Alien 3 : critique

Tonton BDM | 31 octobre 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Tonton BDM | 31 octobre 2010 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Bon alors déjà, par où commencer ? 

Avant d'attaquer le gros morceau de péloche qu'est Alien³, il faut déjà se mettre d'accord sur la version du film à regarder. La version "studio" (qui fut, rappelons-le, la seule visible entre 1992 et 2004), ou le "director's cut" remonté par Fincher ? Contre toute attente, j'ai pris la décision de m'attarder sur la première version, "officielle" si l'on peut dire, principalement parce qu'il s'agit d'un film malade qui, malgré (grace à ?) ses incohérences et son aspect bordélique, reflète en son sein même la construction chaotique d'un projet auquel ses producteurs ne comprenaient rien et les rapports de force entre les "artistes" et les exécutifs des grands studios Hollywoodiens.

 

Photo Sigourney Weaver


Un chose s'impose rapidement aux yeux du spectateur : Alien³ se démarque très rapidement de son prédécesseur, l'ultra-guerrier et spectaculaire Aliens signé James Cameron, pour retrouver le rythme lent du film de Ridley Scott. En effet, le film se concentre longuement sur ses personnages, comme l'illustre assez bien le rôle de la créature, très en retrait par rapport aux relations entre Ripley et les prisonniers. Mauvaise nouvelle pour les bourrins qui attendaient de voir l'alien sous toutes les coutures, Fincher prend donc volontairement le contre-pied de Cameron au niveau de l'action, d'autant plus que le film se déroule sur une planète prison où les armes à feu sont proscrites.

 

Photo Sigourney Weaver


Que le minimalisme soit de rigueur, pourquoi pas, mais on regrette cela dit que thématiquement, le film ne suive pas forcément. Par exemple, le côté religieux apporté par le personnage du prêcheur, Dillon, n'est jamais approfondi. Dommage car l'arrivée de Ripley représentait pour les prisonniers à la fois la tentation et, par extension, le diable incarné (pas seulement parce que c'est une femme, mais parce qu'elle porte le mal en elle). En l'état, le climat métaphysique reste à l'état d'ébauche, et on le regrette vraiment, d'autant plus que les décors, magnifiés par la photo d'Alex Thomson, sont un étrange mélange entre l'usine et l'église (ce qui est très 90's dans l'esprit).

 

Photo Sigourney Weaver

 

Parallèlement, la destinée tragique de Ripley aurait également pu faire écho à cette thématique, surtout qu'elle sous-tendait une idée de résurrection qui pour le coup, aurait encore apporté une noirceur supplémentaire au métrage. Au niveau des points positifs, les auteurs du film ont eu la bonne idée de prolonger le thème de la maternité, évoqué de façon symbolique à la fin d'Aliens dans un combat entre mères faisant écho aux grands combats entre méchas de l'animation japonaise.

Niveau réalisation, le jeune cinéaste ajoute indéniablement une "patte" personnelle au métrage, très maniérée, mais pas encore vraiment dégrossie : on sent que le gars vient du clip et qu'il aime les mouvements de caméra agités. Les vingt dernières minutes sont très représentatives de son style, avec ses courses en vision subjective dans les couloirs labyrinthiques de la prison : techniquement réussi, mais un peu vain.

 

Affiche

Résumé

Au final cependant, Alien³ demeure un film sympathique, torpillé par des soucis de production que l'on ressent clairement en tant que spectateur, mais qui ajoutent un peu au charme early-90's de ce film malade.

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