement ne rendent pas justice à son talent. Enfin Marina Hands est la seule à sortir du lot même si on ne sait pas trop si son interprétation de palefrenière imbue de sa personne dont l'ambition est d'avoir un cheval à elle pour l'emmener au sommet, créera un lien quelconque avec le spectateur. Car c'est bien là le problème du film. Son penchant à ne pas tenir compte de son audience en dévidant l'écheveau d'une histoire parfois autiste qui peine à créer de l'empathie, voire de l'intérêt. Bref on se fiche royal des mesquineries des uns, de la crise existentielle de l'autre et de la rage obsessionnelle de l'héroïne pour y arriver.

Et pourtant, cette déconstruction par l'absurde de toute dramaturgie n'arrive pas tout à fait à occulter les très, très belles séquences de dressage qui redonnent un souffle un tantinet cinégénique à l'ensemble. Comme un cœur qui se remet à battre par intermittence. C'est au sein de la troisième et dernière partie en forme de climax (voulue comme tel en tout cas) que celles-ci sont les plus nombreuses (confrontation entre Bruno Ganz et Marina Hands de haute volée ou les plans larges de la compétition filmées à l'évidence « in vivo ») faisant regretter cette réalisation jusqu'ici restrictive à la grammaire certes maîtrisée mais où il y manque une ambition de partager et de démontrer. À l'image donc du personnage joué par Marina Hands qui revendique la liberté de pleinement s'accomplir tout en s'enfermant dans une démarche sectaire et monomaniaque.

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