Critique : The Cat, the reverend and the slave

Nicolas Thys | 30 juin 2011
Nicolas Thys | 30 juin 2011
Une seconde vie. Son titre est parfait puisque c'est en somme ce que vous propose le concept de Second life, réalité virtuelle où, sous couvert d'un avatar, vous devenez qui vous souhaitez être dans un monde que vous contribuez à faire évoluer. Vous pouvez simplement être vous même ou vous transformer. Même en ce qui n'existe pas. Faire ce qui est interdit ici bas et vous lâcher. Et c'est ce que font les individus suivis par Kaori Kinoshita et Alain Della Negra.

Un chat, un prêtre et un esclave. Trois personnalités étranges, trois modes de vie extrêmes pour une présentation de l'univers de demain. Le prêtre est un vrai prêtre qui prêche dans une paroisse virtuelle pour mettre en garde la population contre les dérives sans se rendre compte que lui-même en est une. L'esclave ce sont tous ces délires sado-masochistes virtuels où des couples maîtres/esclaves entretiennent une domination via le web, pour satisfaire toutes leurs pulsions via webcam et via un site où ils prennent des apparences diverses et variées.

Le chat, c'est l'autre versant, la poursuite sur Second life du mouvement Fandom Furry et du Fursuit ; la création d'un univers que ces êtres de velours peuvent enfin intégrer et qu'ils peuvent gérer en s'y sentant partie prenante. Car ici, les humains sont déjà des créations, des avatars. Eux aussi, sous d'autres formes. Les prêtres et les sado-maso ne trouvent là qu'une vitrine à leurs envies. Mais le chat, c'est le désir d'être autre chose, de se métamorphoser en une créature que l'homme n'est pas et ne sera jamais, de muter en un être original qui est sa propre création. Devenir son propre Dieu pour créer son propre corps. Devenir un chat, un ours, une chose rose et verte à 12 pattes, tant qu'elle est en fourrure, pourquoi pas. Et c'est aussi chercher à le devenir dans la vraie vie. Le cosplay dans son versant sérieux, prendre une moumoute colorée, devenir une peluche vivante et se réunir en bande pour danser toute la nuit.

Nul doute que certains prendront ce documentaire pour un film d'horreur tandis que d'autres y trouveront leur voie. C'est ce qui fait de ce film un document ambivalent, singulier puisque si les individus présentés semblent tous totalement déconnectés du monde, ils cherchent d'abord à se faire plaisir sans déroger aux lois du monde réel. Et, comme le signale le film, sociologiquement le désir de s'éloigner des contingences du quotidien pour se regrouper dans des communautés spécifiques ne date pas d'aujourd'hui.

Si les hippies n'y sont que moyennement parvenus, le film met en parallèle ces pratiques avec celle des festivals comme celui du Burning Man aux Etats-Unis, parallèle qui sera certainement rejetés par certains mais qui semble pourtant tout à fait convaincant dans un registre bien différent de Second Life. Une vie hors du système. Pour d'autres, hors de notre réalité. L'objectif : atteindre un monde qu'ils pourront considérer comme réel et dans lequel ils seront eux-mêmes. Ce même grand débat posé une fois encore mais d'une façon nouvelle, un syndrome X-men d'une autre forme.

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