Critique : Au fond des bois

La Rédaction | 14 octobre 2010
La Rédaction | 14 octobre 2010

Après s'être égaré dans le sud de la France avec l'adaptation de Villa Amalia de Pascal Quignard, Benoît Jacquot revient à d'anciennes habitudes : Isild Le Besco, déjà quatre collaborations avec le réalisateur, et un penchant pour l'hypnose, thème étudié dans le Septième ciel. Au fond des bois raconte l'histoire d'amour entre la fille du médecin d'un village, dans la France du XIXème siècle, et un vagabond - résolument abject - au pouvoir de persuasion hors du commun.

Une sorte de belle et la bête des temps modernes sauf que dans ce film, la jeune fille n'est pas maîtresse de ses actions. Elle tombe sous l'emprise de cet infâme personnage qui la possède comme on possèderait un pantin. Dans les premiers instants, l'agresseur fascine et terrifie à la fois, parlant une langue à peine compréhensible. Comme un animal dont la conduite serait exclusivement dictée par ses instincts. Mais Benoît Jacquot sort de l'analyse manichéenne des relations. Peu à peu, le vagabond laisse percevoir une douce fragilité, une faille attendrissante. Comme si le film portait à l'image le syndrome de Stockholm où la victime finit par désirer sa condition et porter de l'affection à son bourreau. Mais ce n'est pas si simple, car n'est pas victime qui veut des pouvoirs de cet homme. La frontière est ténue entre séquestration - voulue ? - et histoire d'amour, dans ce qu'elle peut dévoiler de pervers. La jeune fille, aussi ambivalente que peut l'être le spectateur face à cet homme, prend la décision de rester à ses côtés et de lui offrir ses soins.

Le film se présente comme une parabole des travers de la relation passionnelle : jouer de son pouvoir, désirer posséder l'autre. Mais le peut-on vraiment ? L'hypnose anéantit-elle véritablement la notion de choix ? Outre une prouesse esthétique, le film est aussi poétique que violent. Nahuel Perez Biscayart, le jeune hypnotiseur, est fascinant. Une allégorie de l'amour pervers qui offre une dimension prophétique, à la manière des contes de fées.

Laure Beaudonnet

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