Critique : Toi, moi, les autres

Louisa Amara | 23 février 2011
Louisa Amara | 23 février 2011

Une histoire à la Roméo et Juliette mettant en scène une beurette et un fils de bourges, sur le papier, ça fait peur. On y ajoute une pincée de sans-papiers, et un fond de comédie musicale franco-française, on craint le pire. Mais on risque tout à Ecran Large, on veut soutenir le cinéma français alors on y va. En plus il y a Leïla Bekhti, qu'on adore, ça pourrait être la belle surprise de l'hiver ?  

Leïla est une jeune actrice talentueuse avec un cœur gros comme ça, elle fonctionne à l'affectif. Le coup de cœur qu'elle a eu pour Géraldine Nakache avec Tout ce qui brille. Elle l'a ressenti aussi, dans une moindre mesure pour Audrey Estrougo, réalisatrice du film. Elle a donc accepté son projet, l'aurait-elle fait si elle avait su le succès qui attendait Tout ce qui brille sorti en mars 2010 ?  Le doute est permis. Et c'est bien la seule excuse qu'on trouvera à Leïla, son manque de clairvoyance.

Audrey Estrougo avait été repérée par les producteurs grâce à son premier film Regarde-moi. Ce film brutal entre racailles de banlieue avait déjà cette pointe fleur bleue, sa marque de fabrique, mais dans le film, elle était tempérée par le contexte. Aujourd'hui cette jeune réalisatrice dit des énormités dignes du lip dub des jeunes UMP : « tous ensemble on peut faire bouger les choses » sans sourciller. Cela vous donne le ton du film. Elle a accepté ce film de commande et se l'est, dit-elle, appropriée.  Voilà le résultat.

Les fans de comédies musicales anciennes ou actuelles (dont nous faisons partie) seront trompés sur la marchandise. On nous promettait une scène Bollywood avec Leïla Bekhti en sari. Ce tableau est intégralement coupé ou montage, ne reste que quelques secondes, avec une musique inadaptée. On assiste à une accumulation de clichés sur le couple, les jeunes, les pauvres, les riches, les arabes, les sans papiers, la différence, la tolérance, le pouvoir de l'amour (si, si). Le préfet est une caricature de Brice Hortefeux, il le cite même dans le texte ! Le film sombre évidemment dans un pathos ridicule lorsqu'il creuse le sujet des sans-papiers avec une lourdeur sans pareille. Si au moins les numéros chantés rattrapaient le reste ? Mais non,  ils arrivent à chaque fois comme un cheveu sur la soupe. Les costumes, les chorégraphies, les chansons, tout est cheap.

Une histoire cousue de fil blanc, des acteurs qui s'enlisent. Cécile Cassel, troisième personnage de cette histoire  ne s'en sort pas mieux, son regard trahit parfois son désarroi. Benjamin Siksou, lui, doit rester ce qu'il est : un chanteur qui joue sur un supposé charme, finaliste perdant de la Nouvelle Star en 2008. Voit-on Amel Bent faire du cinéma ? Non, elle se contente d'un téléfilm sur TF1. Et c'est ce que Toi moi... aurait dû être, un téléfilm « publi-reportage » pour M6.

Résumé

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