Critique : La Prima cosa bella
Anna est la mère de deux enfants, indolente, jouisseuse et fantasque, elle aura fait vivre aux siens l'incessant va et vient de son coeur et de ses désirs, jusqu'à faire éclater la fragile cellule familiale. Alors que son heure approche, elle tente de faire la paix avec son fils, de réunir amis, proches, parents, et quelques autres membres inattendus ou improvisés de sa grande famille. Ce point de départ relativement classique, le réalisateur parvient à nous le faire vite oublier, grâce à une remarquable direction d'acteurs. Qu'il s'agisse de Micaella Ramazotti (tout simplement divine) ou de son fils, interprété par Valerio Mastandrea, tous composent une partition délicate et joyeuse, jamais très loin de la folie.
C'est cet équilibre ténu qui fait la valeur du film, où comment l'auteur parvient, avec des personnages et des situations qui nous sont d'emblée familières à créer un léger mais très perceptible décalage, qui nous enchante à chaque instant. Ainsi, une dispute parentale tout ce qu'il y a de plus triste et classique prend soudain un tour abracadabrantesque, prenant place au beau milieu d'un tournage de Dino Risi, sous les yeux ébahis du réalisateur et de son comédien fétiche, Mastroianni. Le risque était grand pourtant de ne pouvoir assurer la cohérence de cette oeuvre, qui multiplie les changements de ton et les ruptures, mais Virzi sait comme personne alterner tragique et comédie, les entremêlant à n'en plus finir.
Si le film est par ailleurs assez convenu, et que sa partie contemporaine a parfois du mal à éviter les clichés, il a l'immense mérite de nous faire accepter Anna, son comportement hiératique, ses erreurs et ses fautes. On ne sait pas toujours où veut nous emmener le réalisateur, on se dit parfois qu'il se renouvelle peu, mais l'humanité et la bienveillance qu'il porte sur ses personnages est si profonde, sincère, et désarmante, qu'on ne peut qu'adhérer à cette Prima cosa bella.
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