Critique : L'Empire du milieu du sud

Nicolas Thys | 5 août 2011
Nicolas Thys | 5 août 2011
Réalisé en 2002, L'Empire du milieu du sud est le second passage derrière la caméra de Jacques Perrin, également scénariste et producteur du documentaire. Il s'entoure d'Eric Deroo et il revient aux sources, à un sujet qui lui a toujours tenu à coeur : le Vietnam et l'Indochine. Car si sa carrière d'acteur était déjà bien entamée avec notamment, La Fille à la valise de Zurlini en 1961, c'est la 317ème section de Pierre Schoendoerffer en 1965 qui le révèle au grand public. La suite le verra alterner films plus légers et genres variés, documentaires animaliers et films politiques. Il produira un documentaire sur la guerre d'Algérie en 1975, jouera et produira Z de Costa Gavras, et retrouvera Schoendoerffer pour Le Crabe Tambour en 1977.

Avec L'Empire..., il revient sur la métamorphose et les combats d'un pays colonisé par la France et déchiré pendant plusieurs dizaines d'années. Mais loin de nous proposer une leçon d'Histoire ou un pseudo cours sur les événements qui se sont déroulés là-bas, Jacques Perrin choisit la voix des archives et des textes pour réaliser un documentaire poétique. Sur des images provenant de sources des plus diverses, de films de Joris Ivens à des actualités filmées en passant par des plans récents du paysages vietnamiens, il va aligner différents textes écrits par des acteurs ayant connus le régime et l'histoire, tant français qu'américain ou vietnamien, passant de Duras à Hô Chi Minh sans transitions réelle. Seuls quelques éléments historiques très factuels et rares viennent s'ajouter afin de ne pas totalement perdre le spectateur dans une époque qu'il connait peu.

Il ne prend jamais parti, et c'est peut-être là le reproche que beaucoup lui feront, n'hésitant pas à effectuer des collisions étonnantes tant dans les textes que dans les images, afin de proposer un aperçu personnel d'une nation et de ses changements. A l'aide d'un montage poétique, il va superposer et reprendre à son compte des plans d'origine diverses sans se soucier de leur provenance. Mais, au moins, le film ne cherche jamais non plus à prendre un ton pédagogique et à asséner une vérité unique comme c'est souvent le cas de ce genre de documentaire. Loin de la puissance muette du Fond de l'air est rouge de Chris Marker, mais autrement moins hypocrite que dans sa forme qu'un De Nuremberg à Nuremberg, il s'agit, pour l'apprécier, de prendre L'Empire du milieu du sud pour ce qu'il est et de savoir s'en contenter : un voyage entre le rêve de quelques uns à travers leurs mots et la réalité d'un paysage entraperçu par l'image (ou l'inverse), une expérience filmique du Vietnam des années 40 à 60 qui ne cache jamais sa subjectivité.

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