Critique : Protéger et servir

La Rédaction | 3 février 2010
La Rédaction | 3 février 2010
Comme l'a si bien dit Clovis Cornillac à l'avant-première de Protéger et Servir : « C'est un film stupide, il faut laisser son cerveau au vestiaire et le récupérer ensuite ». L'acteur avait alors prononcé cette phrase sur le ton de la plaisanterie mais déjà le fait qu'il répète le mot « stupide » près de 5 fois dans son discours nous avait mis la puce à l'oreille. Protéger et Servir ne se contente pas d'être bête, il est également embarrassant.

Deux flics, Kim Houang et Michel Boudriau, sont liés « à la vie à la mort » depuis qu'ils se sont rencontrés à l'orphelinat. L'un, Boudriau, est très marqué par son éducation catholique et ne voit le mal en personne. Très maladroit et doué en rien, il ne se rend pas compte que Kim passe constamment derrière lui pour rattraper ses erreurs. Houang, lui, est un radin compulsif et a un gros problème : il n'attire que les filles au physique ingrat. Adopté enfant par un couple de restaurateurs vietnamiens, il a conservé d'eux la langue et une passion immodérée pour le karaoké. Lorsqu'une vague d'attentat fait rage sur Paris, le tandem se retrouve en charge de l'affaire sous l'ordre d'Aude Lettelier, cupide directrice de la police nationale.

Souvenez-vous d'Astérix Mission Cléopâtre. A la fin du film, Jamel Debbouze raconte une blague assez nulle à une jolie égyptienne ; celle-ci ne comprenant pas ce qu'il y a d'amusant, il insiste lourdement, expliquant ce qui est drôle et recommençant sans fin afin de lui arracher un sourire. C'est exactement la façon dont Protéger et Servir fonctionne : une série de gags insistants, gras et lourds répétés sempiternellement jusqu'à l'écœurement. Repris de différents films comme la Cité de la Peur pour la mauvaise haleine du personnage de Carole Bouquet, les farces s'enchainent frénétiquement comme si la suivante tentait désespérément de rattraper l'échec de la précédente. Quelques bonnes idées surgissent pourtant : la radinerie extrême de Kim Houang ou la bigoterie de Michel Boudriau mais ne sont jamais ou mal exploitées car trop souvent surlignées, soulignées, mises en gras et encadrées par des scènes excessives.

Eric Lavaine (Poltergay, Incognito) cherche trop à faire rire et tombe facilement dans le graveleux, la vacuité et l'incurie. Le jeu des acteurs est d'ailleurs pour cela impressionnant : en effet, il est hallucinant de voir avec quel talent et quel sérieux ils arrivent à jouer des inepties pareilles. Encore une fois, Kad Merad agit à l'écran comme dans la comédie française actuellement : il le phagocyte complètement, laissant peu la place aux autres qui semblent ravis de ne pas être en première ligne.

Amis du bon goût, passez votre chemin. Car si on peut rire de tout, on ne peut pas en rire n'importe comment.

Perrine Quennesson

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