Critique : La Colline aux coquelicots

Nicolas Thys | 5 janvier 2012
Nicolas Thys | 5 janvier 2012

Nouvelle réalisation de Goro Miyazaki, le fils d'Hayao, après Les Contes de Terremer, La Colline aux coquelicots ne ressemble en apparence à aucune autre production Ghibli. Ici aucune sorcière, aucune île volante ou monde alternatif, pas même un monstre gentil. Juste des êtres humains, le Japon des années 1960 et une histoire à première vue réaliste. Et pourtant, même éloigné du fantastique, on perçoit la patte unique du studio à travers chaque plan et une chose est certaine, jamais le film n'aurait aussi bien fonctionné s'il n'avait pas été animé.

Certain trouveront le propos naïf voir convenu, ce serait oublier les scénarios des plus beaux mélos. Cette histoire d'une rencontre entre deux adolescents et de la préservation d'un lieu de vie unique, adaptation d'un manga des années 1970, recèle en soi tous les éléments propices à la création d'un univers magique. Et si ce genre n'est pas l'apanage du studio, le succès reste au rendez-vous. Seul reproche à faire dans l'écriture : quelques passages un peu rapides. Difficile de croire que la révélation du secret de Shun ne fasse pas davantage d'effet à Umi par exemple.

Certains regretteront peut-être l'absence de séquences techniques extraordinaires à la manière de l'animation du tsunami de Ponyo par exemple. Mais à quoi bon, l'histoire ne le demande pas. Et le rythme, plus lent que d'ordinaire, assez contemplatif par moment, convient parfaitement. La séquence du rêve d'Umi est d'ailleurs splendide. L'animation est fluide, douce et récupère admirablement la présence nostalgique de cette époque révolue avec un jeu de couleurs très prononcé, typique de Ghibli, mais parfait pour un genre aussi codifié. Pas besoin non plus de grandes envolées, tout est dans les cadrages, les mouvements sont dans chaque décor, son et bruissement, à la fois timides et terriblement présents. La magie est celle d'un réalisme qui parvient à se glisser dans un film totalement dessiné et qui sublime chaque émotion à la manière d'une toile qui prendrait vie. Et la peinture, comme la photographie, sont le cœur du film, à l'image du générique de fin.

En outre, le calme apparent nous permet de passer dans un monde étrange, double. Un Japon aux accents très français : une musique à l'accordéon, le Quartier Latin, un dictionnaire français/japonais sur une table, ou encore le titre. Aucune fleur dans le film, mais une colline appelée Kokuriko, prononciation japonaise de notre coquelicot. Et si le merveilleux est absent, la magie opère. Non pas directement à l'aide de légendes ou mythes venus du Japon ou d'ailleurs, mais par petites touches, simplement, dans la contemplation et la création d'un monde disparu, enchanteur et où tout semble possible.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(5.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire