Critique : Une vie tranquille

Laure Beaudonnet | 1 août 2011
Laure Beaudonnet | 1 août 2011

Disparaître sans laisser de traces. C'est tout l'enjeu d'Une vie tranquille : peut-on recommencer à zéro, oublier ses attaches, ne plus se retourner ? Quitte à laisser derrière soi une famille, et surtout un fils contraint de devenir le complice de cette disparition parfaitement orchestrée. L'affaire semble fonctionner à merveille pour Rosario Russo, installé depuis douze ans en Allemagne, propriétaire d'un restaurant et père d'un jeune Mathias qui ignore tout de la vie tourmentée de son vieux géniteur. Peut-on réellement imaginer que le passé ne réapparaîtra jamais ? Surtout lorsqu'il a baigné dans le sang de la mafia italienne. Assurément pas.

La sérénité feinte bascule lorsque deux italiens - dont le fils aîné - débarquent dans l'auberge de Rosario, se faisant passer pour de la famille éloignée. Le petit quotidien paisible et verrouillé prend rapidement une tournure que même lui ne semblait pas anticiper. L'unité de lieu - car le film se déroule quasiment entièrement dans l'auberge - donne des allures de long-métrage tourné pour France Télévisions avec les faiblesses que cela présuppose. Que ce soit sur le plan narratif ou esthétique, Une vie tranquille manque terriblement d'audace. La première partie pose les fondations d'une histoire sans saveur avec des personnages faussement mystérieux et un glissement progressif de Rosario vers des réflexes de bandit  dont on  anticipe la survenue. Difficile de jouer de l'identification quand toute éthique semble anéantie, toute idée de remords étouffée.

Le prélude repose en effet sur la découverte du sombre passé de l'italien et la peur d'être rattrapé par ses démons. Un peu faible pour faire tenir une intrigue. Heureusement, le film récupère en corps au fil de l'histoire. Plus le rideau se lève sur la relation père-fils, plus le vrai visage du vieil homme se démasque. Rosario est un antihéros par excellence : la lie de la société, sans foi ni loi. "Plutôt fuir que d'affronter ses responsabilités" serait son épitaphe. Le courage du fils éclaire sur l'abjection du père. La réflexion sur la transmission de l'éthique inter-générationnelle a beau être amorcée, le film remplit à peine le cahier des charges.

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