Critique : Faster
De la première à la dernière image, la silhouette menaçante de l'ex-catcheur envahit l'écran. Si les motivations de son personnage sont extrêmement classiques (se venger de ceux qui ont tué son frère et l'ont fait échouer en prison) c'est son interprétation quasi-muette qui rend le personnage magnétique et impressionnant. Pas évident pourtant de jouer cet ex-taulard jusqu'au-boutiste de façon aussi sobre, quasi mutique. Le visage de Johnson a vieilli, ses traits sont tirés, déformés par la haine. Une prestation humble et maîtrisée qui réjouit autant qu'elle intime le respect, et permet d'entrée de jeu au film de marquer des points.
L'autre réussite de Faster, c'est sa galerie de personnages. De Billy Bob Thornton en flic désabusé et drogué, ou encore le sidérant Oliver Jackson-Coen, qui parvient à rester toujours crédible malgré un personnage de tueur à gages illuminé, toujours sur la corde raide de la vraisemblance. Quant à Carla Gugino, elle tient son personnage de fliquette maligne avec le charme et la finesse qu'on lui connaissait déjà. Cette galerie de caractères délirants se retrouve embarquée dans le sillage sanglant de The Rock pour notre plus grand plaisir. Le rythme très soutenu du film poussant chacun dans ses retranchements tout le long d'une vendetta rythmée par un six-coups monstrueux.
Si le film ne fait jamais redescendre la pression, on en vient à regretter qu'il ne soit pas plus long. On a beau remercier le réalisateur de ne pas s'épancher sur les motivations des uns et des autres pour précipiter tout ce beau monde au front avec furie, la structure narrative du film appelait peut-être plus de respirations. En effet, en 98 minutes, le schéma « je-cherche-le-méchant-je-le-tue-j'en-cherche-un-autre » apparaît trop répétitif. Dommage, car tout était réuni pour que le long-métrage s'élève au-dessus de sa condition de simple actionner burné.
Quand on reproche à une oeuvre d'être trop courte, c'est plutôt bon signe. Car Faster est clairement une réussite, on ne peut que regretter que les éléments solides qui le composent n'aient pas le temps de prendre toute leur ampleur. George Tillman Jr. a finalement accouché d'une série B très honnête et sans concession, qui vous percute comme un boulet de canon.
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(3.5)