Critique : Domaine

Thomas Messias | 19 avril 2010
Thomas Messias | 19 avril 2010

Au bord de la Garonne, une bande de cerveaux alcoolisés parle de mathématiques et d'autres disciplines de cet acabit. Parmi eux, Nadia, la quarantaine, qui traine derrière elle un jeune homme, Pierre, qui semble étrangement attiré par elle. Un mois plus tard, ils iront se promener et parler de trucs. Une semaine encore après, ils emprunteront le même trajet et parleront encore de trucs. Les fois d'après, ils iront dans des bars pour parler de trucs. Voilà en quelque sorte le résumé de ce Domaine loin d'être passionnant, qu'il fallait être masochiste ou matheux pour se risquer à voir. Le premier film de Patric Chiha fait partie de ces oeuvres imperméables et hermétiques qui ne cessent de s'enfoncer dans un carcan auteuriste avec des méthodes proches de l'extrémisme cinématographique.


Si l'on excepte une poignée de phrases pleines de bon sens sur les mathématiques et leur (in)utilité, Domaine se traîne au fil d'un discours parfois abscons, souvent vide de sens, traitant de façon ennuyeusement uniforme la relation posiblement trouble qui unit Nadia et Pierre. Une information cruciale lâchée au bout d'une demi-heure permettra de réévaluer la teneur de ces étranges rapports dans lesquels la chair n'a apparemment pas sa place. Ni histoire de cul ni rapport sado-maso, le film fuit bon nombre de passages obligés mais se révèle rapidement désertique, froid comme la mort et absolument soporifique.


Tout n'est en fait qu'une histoire de domination intellectuelle et d'alcoolisme plus que latent, ce dernier étant amené avec relativement peu de finesse par un réalisateur dont on comprend assez rapidement pourquoi il préfère les silences aux longues phrases : qui se tait a moins de chances de passer pour un débile profond. Il n'y a qu'à voir comment Chiha s'y prend pour désamorcer le possible lien sexuel qui pourrait unir Nadia et Pierre, en offrant à ce dernier une amorce de relation gay franchement too much. Mené par une Béatrice Dalle absolument molle et un Isaïe Sultan pire que tout, Domaine est un film raté, pompeux, chiant dans ses grandes lignes mais ponctué çà et là de minuscules éclairs de génie qui donneraient presque envie de donner au réalisateur une deuxième chance.

Résumé

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