Last night : Critique

Fabien Hagege | 28 janvier 2011
Fabien Hagege | 28 janvier 2011

Les premiers instants de Last Night nous laissent bouche bée. La construction du récit entremêle les scènes et joue de léger décalage temporel dans le but de nous immerger littéralement dans la vie du couple interprété par Keira Knightley et Sam Worthington. Une soirée, des regards, des gènes multiples  font de cette ouverture un plaisir de tous les instants. La réalisatrice Massy Tadjedin, dont c'est le premier film, créé avec malice  et un raffinement tout particulier un univers dans lequel nous sommes prêts à entrer. Pas difficile d'ailleurs. D'appartement bobo new-yorkais aux hôtels de luxe, de cocktails en repas improvisé nocturne, comment ne pas se plaire dans tant de préciosité ? Surtout lorsqu'après cette belle introduction le pitch est amorcé (qui va tromper qui ?) et que l'on se voit déjà à rêver de fort et surprenant suspense amoureux.

 

 

C'est donc avec regret que nous sommes rapidement emportés dans un torrent de banalité. Le récit, censé se dérouler sur 36 heures, se répète inlassablement selon une mécanique qui consiste à nous montrer un personnage, qui hésite à sortir, puis prend un taxi (leur chiffre d'affaire a d'ailleurs augmenté ce soir là) avant de retrouver l'objet du désir. S'en suivent des discussions parfois charmantes, surtout au début, qui prennent le temps de donner des indices sur le background des personnages. Sauf qu'au lieu de s'arrêter à ce minimum amplement suffisant pour le spectateur et d'amorcer sur d'autres rebondissements, Tadjedin, réalisant très vite qu'elle n'a plus rien à raconter, étire cela à n'en plus finir. Sa faute de goût ira jusqu'à nous sortir in fine des flashbacks, ces derniers achèvent le film en lui transformant son aspect de drame bourgeois en pub Chanel. Par ailleurs, maîtriser un dialogue et le rendre palpitant sur un genre aussi codifié n'est pas chose aisée, certes, mais quand au bout d'une heure de film Eva Mendès demande encore à son partenaire s'il a déjà trompé ou été trompé, on a juste envie qu'il aille droit au but ou qu'il rentre, une bonne fois pour toute.

 

 

Last Night se voudrait une réflexion pertinente sur les choix d'une vie. La mélancolie finale des personnages nous laisse pourtant de marbre. Heureusement le film n'a pas une position moralisatrice mais se permet de remettre les compteurs à zéro au niveau du couple, ce qui revient plus ou moins au même. A quoi bon ? Pourquoi cette intrigue qui ne va nulle part ? On serait tenté de répondre que c'est pour peaufiner un peu plus le coefficient sexy des comédiens à l'affiche, en particulier Keira Knightley, pimpante, qui nous aide à comprendre les larmes d'un Guillaume Canet désemparé face au lien du mariage. Ou plutôt face à l'habitude qu'il constitue. Car comme l'explique avec délectation le personnage interprété par Griffin Dunne (est-ce un hasard si l'acteur d'After Hours joue dans un autre film se déroulant sur un temps limité ?) le mariage c'est une affaire d'habitude. Et le film une affaire de lassitude.

 

Résumé

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