Critique : Armadillo

Vincent Julé | 15 décembre 2010
Vincent Julé | 15 décembre 2010

Grand Prix de la Semaine de la Critique lors du dernier Festival de Cannes 2010, Armadillo est autant un film de guerre qu'un film sur la guerre. Ou ni l'un ni l'autre. Il n'est pas question ici de tromper qui que ce soit, comme le rappelle l'accroche de l'affiche : « Pour vous, c'est du cinéma, pour eux, c'est la réalité ». Mais la place du spectateur reste mal aisée face à ce documentaire qui emprunte (trop) à la fiction. Si la caméra est bien embarquée avec des soldats danois en station en Afghanistan, lors d'une scène dans les tranchées, elle semblera portée à l'épaule par un Paul Greengrass ou sortie tout droit de La chute du faucon noir. Et encore, la comparaison dessert la démarche et le travail du réalisateur Janus Metz.

De la construction narrative à la « fabrication » des plans en passant par la bande originale, cette poétisation systématique, et souvent maladroite (retour des soldats = coucher de soleil), vide peu à peu le film de sa force inhérente. C'est le cinéma d'Apocalypse Now qui contamine paradoxalement la réalité, jusqu'à ce que, telle une bombe à retardement, celle-ci explose au visage du spectateur et, à n'en pas douter, du réalisateur. Armadillo n'existe ainsi peut-être que pour cette scène, ou plutôt cet instant, où un jeune soldat se prend une balle. Il y a alors quelque chose d'insaisissable, d'« injouable », dans son regard. La caméra du réalisateur le cherche, l'œil du spectateur aussi, mais non, en vain. Un aveu d'échec brillant.

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