Critique : Domaine
Au bord de la Garonne, une bande de cerveaux alcoolisés parle de mathématiques et d'autres disciplines de cet acabit. Parmi eux, Nadia, la quarantaine, qui traine derrière elle un jeune homme, Pierre, qui semble étrangement attiré par elle. Un mois plus tard, ils iront se promener et parler de trucs. Une semaine encore après, ils emprunteront le même trajet et parleront encore de trucs. Les fois d'après, ils iront dans des bars pour parler de trucs. Voilà en quelque sorte le résumé de ce Domaine loin d'être passionnant, qu'il fallait être masochiste ou matheux pour se risquer à voir. Le premier film de Patric Chiha fait partie de ces oeuvres imperméables et hermétiques qui ne cessent de s'enfoncer dans un carcan auteuriste avec des méthodes proches de l'extrémisme cinématographique.
Si
l'on excepte une poignée de phrases pleines de bon sens sur les
mathématiques et leur (in)utilité, Domaine
se traîne au fil d'un discours parfois abscons, souvent vide de sens,
traitant de façon ennuyeusement uniforme la relation posiblement trouble
qui unit Nadia et Pierre. Une information cruciale lâchée au bout d'une
demi-heure permettra de réévaluer la teneur de ces étranges rapports
dans lesquels la chair n'a apparemment pas sa place. Ni histoire de cul
ni rapport sado-maso, le film fuit bon nombre de passages obligés mais
se révèle rapidement désertique, froid comme la mort et absolument
soporifique.
Tout n'est en fait qu'une histoire de domination
intellectuelle et d'alcoolisme plus que latent, ce dernier étant amené
avec relativement peu de finesse par un réalisateur dont on comprend
assez rapidement pourquoi il préfère les silences aux longues phrases :
qui se tait a moins de chances de passer pour un débile profond. Il n'y a
qu'à voir comment Chiha s'y prend pour désamorcer le possible lien
sexuel qui pourrait unir Nadia et Pierre, en offrant à ce dernier une
amorce de relation gay franchement too
much. Mené par une Béatrice Dalle absolument molle et un Isaïe
Sultan pire que tout, Domaine
est un film raté, pompeux, chiant dans ses grandes lignes mais ponctué
çà et là de minuscules éclairs de génie qui donneraient presque envie de
donner au réalisateur une deuxième chance.
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