Critique : Jours tranquilles à Clichy

Nicolas Thys | 14 juillet 2011
Nicolas Thys | 14 juillet 2011

Quiet days in Clichy est d'abord un roman paru en 1956, en partie autobiographique sur la vie de Joey/Henry Miller lors de son séjour à Paris, le Paris de Clichy, non loin de Pigalle, de la prostitution et du sexe qui suinte de toute part. Il a été adapté une première fois sous l'angle purement libéré de la révolution sexuelle en Suède en 1970. En 1990, Chabrol, plus bourgeois, ose moins et malgré l'abondance de nudité, il lui préfère le portrait d'un auteur et la perversion.

Pour Chabrol, tout n'est que rêves et fantasmes. La vie rêvée d'un vieil homme, Miller lui-même, sur son lit de mort accompagné d'une très jeune femme nue, le désir incarné qui lui résiste. La mise en scène reste assez classique, peu voyante, aux mouvements de caméra assez subtils. Mais le décor contraste avec ce classicisme. Tout est fait en studio et présenté comme tel. Les murs, les maisons, tout n'est que carton-pâte, factice, artificiel. Le Paris est reconstitué, souvenirs lointains d'un accroc du sexe sur le point de mourir. Les quelques moments où on voit Miller âgé sont encore plus appuyé. Le maquillage voyant du comédien, l'atmosphère rougeoyante totalement irréelle, le rideau qui rend l'ensemble vaguement vaporeux. On ne sait pas où l'on est ni ce qui est réel, rien certainement.

C'est d'autant plus dommage que ces quelques idées, promesses d'une œuvre intelligente, s'enlisent dans une histoire à mourir d'ennui. Le désir de deux hommes pour quelques femmes, très jeunes ou moins jeunes, leur amour du sexe facile et des sentiments à quelques francs, c'est amusant pendant quelques temps et cela donne lieu à quelques séquences sympathiques, comme celle du mariage. Mais on s'en lasse vite, très vite. Et ramener Proust là dedans est juste superflu et prétentieux, tentative de vouloir rendre intelligent un récit qui ne l'est guère présenté ainsi.

Une impression de déjà vu flotte sur le script. Et finalement, pour les années 1990, en adaptant un livre pareil, Chabrol ne va pas assez loin : montrer des filles nues une heure et demie durant ne fait pas un film (sauf pour certains). Et à plusieurs moments, Jours tranquilles à Clichy est juste digne des bluettes érotiques sur les chaines câblées. Haut de gamme certes, mais guère plus intéressant.

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