Critique : Sibérie, Monamour

Laure Beaudonnet | 14 avril 2011
Laure Beaudonnet | 14 avril 2011

Non, ce n'est pas un clin d'œil au film d'Alain Resnais (Hiroshima mon amour). Monamour est le nom d'un hameau abandonné en Sibérie où vivent un vieillard et son petit fils, Lyochka, isolés de tout. Alors que l'hiver approche, la nourriture se fait de plus en plus rare et la horde de chiens sauvages affamés se révèle particulièrement dangereuse. La question de la survie se pose, surtout pour l'enfant dont le grand-père résume la totalité de l'entourage. Les deux personnages constituent le noyau autour duquel gravitent l'oncle Ioura et la figure intransigeante du Capitaine. On passe ainsi d'une trajectoire à une autre, découvrant peu à peu les blessures et les aspérités de chacun.

Sibérie, Monamour a le mérite de poser un cadre que l'on rencontre rarement au cinéma. On se souvient évidemment du film fleuve fascinant d'Andrei Konchalovsky, Sibériade, mais rares sont les longs-métrages dont l'inspiration puise directement dans l'atmosphère des contrées sibériennes. Entre pilleurs et bêtes sauvages, quand ce n'est pas l'homme lui-même qui est un prédateur, le film dépeint un quotidien parsemé d'embûches au milieu d'une nature luxuriante. La famine déshumanise et la peur divise.

Même si l'intrigue peine à se mettre en marche, laissant sombrer dans une attente fatiguante. Les trois destins traités - le vieillard, l'oncle et le militaire - sont si peu lisibles qu'ils désintéressent pendant toute la première partie du film. Mais Slava Ross parvient à recréer un rythme à la mort de Ioura, déchiqueté sous les crocs des chiens de la forêt. Un véritable suspense s'installe où il est question de vie ou de mort alors que les premiers flocons de neige apparaissent. Comment assurer sa survie dans un lieu qui ne permet plus de se rassasier et où chaque être vivant est une menace ? Une atmosphère anxiogène où la relation indéfectible entre l'enfant et son grand-père libère une véritable tendresse. Loin de venir à bout de son propos, le film dépeint toutefois une réalité trop souvent laissée sous silence.

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