Le Rite : critique

Simon Riaux | 8 mars 2011 - MAJ : 21/08/2018 11:47
Simon Riaux | 8 mars 2011 - MAJ : 21/08/2018 11:47

La dernière incursion de Mikael Haftsrom dans le fantastique s'était soldée par un échec retentissant. Chambre 1408 était l'adaptation ampoulée et étirée à l'extrême d'une courte nouvelle, à la fois classique et puissante, de Stephen King. Le voir s'attaquer à un sujet aussi riche et rebattu que l'exorcisme avait de quoi faire peur. Si Le Rite demeure bourré de défauts, il n'en a pas moins de beaux restes.

C'est le casting qui inquiète tout d'abord. À l'exception notable de Rutger Hauer et d'Anthony Hopkins, les autres sont à la ramasse. On pardonne Toby Jones et Ciaràn Hinds, qui n'ont rien à défendre. À part faire des froufrous en aube et froncer mystérieusement les sourcils, le scénario ne les autorise pas vraiment à jouer la comédie. En revanche, Alice Braga, plus présente, paraît s'être trompée de plateau, tant elle suit cette affaire de possession avec l'attitude toute en finesse d'un badaud freinant devant un accident de la route. Elle pourrait passer pour Shakespearienne comparée à Colin O'Donoghue, rôle principal d'une fadeur sans précédent. Le jeune homme ne parvient jamais à faire rejaillir l'ambiguité de son personnage, à tel point qu'on lui préfère l'enfant l'interprétant lors de rares flash-back, au visage pétris d'une angoisse et d'un trouble infiniment plus contagieux.

 

 

Avouons que le pauvre comédien n'est pas aidé par le scénario, qui malgré une structure beaucoup plus maligne qu'il n'y paraît, pêche par l'écriture de ses personnages. On ne croit jamais à l'histoire de cet homme qui rejoint le séminaire sur un coup de tête, et qui, comble du non-sens, se retrouve formé à l'exorcisme alors qu'il clame partout que franchement, Dieu et le Diable, il y croit moyen.

 

 

Reste Anthony Hopkins, véritable Jack Sparrow de l'exorcisme. Le comédien cabotine tout son saoûl, et cela fonctionne à merveille. Ses outrances s'accordent parfaitement avec son rôle de vieil exorciste, manipulant avec emphase ses patients pour mieux comprendre comment les purifier. Il passe avec délectation de la douceur, à la malice, en passant par la brutalité, et si cela se fait souvent dans l'outrance, au moins offre-t-il à O'Donoghue un contrepoint salvateur. Il ne faut pas oublier Rutger Hauer dans un rôle très bref, magnifié par une voix caverneuse et un visage à la solennité d'outre-tombe. Signalons enfin que le film porte une vision de l'exorcisme beaucoup plus fine et documentée que la plupart des purges sorties ces dernières années, et nous épargne les contorsions improbables et autres vomis fluorescents.

 

Résumé

Dommage au final que Le Rite soit embourbé dans une écriture et des erreurs de casting qui interdisent de rentrer pleinement dans l'histoire. On aurait aimé que le film soit à la hauteur de sa représentation du Malin, forte et sobre. La faute probablement à une production expédiée à toute vitesse et un brin schizophrène, qui n'a pas laissé le projet révéler son ampleur.

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