Critique : Liliom

Nicolas Thys | 15 avril 2011
Nicolas Thys | 15 avril 2011

En 1909, le romancier hongrois Ferenc Molnar écrit Liliom, une pièce de théâtre mélodramatique qui n'aura vraiment de succès qu'une fois passée de l'autre côté de l'Atlantique à Broadway dans les années 1920. En 1930, Hollywood reprend la pièce et la confie à Frank Borzage pour une première adaptation au cinéma, quatre ans avant la version la plus célèbre que réalisera Fritz Lang en France avant de rejoindre les Etats-Unis.

Contrairement à la version de Lang, empreinte d'une ironie certaine, Borzage, habitué aux grands mélodrames, reprend l'un de ses acteurs fétiches, Charles Farrell, avec lequel il a obtenu ses plus gros succès et il adapte la pièce en respectant parfaitement la tonalité de cette dernière et sans chercher à gommer la naïveté des personnages principaux. D'une grande mélancolie, ce film réalisé à l'aube du cinéma parlant, alors que de nombreux metteurs en scène cherchaient à lutter contre l'intrusion du son à l'écran, porte à l'extrême la marque de Borzage.

Habitué aux expérimentations formelles, le cinéaste, afin peut-être de montrer que le son ne porte pas forcément atteinte aux recherches esthétiques, va pousser son style au bout de ses possibilités jusqu'à lui donner parfois une allure à la limite du baroque dans des séquences d'un onirisme que d'aucun trouveront forcées mais qui n'en reste pas moins envoutant. Les mouvements de caméra parfois amples et un cadrage impeccable rendent la réalisation de ce film surprenante à plus d'un titre.

A noter également la présence flamboyante de Rose Hobart, dont c'est le premier rôle à l'écran. Grande actrice aujourd'hui méconnue, elle sera quelques années plus tard immortalisée par le cinéaste expérimental Joseph Cornell dans un petit bijou qui porte son nom.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire